Il aura fallu attendre le début de ce mois de septembre pour que les autorités sanitaires de La Réunion mettent en garde la population sur la circulation de nouveaux produits stupéfiants dangereux dans l'île.
Depuis la fin du mois de juin, 13 personnes ont été victimes d'intoxication après avoir consommé de puissants opiacés, selon les informations partagées par l'Agence régionale de santé. Et parmi celles-ci, trois jeunes hommes qui ont malheureusement perdu la vie.
Revoir le reportage de Réunion La 1ère :
Deux décès durant la même nuit en juillet
Dans le quartier de Terrain Fayard, à Saint-André, deux hommes âgés de 27 et 30 ans avaient été pris en charge par les secours à leurs domiciles respectifs dans la nuit du dimanche 9 juillet, avant finalement de succomber à un arrêt cardiaque.
Les deux victimes se connaissaient et avaient passé la soirée ensemble avant de rentrer chez elles. Et déjà à l'époque, la thèse d'une overdose survenue suite à la consommation d'une nouvelle drogue alimentait les conversations dans le quartier.
Un premier décès suspect à Domenjod
Le mardi 27 juin, -le point de départ de l'enquête de police ouverte par la brigade des stupéfiants du commissariat Malartic-, un premier individu avait déjà trouvé la mort dans des circonstances laissant penser, là-aussi, à une overdose.
Une victime sans aucun antécédent
Pris de convulsions dans son lit, il avait été pris en charge par l'unité sanitaire de la prison. Deux heures plus tard, il était déclaré mort malgré l'intervention rapide d'une équipe du Smur sur place.
"Il n'était pas connu pour des pathologies particulières", nous confiait à l'époque Vincent Pardoux, le secrétaire général FO Justice Réunion-Mayotte.
Revoir l'interview de Vincent Pardoux sur Réunion La 1ère :
Les révélations du Dr Mété sur Réunion La 1ère
Et aujourd'hui, le doute n'est plus permis, réagit le responsable syndical à la lumière des informations données ce lundi 11 septembre par le Dr David Mété sur Réunion La 1ère.
Le chef du service addictologie au CHU a en effet indiqué sur le plateau du 12h30 que l'une des trois overdoses mortelles recensées par l'ARS est survenue en milieu pénitentiaire.
Quatre autres intoxications graves à Domenjod
Vincent Pardoux fait ainsi désormais le lien avec quatre autres cas d'intocations survenues dans les jours qui ont suivi ce premier décès. Un autre détenu avait lui aussi été victime d'un arrêt cardiaque dans la cour de promenade de la prison de Domenjod.
Il avait pu être réanimé par le personnel médical du centre pénitentiaire, rejoint ensuite par une équipe du Smur. Dans les jours qui ont suivi, trois autres détenus sont également tombés tour à tour dans un coma profond à la suite d'une intoxication suspecte ayant entrainé leur hospitalisation en service de réanimation.
Le fléau des projections de colis
Leurs jours ne sont désormais plus en danger et ils ont même pu réintégrer leurs cellules depuis. Et pour Vincent Pardoux, il ne fait pas de doute que le produit qu'ils ont consommé provient d'une projection de colis dans l'enceinte du centre pénitentiaire.
"On compte trois projections de colis par jour en moyenne à Domenjod, déplore le syndicaliste. Il y a forcément des produits stupéfiants qui rentrent ce qui crée d'ailleurs de l'insécurité dans l'établissement".
Une situation inédite
Reste que le surveillant pénitentiaire n'avait jamais fait face à une telle situation. "En général, il peut y avoir des interventions médicales suite à une surdose de médicaments, ça arrive même régulièrement. Mais des intocations de ce type là, c'est quand meme très rare".
Quels produits ont pu consommé ces détenus ? "On sait qu'ils ont fumé quelque chose et qu'après seulement deux taffes, ils sont tombés direct par terre" Des symptômes semblables à ceux décrits par l'ARS.
Un risque d'overdose quasi immédiat
Ces opiacés extrêmement puissant présentent un risque d’overdose majeur et les premiers effets peuvent se faire ressentir quelques secondes à quelques minutes seulement après leur consommation, avec notament un risque d'asphyxie brutale.
L'ARS demande ainsi aux fumeurs de ne jamais accepter une cigarette ou un autre produit dont ils ne connaissent pas la provenance.