Dans un rapport rendu en avril dernier, un expert en prévention des incendies soulève plusieurs anomalies dans la conception de la résidence La Marina, où cinq personnes sont décédées le 12 décembre 2021.
Mickaël Nimphort a perdu sa femme et ses trois enfants dans cet incendie. Deux ans et demi après, il partage son chagrin.
Regardez le reportage de Réunion La 1ère :
Un père de famille détruit par la perte de ses trois enfants
Inconsolable depuis cet incendie qui lui a enlevé son ex-femme et ses trois enfants, Mickaël Nimphort est convaincu depuis le départ que les responsabilités sont multiples.
Je ne vis plus maintenant, je survis. J'essaie de mettre la tête hors de l'eau. En plus, on a toujours des petits trucs qui nous reviennent en tête comme les anniversaires. On se sent démunis.
Mickaël Nimphort
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"La question de la sécurité"
"Il y a la question de sécurité surtout, qui trotte sans cesse dans ma tête. Comment ça se fait que ce bâtiment était aux normes, tout en sachant qu'il n'y avait aucune issue de secours ?", s'interroge Mickaël Nimphort.
Il se souvient bien du jour où son ex-femme et ses trois enfants ont emménagé dans la résidence. "Moi-même j'étais surpris quand je suis arrivé sur place. On voyait qu'il y avait des soucis. On savait que tôt ou tard ça aurait généré des problèmes graves. Je me disais que ce n'était pas possible de vivre dans ce bâtiment. Comment cette résidence pouvait accueillir des gens ?", témoigne-t-il.
La Résidence La Marina : "un immeuble vétuste"
Absence de voie d'accès pour les secours, quantité trop importante de bois devant l'immeuble : les défaillances auraient dû alerter le bailleur social.
Le rapport d'expertise met notamment en cause le maître d’ouvrage, le service urbanisme de la mairie, le contrôleur technique et le bailleur social la SIDR, dont Mickaël Nimphort pointe les manquements.
"On parlait surtout de la vétusté de l'immeuble qui n'avait pas été entretenu pendant les sept années où ils (son ex-femme et ses trois enfants NDLR) ont vécu là-bas", souligne Mickaël Nimphort.
L'intervention des sapeurs-pompiers n'est pas incriminée par l'expert. Une fois encore, il est du même avis que Mickaël Nimphort. "On s'est déjà entretenu plusieurs fois avec eux, ils n'ont rien pu faire du tout", déplore-t-il.
Dans l'attente d'un procès
Il faudra plusieurs années avant un procès. Mickaël Nimphort en est conscient, mais il garde espoir. Il souhaite que les responsables de cet incendie mortel se retrouvent un jour devant le tribunal.
"Si, depuis le début, ils n’avaient pas mis cet immeuble en service, mes enfants seraient vivants aujourd'hui", lance-t-il, rempli d'émotions.
Sollicitée par la rédaction de Réunion La 1ère pour réagir à ce rapport, la SIDR indique que ses services analysent actuellement le rapport d'expertise. Selon le bailleur social, "l'étude sera finalisée dans les plus brefs délais".