Voilà déjà deux semaines que l'école André Hoareau de Saint-Benoît est fermée. Le 9 février dernier, suite à une série de malaises et de gênes après la désinsectisation de l'établissement trois jours plus tôt, élèves comme personnels de l'école maternelle-élémentaire avaient été évacués.
Depuis, les locaux ont été fermés pour pouvoir être lavés et aérés à nouveau, et des prélèvements divers effectués à des fins d'analyse. La mairie de Saint-Benoît justifie être en attente des résultats d'analyse de l'air de la part de l'Agence régionale de santé (ARS) et ne pas les avoir reçus. Mais l'ARS elle, dit les avoir transmis à la mairie et au rectorat depuis hier jeudi.
Accueillir les élèves en l'absence d'école
En attendant, aucune date de réouverture n'a été communiquée, et l'école André Hoareau reste fermée jusqu'à nouvel ordre. Pour les élèves, mais aussi leurs parents, le temps est long.
Trois mamans de la résidence voisine de l'école ont pris les choses en main, et ont décidé d'ouvrir une salle de leur immeuble de Beaufonds pour y accueillir des élèves. "Les voisines et moi, nous avons décidé de faire ça pour les enfants qui sont vraiment en difficulté et ne savent pas lire ni écrire, ou pour ceux dont les parents travaillent", explique Djamila, parent d'élève.
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Des semaines d'enseignement perdues
Ces enfants dont l'école est fermée se sont ainsi donnés le mot, et avec l'accord de leurs parents, sont venus cette semaine participer à cette classe improvisée. Le rectorat a quant à lui fourni un tableau blanc.
Autre initiative, à quelques mètres de là, dans le CASE de Beaufonds, quelques enseignants viennent en aide à ceux qui sont le plus en difficulté, sur la base du volontariat.
L'idée étant que ces marmailles ne soient pas trop perdus à la réouverture de l'école, après avoir perdu plus de deux semaines de cours. Voire peut-être cinq semaines, si l'établissement ne peut rouvrir avant les vacances scolaires de mars.
"Nou essay met' en place des activités puzzle, de faire les devoir, nou essay aide a zot comme nou peu. Na des marmailles lé en CP i koné pas l'alphabet. Lé pas facile mais nou tienbo ansambl. Si c'est pas nou i pren l'initiative l'école i ress fermé et marmay lé perdu à la rentrée".
Kétia, parent d'élève
Eviter que les enfants traînent dans la rue
Pour Solange, qui ouvre déjà le local du CASE aux marmailles les mercredi ou pendant les vacances scolaires, il s'agit aussi d'éviter que ces petits, en l'absence d'école, soient livrés à eux-mêmes dans les rues. "Le mercredi, les enfants lé à droite à gauche i traine beaucoup dann chemin", observe cette maman.
La FCPE s'inquiète du décrochage
Si cette véritable démonstration de système D et d'investissement de la part de parents d'élèves "fait toujours plaisir", selon Daniel Amouny, il regrette "le manque d'accompagnement de la mairie et de l'Education nationale dans ces initiatives personnelles de mamans". Le président de la FCPE Réunion (Fédération des conseils de parents d'élèves) s'inquiète du décrochage de certains élèves, qui ont déjà raté deux semaines d'enseignement, alors que les vacances se profilent, du 2 au 18 mars 2024.
"Cette situation commence à peser, certains parents sont en colère de ce qui se passe".
Daniel Amouny, président de la FCPE Réunion
La continuité pédagogique, oui, mais...
Quant à la continuité pédagogique mise en place par le rectorat, sur le même modèle que ce qui se faisait pendant la crise sanitaire, elle laisse le président de la FCPE songeur : "Les parents se retrouvent à faire cours à la maison à leurs enfants, et ceux dont les parents travaillent se retrouvent pénalisés : qui s'occupe d'eux ?".
45 élèves accueillis en service minimum dès lundi
En attendant la réouverture de l'école, sur les plus de 400 élèves de l'école André Hoareau, 45 marmailles devraient être pris en charge dès lundi par deux autres établissements scolaires de la ville, l'école maternelle La Poussinière, et l'école élémentaire Odile Elie.
Mais il s'agira uniquement d'un "service minimum d'accueil" sur le temps scolaire, de 8 heures à 16 heures, et seulement pour les enfants dont les deux parents travaillent, ou dont le parent travaille dans le cas de familles monoparentales.