"Le Jir une fois encore censuré n’est pas paru ce matin", écrit Jacques Tillier dans un communiqué envoyé ce lundi matin, le 17 juin. En cause, la querelle qui l'oppose depuis plusieurs années à Alfred Chane Pane, son imprimeur via la société ICP Roto. En octobre 2022, le journal n'avait déjà pas été imprimé pendant une semaine.
Ecoutez le reportage de Réunion la 1ère :
ICP Roto, seule imprimerie de l'île
"Le JIR n’est pas paru ce matin, ne paraîtra sans doute pas dans les jours à venir si rien n’est fait pour contrer cette censure politique typiquement stalinienne..." poursuit Jacques Tillier, qui explique que jusqu'à samedi dernier, le journal était imprimé chez SAFI imprimerie, "propriété́ industrielle de Madame Carole Chane Ki Chune qui nous a récemment fait savoir par courrier que, dans la mesure où elle s’apprêtait mercredi 19 juin prochain à liquider son imprimerie devant le tribunal de commerce, il nous appartenait en urgence de prendre nos dispositions, d’aller nous faire imprimer chez ICP Roto".
Mais à La Réunion, il n’y a pas d’autres imprimeries en mesure d'éditer une presse quotidienne autre qu'ICP Roto, propriété d'Alfred Chane Pane. Les deux hommes collaborent sur d'autres produits, explique le directeur du Jir : "c’est donc tout naturellement que nous avons pris contact, voici plus de trois semaines maintenant par mails et de vive voix avec celui-ci."
Un accord trouvé entre les deux hommes
"Sur la base d’un contrat nous avons choisi par prudence d’acheter notre papier, 27 tonnes sont en possession d’Alfred Chane Pane depuis quelques jours, et d’assurer les factures d’impression, par avance, tous les quinze jours lui offrant ainsi toutes les garanties financières, continue Jacques Tillier. Tout semblait calé lorsque notre conseil nous a fait savoir vendredi dernier que sur la base d’une exigence financière inacceptable, un déposit, une garantie de 150 000 euros (...), l’avocat de Monsieur Chane Pane nous faisait savoir que le Jir ne serait pas imprimé ce soir et dans les jours qui suivent par ICP Roto."
Le Jir veut entamer plusieurs actions judiciaires à la Réunion devant le tribunal de commerce, et dans l'hexagone "pour dénoncer cette concurrence plus que déloyale, cet abus de vie et de mort d’un journal dans le cadre d’une situation monopolistique..."
La même condition demandée par l'imprimeur aux 2 journaux
ICP Roto veut-elle tuer le Jir ? "Non, répond Alfred Chane Pane. Nous sommes obligés de faire attention à ne pas favoriser un journal par rapport à un autre. À partir du moment où Jacques Tillier répète mes conditions qui sont aujourd'hui devenues obligatoires par rapport au fait que je ne peux pas apporter de distorsions de concurrence entre le Jir et le Quotidien, bien évidemment j'imprimerai avec grand plaisir son journal".
La condition demandée par l'imprimeur est la même pour les deux journaux, à savoir la garantie de 150 000€.