Mode de scrutin, attribution des sièges, parité hommes-femmes... ce qu'il faut savoir sur les élections sénatoriales du 24 septembre

Les élections sénatoriales fonctionnent selon un mode de scrutin bien particulier.
Ce dimanche 24 septembre, comment seront attribués les quatre sièges de sénateurs de La Réunion ? Qu'est-ce qu'un scrutin proportionnel selon la méthode de la plus forte moyenne ? Comment s'exprime la parité sur les huit listes en présence ? Toutes les explications ci-dessous.

Ce dimanche 24 septembre 2023, 1 388 grands électeurs sont appelés à désigner les quatre nouveaux sénateurs de La Réunion, parmi les candidats de 8 listes présentées. Une élection particulière au regard notamment du mode de scrutin et d'attribution des sièges, très complexe, suivant les règles du "scrutin proportionnel selon la méthode de la plus forte moyenne". 

Kézako ? Cette méthode s'applique dans les départements où sont élus au moins trois sénateurs, dont La Réunion, où quatre sièges sont en jeu. Elle comporte deux étapes. 

Une première attribution des sièges au quotient 

Dans un premier temps, les sièges sont attribués "au quotient". Il faut pour cela déterminer le quotient électoral, soit le nombre total de suffrages exprimés divisé par le nombre de sièges à pourvoir. On peut d'ores et déjà estimer ce quotient à 1 388, en considérant que tous les grands électeurs iront voter dimanche. Ceux qui s'abstiennent écopent de toute façon d'une amende. 

Ainsi, le quotient électoral s'établirait en théorie à La Réunion à 347 : c'est le nombre de voix qu'une liste devra obtenir pour glaner un siège. Au vu de l'éclatement de la gauche et de la droite en plusieurs listes, il est peu probable qu'une liste obtienne d'office deux sièges (il lui faudrait au moins 694 voix). 

Prenons la situation suivante en exemple :

  • la liste 1 obtient 398 voix : 398 / 347 = 1,15 soit 1 siège
  • la liste 2 obtient 293 voix : 293 / 347 = 0,84 soit 0 siège 
  • la liste 3 obtient 367 voix : 367 / 347 = 1,06 soit 1 siège
  • la liste 4 obtient 26 voix : 26 / 347 = 0,07 soit 0 siège
  • la liste 5 obtient 102 voix : 102 / 347 = 0,29 soit 0 siège
  • la liste 6 obtient 34 voix : 34 / 347 = 0,10 soit 0 siège
  • la liste 7 obtient 87 voix : 87 / 347 = 0,25 soit 0 siège
  • la liste 8 obtient 81 voix : 81 / 347 = 0,23 soit 0 siège

A la fin de ce premier calcul, les listes 1 et 3 obtiennent chacune un siège. 

Le reste des sièges attribué selon la règle de la plus forte moyenne 

Vient ensuite la deuxième partie du calcul, pour attribuer les sièges non pourvus au quotient, soit deux sièges si on suit notre exemple. Un calcul qui devient beaucoup plus compliqué. 

Car il s'agit d'attribuer fictivement un siège supplémentaire aux listes qui en ont déjà un, et en donner un aux autres. Puis il faut diviser le nombre de voix obtenues par chaque liste par le nombre fictif de sièges obtenus. Explications ci-dessous...  

Suivons à nouveau notre exemple, pour attribuer le 3ème siège de sénateur : 

  • la liste 1 obtient 398 voix, et a déjà un siège attribué : 398 / 1+1 = 199 
  • la liste 2 obtient 293 voix, et n'a aucun siège attribué : 293 / 0+1 = 293
  • la liste 3 obtient 367 voix, et a déjà un siège attribué : 367 / 1+1 = 183,5
  • la liste 4 obtient 26 voix et n'a aucun siège attribué : 26 / 0+1 = 26 
  • la liste 5 obtient 102 voix et n'a aucun siège attribué : 102 / 0+1 = 102
  • la liste 6 obtient 34 voix et n'a aucun siège attribué : 34 / 0+1 = 34 
  • la liste 7 obtient 87 voix et n'a aucun siège attribué : 87 / 0+1 = 87 
  • la liste 8 obtient 81 voix et n'a aucun siège attribué : 81 / 0+1 = 81

C'est la liste qui obtient la plus forte moyenne qui obtient le siège, soit ici la liste 2. 

Reste enfin à attribuer le 4ème et dernier siège de sénateur, en prenant en compte cette fois-ci le siège obtenu par la liste 2. 

