Annoncé depuis hier, le bateau de pêche sri lankais est arrivé très tôt ce samedi 17 septembre, peu avant 6h du matin. Les 46 passagers de l'Imula 242 GLE, parmi lesquels deux femmes et six enfants, ont progressivement été pris en charge par les services de l'Etat.
Après un premier bilan de santé, ils ont été placées en zone d'attente, pour certains dans les locaux de la Police aux Frontières, à l'aéroport Roland-Garros, et pour d'autres encore, à l'hôtel Le Sélect, à Saint-Denis, là où d'autres migrants ont déjà été accueillis par le passé.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
Tous en bonne santé
"Ils sont tous en bonne santé même s'ils sont évidemment marqués par la longue traversée", indique Alain Djeutang, l'aumonier des Gens de la mer qui a pu s'approcher du groupe et échanger quelques brefs mots. "Ce matin, ils n'étaient pas vraiment affolés ou bien apeurés mais on sent qu'ils ont passé des moments difficiles en mer".
Le huitième navire à débarquer à La Réunion
En situation irrégulière, ces ressortissants sri lankais devraient saisir l'OFPRA, l'Office français de protection des réfugiés et apatrides, dans le cadre d'une procédure de demande d'asile. Une démarche déjà suivie par les quelques 273 migrants ayant successivement accosté à la Réunion à bord de 7 embarcations depuis mars 2018.
Ces arrivées par vague laissent à penser à l'existence d'une filière organisée. "Les dernières fois qu'il y a eu des réfugiés qui ont traversé la mer jusqu'à La Réunion, ils nous ont confié qu'ils avaient payé des personnes un peu mafieuses avec les économies parfois de toutes leurs familles pour venir", assure Alain Djeutang. "Parfois ça pouvait aller jusqu'à 2 400 dollars !"
"Pas le dernier départ, ni la dernière arrivée"
Interrogé ce samedi matin, en marge des Journées du patrimoine à l'hôtel de préfecture, le préfet Jérôme Filippini s'est dit bien conscient des enjeux face à cette problématique nouvelle d'immigration clandestine. "On voit bien qu’il y a bien un phénomène qui n’est pas ponctuel, notre vigilance nous fait penser que ça n’est certainement pas le dernier départ et certainement pas la dernière arrivée".
L'interview complète du préfet Jérôme Filippini sur Réunion La 1ère :
Quelle coopération entre les différents pays de la zone ?
Ce dernier bateau de migrants avait été repéré dès mardi matin par les garde-côtes mauriciens qui avaient dépêché le Dornier, leur avion de patrouille côtière, ainsi que le Victory, l'un des bateaux de leur flotte. Après avoir maintenu le silence radio en prétextant un problème avec son système de communication, le capitaine du bateau sri lankais avait fini par faire part de ses intentions, à savoir qu'il se rendait vers La Réunion.
Questionné à ce sujet, le préfet Filippini n'a pas manqué de réagir : "Il y a des échanges diplomatiques avec tous les Etats de la zone mais je ne veux pas vous donner l’impression qu’on a la capacité sur une mer aussi grande et avec les milliers de milles nautiques qui peuvent être parcourus, on n’a pas du tout la capacité à coopérer entre tous les Etats de la même façon que dans des zones plus étroites"
Escorté par le Champlain
L'Imula 242 GLE avait déjà atteint les eaux territoriales françaises, au large de La Réunion, vendredi après-midi. Considérant le risque de danger réel compte tenu du nombre de personnes à bord pour un bateau qui ne mesure que 12 mètres, le préfet de la Réunion a dû déclencher l'opération SAR, pour "Search and rescue", soit "localiser et secourir des personnes en situation de détresse".
C'est ainsi que le Champlain, bâtiment de la Marine nationale, a reçu pour mission d'aller au contact de l'embarcation. Une fois assurés que celle-ci était manœuvrable et stable, les militaires l'ont ensuite escortée jusqu'au au Port Ouest.