Marie-Germaine Périgogne est née le 24 mars 1963 à Bois de Nèfles Saint Paul mais elle n'aura vécu que jusqu'à l'âge de trois ans à La Réunion. Confiée à l’époque à l’Aide sociale à l’enfance, elle est placée puis adoptée par une famille de la Creuse.
Elle fait en effet partie de ces 2 000 enfants réunionnais également appelés Enfants de la Creuse qui ont été arrachés à leurs parents et envoyés dans l'Hexagone entre 1963 et 1984. A son arrivée dans sa nouvelle famille Marie-Germaine Périgogne est rebaptisée Valérie Andanson.
"C'est une renaissance !"
Un nom qu'elle portera durant 58 ans avant d'entamer une longue bataille administratif pour récupérer... son nom. Un combat qui aura finalement duré six ans. Ce jeudi 19 septembre, elle s'est fait officiellement remettre son extrait de naissance des mains du maire de Saint-Paul Emmanuel Séraphin.
"C'est une renaissance !", réagissait-elle après l'obtention du précieux document. Ce papier, cet acte de naissance, c'est ma vie ! Ma vie d'exilée, ma vie de Creusoise, mais aussi maintenant ma vie de Réunionnaise surtout !"
"Je suis redevenue Marie-Germaine Périgogne Je suis Réunionnaise dans mon coeur, dans mon sang et même maintenant civilement. C'est une belle victoire ! L'aboutissement de toute une vie"
Marie-Germaine Périgogne
Un cas qui n'est pas isolé
"La boucle est bouclée pour moi, mais ce n'est pas fini sur le plan collectif", lance celle qui est aussi la secrétaire de la Fédération des enfants déracinés des DROM. Il s'agit d'aider ces autres Réunionnais en quête de réponse ou ceux tout simplement qui bataillent pour tenter de retrouver les proches dont ils ont été séparés brutalement.
"J'espère sincèrement que cette réussite va servir aux autres parce que malheureusement je ne suis pas la seule", rappelle Marie-Germaine Perigogne qui était aussi ce jeudi l'invitée de la matinale radio de Réunion la 1ère. Il y a beaucoup d'enfants qui sont nés à Sainte-Marie alors qu'en réalité ils sont nés à Saint-Paul ou encore à Saint-Pierre".
Revoir cet extrait de Gran Matin sur Réunion La 1ère :
"Un cheminement plein de doutes et d'échecs"
"J'espère qu'ils pourront retrouver leur vrai lieu de naissance. Il y en a beaucoup qui me demandent déjà comment j'ai fait. Je leur réponds que ça a été un long cheminement, avec beaucoup de doutes et d'échecs..." La Saint-Pauloise dit avoir pu compter sur l'aide du Défenseur des droits mais aussi d'élus.
De son côté, le maire Emmanuel Séraphin ne cachait pas non plus son émotion face à l'histoire de Marie-Germaine Périgogne : "Chaque Réunionnais est solidaire de ce travail qu'elle a fait et chaque Réunionais est fier de retrouver tous ceux sont partis et qui aujourd'hui reviennent et renouent avec leurs racines à La Réunion".