  • la liste 1 obtient 398 voix, et a déjà un siège attribué : 398 / 1+1 = 199 
  • la liste 2 obtient 293 voix, et n'a aucun siège attribué : 293 / 1+1 = 146,5
  • la liste 3 obtient 367 voix, et a déjà un siège attribué : 367 / 1+1 = 183,5
  • la liste 4 obtient 26 voix et n'a aucun siège attribué : 26 / 0+1 = 26 
  • la liste 5 obtient 102 voix et n'a aucun siège attribué : 102 / 0+1 = 102
  • la liste 6 obtient 34 voix et n'a aucun siège attribué : 34 / 0+1 = 34 
  • la liste 7 obtient 87 voix et n'a aucun siège attribué : 87 / 0+1 = 87 
  • la liste 8 obtient 81 voix et n'a aucun siège attribué : 81 / 0+1 = 81

Cette fois-ci, c'est la liste 1 qui obtient la plus forte moyenne, et donc un autre siège de sénateur en plus de celui déjà obtenu par quotient. 

Pour résumer, dans notre exemple, la liste 1 obtient deux sièges de sénateur (un par quotient et un à la plus forte moyenne), la liste 3 un siège (par quotient), et la liste 2 un siège également (par plus forte moyenne).  

4 femmes et 4 hommes en têtes de liste 

Ces élections sénatoriales se distinguent également, à La Réunion en tout cas, par une parité hommes-femmes bien respectée. Car sur 8 listes, il y a 4 femmes en numéro 1 (Evelyne Corbière, Audrey Belim, Viviane Malet, et Florence Chane-Tune), et donc en position éligible. C'est mieux que la moyenne nationale, qui porte à seulement 26% la proportion de femmes tête de liste. 

3 sénatrices pour La Réunion ? 

Parmi ces 4 femmes, 3 sont à la tête des listes les mieux placées pour obtenir un siège ce dimanche 24 septembre, à savoir la liste de l'union de droite portée par Vivane Malet, et les deux listes de gauche, l'une portée par Evelyne Corbière et soutenue par Huguette Bello, et l'autre portée par Audrey Belim et soutenue par Ericka Bareigts. 

Décryptage élections sénatoriales : en matière de parité, La Réunion montre l’exemple ©Réunion la 1ère

Sur la précédente mandature, La Réunion comptait deux femmes sénatrices, Viviane Malet et Nassimah Dindar. A l'issue de cette élection, l'île pourrait cette fois-ci avoir élu trois sénatrices, et être donc bien au-dessus de la moyenne nationale de 35% de femmes au Sénat, malgré la loi sur la parité, qui impose aux partis politiques de présenter autant d'hommes que de femmes. Ce qui veut dire que les partis continuent à attribuer majoritairement aux hommes les places éligibles, même si sur les six candidats de chaque liste des sénatoriales, il y a trois femmes et trois hommes au total. 

Une parité presque respectée chez les députés, pas du tout chez les maires

Pour rappel, La Réunion compte trois femmes sur les 7 députés (Nathalie Bassire, Emeline K’Bidy et Karine Lebon), trois femmes parmi les 24 maires (Ericka Bareigts à Saint-Denis, Vanessa Miranville à La Possession et Julianne M’Doihoma à Saint-Louis), voire quatre maires élues si on compte aussi Huguette Bello, élue maire de Saint-Paul en 2020 mais qui depuis a cédé sa place à Emmanuel Séraphin en remportant la présidence de la Région en 2021. 

Quatre sièges à pourvoir, un vote en préfecture

Quatre sénateurs doivent être élus le dimanche 24 septembre sur le département, pour un mandat de six ans. Les sortants étant Nassimah Dindar, Viviane Malet, Michel Dennemont et Jean-Louis Lagourgue. Ces deux derniers ne se représentent pas à l'élection de cette année. 

Le vote se déroulera sur un seul site à La Réunion : la préfecture à Saint-Denis, ouverte aux grands électeurs de 8h30 à 17 heures. 

1 388 grands électeurs 

Ces 1 388 "grands électeurs" comprennent les députés, mais aussi les conseillers régionaux, les conseillers départementaux, les conseillers territoriaux et, surtout, les plus nombreux, les délégués des conseillers municipaux. En France, ils sont au nombre de 162 000, soit 95% des grands électeurs, selon le site du gouvernement vie-publique.fr.