Réforme du lycée professionnel : des stages plus longs et rémunérés ? Les réactions mitigées

Emmanuel Macron a détaillé quelques mesures de la réforme du lycée professionnel.
Ce jeudi 4 mai, Emmanuel Macron a détaillé quelques mesures de la réforme du lycée professionnel à venir. Parmi les annonces, celle de la rémunération des lycéens lors de leurs stages, ou encore des revalorisations salariales pour les enseignants engagés volontairement dans de nouvelles missions autour de cette réforme. Les réactions y sont mitigées.

Jeudi, en déplacement en Charente-Maritime, le président de la République a détaillé quelques mesures de la réforme du lycée professionnel qui devrait être effective à la rentrée prochaine, pour en faire une "filière d'avenir". Au total, un budget de 5,6 milliards d'euros sera consacré à ces mesures.

Une nouvelle carte de formations 

Parmi elles, on retrouve la mise en place d'une nouvelle carte de formations visant à "100% d'insertion professionnelle", des moyens pour épauler les élèves en difficulté et lutter contre le décrochage scolaire, davantage de liens entre les lycées et les entreprises...

Emmanuel Macron a également parlé d'une "revalorisation" de salaire pour les enseignants qui accepteraient de participer à des missions supplémentaires liées aux nouvelles missions créées par la réforme. 

"Le mot revalorisation n'est pas utilisé dans le bon contexte, puisqu'on nous demande des tâches supplémentaires qui seront juste payées en plus", signale Charles Lopin, secrétaire académique du syndicat Snuep-FSU. 

Une rémunération de 50 à 100 euros 

Une mesure en particulier a retenu l'attention : celle de rémunérer les lycéens professionnels en stage, entre 50 et 100 euros par semaine, selon que l'élève soit en seconde, en première ou en terminale. 

"Ca coûte cher de s'équiper en filière professionnelle" 

Charles Lopin, secrétaire académique du syndicat Snuep-FSU, reste dubitatif face à cette réforme, qui pour lui ne se saisit pas des bonnes priorités. Rémunérer un élève alors qu'il n'a même pas les moyens de s'équiper à l'entrée en lycée professionnel ne fait pas sens, réagissait-il, invité dans la Matinale de Philippe Dornier sur Réunion La 1ère. 

"C'est bien de dire que le travail des élèves doit être rémunéré. Le souci c'est qu'on voit des élèves arriver en seconde sans matériel. Ca coûte cher de s'équiper en filière professionnelle, c'est pas juste un stylo, un cahier et une calculatrice. Il y a quelques aides, mais les élèves qui nous arrivent sont en difficulté sociale, en décrochage scolaire, en difficulté de vie pour certains. Si on est capable de les aider mieux par une allocation pour qu'ils puissent faire leurs études correctement, nous c'est ça qu'on demande."

Charles Lopin, secrétaire académique Snuep-FSU

D'autant que pour le syndicat, ce n'est pas à l'Etat de rémunérer les stagiaires. "Si ce n'est pas un temps de formation mais un temps de travail, comme Emmanuel Macron l'a dit, alors c'est à l'entreprise de les rémunérer, pas à l'Etat", précise Charles Lopin. 

Par ailleurs, le montant fait aussi tiquer. "50 ou 75 euros par semaine, c'est pas une rémunération, c'est de l'argent de poche", assène le syndicaliste.

Difficultés à trouver des stages

Au-delà, la réforme occulte une problématique pourtant majeure, fait valoir Charles Lopin : des stages, oui, encore faut-il en trouver. Alors qu'Emmanuel Macron a souligné que la durée de stage pourrait être augmentée de 50% en terminale pour les élèves souhaitant chercher du travail directement après le bac, le Snuep-FSU fait remarquer que le tissu économique à La Réunion ne permet pas à tous les élèves d'accéder à un stage.  

Alors, augmenter la durée des stages est "encore une fois mettre les élèves en difficulté pour en trouver", estime-t-il. Le Snuep-FSU redoute aussi que cet allongement, dont on parlait déjà il y a un an, soit "un forcing pour aller vers l'alternance dans toutes les filières, c'est une grosse crainte pour nous". 

Réactions chez les élèves

Du côté des élèves, les changements concernant leurs stages divisent. "Ce serait mieux d'être rémunéré parce que c'est du travail qu'on fournit aux entreprises", soutient une élève devant le lycée professionnel François de Mahy à Saint-Pierre. Une autre elle, ne voit pas d'un bon oeil un éventuel allongement de durée. "C'est mieux que ça reste 4 semaines, ça fatigue un peu les stages", soupire-t-elle.