Sanctionner plus durement les parents d'enfants délinquants : il s'agit d'un projet de loi porté par le ministre de la Justice Éric Dupond-Moretti pour "restaurer la parentalité". L'objectif serait de lutter contre les parents défaillants. À La Réunion, les avis des parents sont mitigés.
Un durcissement des sanctions
Dans le détail, le projet de loi du garde des Sceaux prévoit de durcir les sanctions déjà prévues par l’article 227-17 du Code pénal.
De ce fait, la peine déjà effective de deux ans de prison et 30 000 euros d’amende pour les parents dont les enfants mineurs auraient commis plusieurs crimes ou délits pourrait être renforcée.
Si le texte est voté, cette peine pourrait passer à trois ans de prison et 45 000 euros d’amende. Une peine complémentaire de travail d’intérêt général pour le parent défaillant fait également partie du texte.
Un texte difficilement applicable
Le texte sera difficilement applicable, car il est difficile de prouver la faute des parents, d'après l'avocate, Maître Valérie Yen Pon.
“La justice manque de moyens. On a déjà du mal avec les tribunaux engorgés de faire face à ce qui existe déjà. Si le texte existe mais qu’il n’est pas appliqué, le durcir ne résoudra pas le problème d’application et d’efficacité du texte", réagit-elle.
Elle tient d'ailleurs à rappeler que les parents défaillants sont ceux qui "ne s'occupent pas du tout de leurs enfants et qui ne répondent pas aux convocations du juge des enfants".
Les parents absents ne s’intéressent pas du tout à l’enfant. Dans les cas où les enfants mineurs sont rendus coupables de crime ou de délit, il n’y a pas forcément de défaillance parentale telle qu’on peut l’entendre au sens de la loi. Il y a des parents qui sont présents, mais qui sont dépassés. Il y a aussi des enfants, qui, du jour au lendemain, décident de passer à l’acte avec une intention criminelle ou délictuelle. Et le parent ne peut pas l’avoir prévu.
Maître Valérie Yen Pon
Responsabiliser les parents
Le projet de loi vise notamment à responsabiliser les parents. “Moi je suis pour cette loi, parce que c’est aux parents d’être responsables, d’accompagner et d’éduquer leurs enfants afin qu’ils puissent éviter toute sorte de délinquance. Ça dépend de ce que l’enfant fait, mais après si c’est de la délinquance pure et dure, il faut assumer son rôle de parents”, confie une maman.
Pour un père de famille interrogé, les sanctions ne sont pas forcément la solution. "Moi, je dis qu’il y a des solutions beaucoup plus douces et beaucoup plus raisonnables, avec plus de bon sens. Je pense que l’éducation c’est la priorité”, dit-il.
D'autres solutions ?
Pour certains parents, il faudrait trouver des alternatives, d'autres solutions "plus judicieuses".
“Je pense qu’il y aurait d’autres moyens avant de faire payer les parents. Il ne faut pas non plus pénaliser là où il n'y a pas lieu d'être pénalisé", lance une mère de famille.
“Est-ce que le fait de payer une amende et d'être en prison ça va m’aider à comprendre mon éducation ou l’erreur que j’ai commise avec mon enfant ? Est-ce que je n’ai pas été suffisamment présente pour que l’enfant arrive à ce stade-là ? Je ne pense pas", martèle une jeune maman, qui propose d'ailleurs d'instaurer des "ateliers de parentalité". Ce serait, selon elle, une solution plus efficace pour lutter contre la délinquance.
SOBATKOZ ce jeudi soir à 20 heures sur Réunion La 1ère
La délinquance des mineurs cause notamment des phénomènes de violences urbaines à La Réunion. Comment enrayer ces violences ? C'est le débat de ce jeudi soir à 20 heures dans SOBATKOZ sur Réunion La 1ère, avec Gaëlle Malet et Jean Marc Collienne.