Depuis 2008, le Cyroi participe à l'amélioration du diagnostic du cancer

Recherche contre le cancer au Cyroi
Saviez-vous que le cyclotron de la technopole, à Sainte-Clotilde, fabriquait une substance nécessaire au diagnostic de certains cancers ? Voilà 15 ans qu'une équipe de scientifique produit, dans un laboratoire sécurisé, le 18 FDG, produit radioactif utilisé en médecine nucléaire. Tout en menant des travaux de recherches pour améliorer le diagnostic. Explications.

C'est à la technopole de Sainte-Clotilde, au sein des locaux du Cyroi (Cyclotron Réunion Océan Indien), que des scientifiques réunionnais mènent activement leurs recherches autour de la lutte contre le cancer. 

Depuis 2008, le Cyroi dispose en outre d'un laboratoire de production de médicaments stériles et injectables, notamment le 18 FDG (pour fluorodésoxyglucose), un radiotraceur utilisé pour à l'hôpital et dans l'imagerie médicale, en médecine nucléaire. 

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Recherche sur le cancer au Cyroi ©Réunion la 1ère

Des enceintes blindées au plomb

Un service de 12 personnes travaille ainsi à la production de ce 18 FDG au moyen du cyclotron de la technopole, un accélérateur de particules. Dans ce laboratoire à l'atmosphère contrôlée, les scientifiques opèrent dans des enceintes blindées au plomb de plusieurs centimètres d'épaisseur, une précaution nécessaire en raison de la forte radioactivité des produits ici utilisés. D'ailleurs, ce sont des automates qui sont chargés de la fabrication, puisqu'il est impossible de les manipuler directement. 

Fabrication du 18 FDG

"La première étape va être celle de la génération du fluor 18, un isotope radioactif à courte durée de vie, par le cyclotron sur site. La fabrication va durer en moyenne deux heures avec une irradiation. A la fin on reçoit le fluor 18 qui va s'attacher à un analogue du glucose pour fabriquer le FDG", décrit le Dr Kévin Gille, directeur des opérations pharmaceutiques, radiopharmacien responsable de production industrielle au Cyroi. 

Plus de 3 000 doses fabriquées par an

S'ensuivent des étapes de purification, de dilution et de filtration, et enfin un contrôle qualité sur site pour s'assurer que le 18 FDG est conforme à toutes les normes. Plus de 3 000 doses sortent de leur laboratoire chaque année. 

Utilisé lors des examens au TEP Scan

Aujourd'hui, ce fluorodésoxyglucose ou 18 FDG est une substance radioactive utilisée en oncologie pour identifier les cellules cancéreuses lors d'examens d'imagerie de type TEP Scan (tomographie par émission de positons). 

En novembre dernier, le CHU de La Réunion devenait par ailleurs le premier hôpital de France à se doter d'un TEP Scan de dernière génération, d'un montant de 20 millions d'euros financé à 90% par la Région via le FEDER, les crédits européens.

La recherche de nouveaux radiotraceurs

"Au CHU, on utilise du 18 FDG pour la médecine nucléaire. Il est capté par la tumeur avide de glucose et de nutriments", explique le Dr Emmanuelle Jestin, responsable des recherches radiochimie cancers au Cyroi. Car, adossée à l'unité de fabrication du FDG, se trouve une unité de recherche et développement, qui actuellement vise à élaborer de nouveaux radiotraceurs à utiliser dans le diagnostic de cancers. Car "sur certaines tumeurs le 18 FDG ne répond pas très bien, on est obligés de chercher d'autres traceurs", souligne le Dr Emmanuelle Jestin.

"Notre rôle de chercheurs est de trouver de nouveaux radiotraceurs qui vont aller sur les récepteurs de tumeurs qui ne répondent pas bien au FDG pour le diagnostic des cancers"

Dr Emmanuelle Jestin, responsable des recherches radiochimie cancers au Cyroi

Des souris pour les tests

Pour tester ces nouveaux traceurs, les scientifiques font appel à de petits animaux de laboratoire. "Nous avons injecté des souris à qui nous avons inoculé des tumeurs, et nous allons voir si le traceur cible la tumeur", explique le Dr Jestin. 

Ces souris n'ont pas pour seule vocation de tester les nouveaux radiotraceurs élaborés au Cyroi. Les petits rongeurs permettent également de tester des procédures de greffe, comme le "lipofilling", comme l'explique Eva Naffrichoux, vétérinaire au Cyroi. "On teste un dispositif de lipofeeling, qui permettrait à des patients qui auraient subi une chirurgie reconstructrice, notamment lors d'un cancer du sein, pour reconstruire un sein de façon naturelle avec du gras réinjecté", dit-elle. Et les résultats, pour le moment, sont plutôt concluants.