C'est en guise de protestation à l'adoption du projet de loi immigration que la présidente de la Région Réunion, Huguette Bello, a décidé de mettre en berne le drapeau français devant le siège de la collectivité "en ce jour funeste pour la République". Selon la présidente de Région, d'autres communes de La Réunion auraient décidé d'en faire de même.
Le drapeau tricolore qui flotte habituellement devant la pyramide inversée a donc été baissé à 12 heures ce jeudi, a indiqué la Région. "Ce texte heurte ce qui fonde la société réunionnaise", estime Huguette Bello. Un "texte scélérat" voté à l'avant-veille de la fête de la liberté à La Réunion selon elle.
"Dans la nuit sombre du racisme"
"Nous sommes tous des migrants", a asséné la présidente de Région devant la pyramide inversée ce midi.
Ecoutez l'interview d'Huguette Bello sur Réunion La 1ère :
"Avoir voté ce texte qui est parti du Front national, ça plonge la France dans la nuit sombre du racisme. C'est pour cela que nous nous élevons et que nous mettons, avec d'autres communes de La Réunion, le drapeau de la République en berne"
Huguette Bello, présidente de la Région Réunion
"J'ai vu la haine, le racisme"
La sénatrice Evelyne Corbière Naminzo était aux côté de la présidente de Région devant la pyramide inversée ce midi. "J'étais dans l'hémicycle au moment des débats. (...) J'ai vu la haine, le racisme, j'ai entendu les mots des sénateurs qui voulaient enlever des droits à nos frères humains. (...) Nous nous sommes d'une colonie, nous savons ce que ça fait d'être discriminés, de ne pas avoir d'espoir pour nous enfants", a réagi la parlementaire qui a voté pour sa part contre le texte de loi.
"Si ces textes sont votés, c'est parce qu'on a des élus qui savent combien la pauvreté grandit, et qui savent la détresse du peuple français. Ce n'est pas une raison pour nourrir la peur et la haine de l'autre"
Evelyne Corbière Naminzo, sénatrice de La Réunion
Huit parlementaires réunionnais sur onze ont rejeté le texte
Quant aux sénateurs, Stéphane Fouassin et Viviane Malet ont voté en faveur, et Evelyne Corbière comme Audrey Bélim ont voté contre le projet de loi.
Ecoutez l'interview de Stéphane Fouassin sur Réunion La 1ère :
Vent de protestation chez les élus en France
Les conséquences de cette adoption ne se sont pas faites attendre. Hier, le ministre de la Santé Aurélien Rousseau a présenté sa démission au gouvernement. Dans la foulée, 32 présidents de départements de gauche ont indiqué qu'en dépit du texte voté, ils n'appliqueront pas le délai de carence pour le versement de l'allocation personnalisée d'autonomie pour les étrangers.
Invité dans l'émission C à vous sur France 5 mercredi soir, le chef de l'Etat a réagi : "C'est le fruit d'un compromis, c'est le bouclier qu'il nous manquait". "Le texte qui sort reste utile et les dispositions acceptées, même si elles ne plaisent pas, ne justifiaient pas de le rejeter", a indiqué Emmanuel Macron.