Grande Chaloupe : préserver le ti train lontan et les vestiges du patrimoine ferroviaire de La Réunion

Grande Chaloupe : préserver le ti train lontan et les vestiges du patrimoine ferroviaire de La Réunion
Ce dimanche 18 août 2024, l'association ti train lontan a organisé une journée portes ouvertes à la Grande Chaloupe. C'est l'occasion pour les Réunionnais de découvrir ou redécouvrir ce patrimoine lontan, héritage légué par les anciens de La Réunion. Un ti train apprécié, que l'association s'évertue à restaurer pour transmettre ce patrimoine aux nouvelles générations.

"Le ti train, c'est plus d'un siècle d'histoire, nous peut pas oublie à li", lance Yvette Duchemann, militante culturelle et bénévole de l'association ti train lontan.

Ce dimanche 18 août, une journée portes ouvertes a accueilli des centaines de personnes sur le site de la Grande Chaloupe. L'objectif est de soutenir l'association en découvrant les actions en faveur de la préservation du patrimoine ferroviaire de La Réunion et de l'héritage à transmettre aux générations futures.

Regardez le reportage de Réunion La 1ère : 

Grande Chaloupe : l’association ti train lontan se mobilise régulièrement pour préserver le patrimoine ferroviaire de La Réunion. Reportage

L'histoire du ti train lontan à La Réunion

De la Grande Chaloupe à la ville de Saint-Leu, le ti train a été un transport incontournable durant la seconde moitié du 19ème siècle à La Réunion, et notamment pour l'industrie du sucre.

Pendant cette période, La Réunion sort à peine de l'esclavage. Les besoins en main-d’œuvre afin de soutenir la nouvelle dynamique, autrement dit l'économie sucrière, qui supplante celle du café, sont considérables. C'est à ce moment que les usines fleurissent un peu partout sur l'île. La production de sucre augmente grandement et des milliers d'engagés émigrent de tous les pays du pourtour de l'Océan Indien vers "l'île au sucre".

Au 19ème siècle, les infrastructures de l'île ne sont pas développées. Il est difficile d'acheminer les productions agricoles. Sur terre, les trajets sont longs et laborieux, notamment à cause du relief de La Réunion. Côté mer, les conditions de navigation sont souvent difficiles. La houle pose souvent problème.

Il est également difficile de décharger et charger les marchandises. Le débarquement des voyageurs, en particulier celui des engagés, est lui aussi périlleux. Des engagés indiens, chinois, africains, malgaches, comoriens, rodriguais, subissent d'ailleurs la quarantaine au Lazaret de la Grande Chaloupe, en même temps que les voyageurs libres.

1882, deux lignes de chemin de fer livrées

Toujours au 19ème siècle, La Réunion ne possède pas de port maritime en soi. Seuls les débarcadères avec poulies permettaient d'accéder à un bateau.

C'est dans ce contexte compliqué qu'en 1878 la société Chemin de Fer Port Réunion (CFPR) est fondée. L'objectif est de faciliter la circulation du sucre de l'usine vers l'exportation, tout en articulant l'acheminement portuaire et ferroviaire.

Deux lignes de chemin de fer sont livrées en 1882. Celle qui relie Saint-Denis à Saint-Benoît, et celle qui relie Saint-Denis à Saint-Pierre par l'Ouest. La première ligne du ti train a été inaugurée le 11 février de la même année. Le Port est quant à lui inauguré en 1886.

La locomotive vapeur Schneider, plus vieil ouvrage ferroviaire de l'île

Parmi les gares et haltes de l'époque, certaines ont désormais disparu. D'autres subsistent et font pleinement partie de notre patrimoine péi. 

Ainsi, sur le site de l'ancienne gare de la Grande Chaloupe, inscrite au titre des monuments historiques depuis 1998, nombreux sont ceux qui sont venus admirer la locomotive vapeur noire Schneider Tender 030, première arrivée dans l'île en 1878.

Elle -la locomotive vapeur Schneider Tender 030- date bien de 1878. Il s'agit de la plus vieille locomotive pour la voie métrique.

Éric Boulogne, auteur d'ouvrage et membre de l'association ti train

Un devoir de mémoire

Cette journée portes ouvertes est l'occasion de transmettre l'histoire du patrimoine ferroviaire de l'île s'accordent à dire les bénévoles de l'association ti train.

Ce devoir de mémoire est pleinement porté par l'association qui organise des événements régulièrement. "Tous les deux mois, on essaie de faire quelque chose pour rappeler aux gens cette période épique de La Réunion", souligne Yvette Duchemann, bénévole.

Manuella, une visiteuse, découvre pour la première fois les vestiges du patrimoine péi. "Je passais souvent sur la route du littoral, dans le tunnel qui passait sous la falaise, mais pas dans les transports qu'il y avait auparavant. Quand je vois les rails et le ti train, c'est juste magnifique et émouvant", confie-t-elle.

Si on l'appelle aujourd'hui affectueusement le "ti train", par le passé, il a grandement participé à l'essor économique de La Réunion.