A Saint-Denis, ces femmes ont marché pour leurs droits

Marche Femmes Solid'Air
Vendredi en fin d'après-midi, une cinquantaine de personnes, en majorité de femmes, ont défilé sur le boulevard Sud à Saint-Denis lors d'une première "Marche pour la Sororité", en cette journée internationale des droits des femmes. Ce samedi matin, d'autres ont battu le pavé, lors de la marche organisée par Femmes Solid'Air.

Ce samedi 9 mars, au lendemain de la journée internationale des droits des femmes, un défilé était organisé à l'initiative de l'association Femmes Solid'Air, à Saint-Denis au départ du Jardin de l'Etat.

Regarder le reportage de Réunion La 1ère : 

Marche solidaire pour le 8 mars à Saint-Denis ©Réunion la 1ère

Plusieurs revendications étaient brandies par les participantes, dont la mise à l'abri des femmes ayant déposé plainte après des violences, ou l'instauration de numéros d'appel d'urgence et d'écoute accessibles aux créolophones. 

Marche Femmes Solid'Air

"Fanm lé kapab' !"

"Les hommes essaient de tout s'accaparer. (...) Les choses ne changent pas, c'est pour ça qu'on est là aujourd'hui", fait remarquer Nassu, membre des Femmes Solid'Air.

"Fanm lé kapab'!" s'écrie quant à elle Stéphanie, qui fait aussi partie de l'association. Elle déplore des écarts de salaires entre hommes et femmes pouvant aller de 7 à 15%. "Ziska kel èr ??", s'interroge-t-elle. 

"Remettre le 8 mars dans son contexte"

Si les causes sont plus que légitimes, les particpants n'étaient pourtant qu'un peu moins d'une centaine à défiler sur la rue de Paris ce samedi matin.

Marche Femmes Solid'Air

Pas une surprise pour Pierrette Mira, directrice de l'association Femmes Solid'Air. "Nou té koné noré pas eu grand-monde, navé tellement de choses pou détourne l'attention des gens", regrette-t-elle, faisant allusion aux événements organisés à l'occasion du 8 mars mais davantage tournés vers l'apparence de la femme plutôt que ses droits. "Nous ne sommes pas contre, mais nous voulé remettre le 8 mars dans son contexte, qu'il regagne ses droits lui aussi", clame Pierrette Mira.

"On est là pour lutter pour nos droits et pas pour faire les poupettes" 

Pierrette Mira, directrice de l'association Femmes Solid'Air

Une première "Marche de la Sororité" sur le boulevard Sud

"Droit à la liberté, droit à la vie, droit à la sécurité" pour les femmes : telles étaient les principales revendications de la "Marche de la Sororité" qui était quant à elle organisée hier le vendredi 8 mars, journée internationale des droits des femmes. Quelques collectifs se sont joints à l'initiative, dont "Nous Toutes 974", "Meuf ki ose", ou "Aujourd'hui Les Citoyennes".

Marche de la Sororité

 

A Saint-Denis, le long du boulevard Sud, du parc de la Trinité à la fresque des Marrons au niveau du Moufia, habillées de noir, une cinquantaine de personnes ont donc défilé sans gêner la circulation. Scandant, pour certaines :  "Nous sommes fortes, nous sommes fières, et féministes et radicales et en colère !" 

Les réactions de quelques participantes à la Marche de la Sororité, sur Réunion La 1ère : 

ITV Marche de la Sororité

"Marquer le coup" 

Cette première Marche de la Sororité, prônant la solidarité entre les femmes, était nécessaire pour "marquer le coup", selon son organisatrice, Maëva Gastrin, 30 ans, et également élue au conseil des jeunes Dionysiens. 

"C'est une marche pour marquer le coup, être dans la lutte, faire une rétrospective de ce qui a déjà  été fait, célébrer l'entrée de l'IVG dans la Constitution, et se préparer à organiser des luttes toute l'année"

Maëva Gastrin, organisatrice de la "Marche de la Sororité"

"L'homme reste supérieur aux femmes" 

Elle considère qu'aujourd'hui encore, en tant que femmes, "nos droits sont toujours bafoués". 

"Nous ne sommes pas encore là où nous devons être", martèle-t-elle, citant les points noirs que sont les violences intrafamiliales, ou encore l'inégalité de salaires entre femmes et hommes. "L'homme reste supérieur à nous les femmes", déplore Maëva Gastrin.

Marche de la Sororité

Marcher ensemble pour se sentir unis

Pour une autre marcheuse, "on est dans une société où il y a besoin qu'on descende dans la rue pour défendre nos droits, être ensemble et se sentir unis pour revendiquer la même chose". 

"Pendant des années on a été mises de côté, pas écoutées, oubliées. Aujourd'hui on est là, et c'est possible grâce à nos droits qui sont de plus en plus mis en valeur" 

Une participante à la Marche de la Sororité

Lutter contre les violences sexistes et sexuelles

Pour une autre femme, les efforts doivent plus particulièrement se concentrer sur la "lutte contre les violences sexistes et sexuelles, surtout ici à La Réunion". "Il faut être sur le terrain et toujours rappeler qu'on ne reculera devant rien pour nos droits", s'écrie-t-elle.

Trop d'écarts entre les deux sexes 

Au-delà de l'éducation qui doit, dit-elle, enseigner le consentement aux enfants, il s'agit aussi de "donner plus de visibilité aux femmes". Elle pointe aussi du doigt les écarts qui persistent entre hommes et femmes dans de trop nombreux domaines.

Exemple ? "On parle beaucoup de l'IVG aujourd'hui mais pourquoi on ne parle pas plus de la contraception masculine, pourquoi est-ce que les hommes ne prennent pas plus leur part ?"

Marche de la Sororité

 

"Pour un changement positif dans ce monde"

Pour cette autre participante, marcher entre "soeurs" aujourd'hui est une démarche "solidaire". 

"Il faut faire comprendre à la génération qui arrive qu'on s'est battues pendant des années pour pouvoir avoir des droits et qu'il faut continuer dans ce sens-là, pour un changement positif dans ce monde" 

Une participante à la Marche de la Sororité

"Les hommes doivent être ici" 

Enfin, parmi cette grande majorité de femmes, quelques hommes. Celui-ci, parfaitement à l'aise, explique pourquoi il a tenu à être présent lors de cette Marche de la Sororité.

"C'est important d'être là parce que les femmes sont nos alter ego, on ne peut pas faire l'humanité sans elles et leur place est plus que légitime. Il faut qu'elles soient visibles et manifestent leurs droits. Je me sens bien dans cet écosystème parce qu'elles sont nos miroirs. Ce sont nos soeurs, nos mères, nos grand-mères, et les hommes doivent être ici"

Un participant à la Marche de la Sororité

Une manifestation de l'intersyndicale ce vendredi matin

En cette journée internationale de lutte pour les droits des femmes, plusieurs événements étaient au programme. A commencer par cette grève de l'intersyndicale pour l'égalité de traitement entre les femmes et les hommes, notamment dans le cadre professionnel. Une manifestation a réuni une cinquantaine de personnes sur le Barachois ce vendredi matin.