Coupures d'eau à la Bretagne : sans arrosage de leurs champs, des maraîchers font une croix sur leur récolte

Fabrice Robert, maraîcher à la Bretagne, a perdu ses 2500m2 de production
Voilà déjà six jours que le secteur de la Bretagne à Saint-Denis est alimenté en eau de façon discontinue. Certains agriculteurs, faute d'avoir pu arroser leur champ, voient leur salades et brèdes mourir. Des pertes qu'ils ont du mal à digérer.

Pas d'eau pour prendre sa douche ou cuisiner : depuis mardi, les habitants du secteur de La Bretagne à Saint-Denis subissent des coupures d'eau, en raison d'une panne de la pompe du forage de Domenjod, une des deux ressources qui alimente le quartier habituellement. 

Regarder le reportage de Réunion La 1ère : 

Coupures d'eau à la Bretagne : des impacts sur le maraîchage ©Réunion la 1ère

Si des opérations sont en cours pour changer la pompe défectueuse, en vue d'une remise en service mardi, les agriculteurs de la Bretagne commencent à trouver le temps long. Mais surtout, ils dénombrent les pertes dans leurs champs.

"Toute lé pu bon"

Pour Fabrice Robert, maraîcher à la Bretagne, ce préjudice est dur à digérer : il a perdu l'ensemble de sa production sur les 2 500m2 qu'il exploite. Salades, brèdes, basilic, persil... "Toute lé pu bon. La salade lé composée à 90% d'eau. En deux jours sans eau, c'est fini, elle meurt", explique-t-il. De telles pertes sont synonymes pour l'agriculteur d'une absence de salaire pendant un mois.

"Pendant un mois ma na pu rien pou faire viv' ma famille".

Fabrice Robert, maraîcher à La Bretagne

Plus d'eau depuis mercredi soir

Il regrette ne pas avoir pu arroser du tout. Car dans certaines zones, les coupures durent quelques heures, dans d'autres, plusieurs jours. Chez Fabrice, dans les hauts de la Bretagne, plus d'eau "depuis mercredi soir". "Si zot lavé partagé, l'aurait pu sauver, arroser une heure par jour, les plantes auraient tenu", peste-t-il. 

"C'est aberrant" 

Même constat chez ce producteur de piments, Jean-Baptiste Payet, qui se demande pourquoi les coupures ne se sont pas faites sur des demi-journées au lieu de journées complètes, histoire de partager l'eau disponible. "C'est aberrant", peste-t-il. 

Lui a dû s'organiser différemment, et procéder à la fabrication de ses pots de piment très tôt le matin avant que l'eau ne soit coupée, soit de 4h à 10h30. Et chambouler toute son activité : "Habituellement je fabrique 150 bocaux par jour, aujourd'hui je n'ai pu en faire que 90". 

"Le temps de remplir un bac, c'est fini"

Jean-Pierrot Pausé, lui aussi maraîcher à la Bretagne, souffre aussi des coupures. "On a planté des brèdes cette semaine, mais sans eau tout ça va crever", dit-il en désignant le sol sec sous ses pieds. 

"On ne peut rien faire pour les brèdes ni les salades. On ne peut pas non plus les couper parce qu'il n'y a pas d'eau pour les laver et ensuite pouvoir livrer" 

Jean-Pierrot Pausé, maraîcher à la Bretagne

Lui se plaint du non-respect des horaires de reprise de la distribution annoncées chaque jour. "La dernière fois l'eau est arrivée et ça a duré une demi-heure de temps avant de couper. Le temps de remplir un bac, c'est fini", souffle-t-il. 

Samedi, des citernes ont été installées précipitamment à destination des habitants des hauts de la Bretagne, et des packs d'eau ont été distribués, afin de ravitailler ceux privés de distribution depuis plusieurs jours. Malheureusement, pas de quoi faire revivre les salades déjà tombées des maraîchers. 

Les habitants des hauts se ravitaillent grâce à ces quelques citernes installées précipitamment samedi