La visite du Garde des Sceaux Eric Dupond-Moretti promet d'être mouvementée si l'on se fie aux annonces faites par certains syndicats de magistrat.
Arrivé dans l'île peu avant avant 8h, ce jeudi 10 mars, le ministre n'a pas perdu de temps et a débuté sa première journée, sur les deux consacrées à La Réunion, par la visite du tribunal judiciaire de Saint-Denis, à Champ Fleuri.
Revoir le reportage de Réunion La 1ère :
Un terrain familier
Il a été accueilli peu après 9h, au palais de justice par la procureure de Saint-Denis Véronique Denizot et le président du tribunal Bruno Karl, aux côtés notamment du président du Conseil départemental Cyrille Melchior.
Le ministre de la Justice connait déjà bien les palais de justice réunionnais et en particulier la cour d'assises de Saint-Denis où il a déjà eu l'occasion de plaider, du temps de sa carrière d'avocat pénaliste, dans des dossiers retentissants tels que le procès Fraumens, l’affaire Vinguetama ou encore le douloureux procès Mamodtaky.
L'appel au boycott du Syndicat de la Magistrature
Notons que la section régionale du Syndicat de la Magistrature appelait au boycott de cette visite, déplorant notamment sa confirmation tardive après deux reports de dernière minute.
A l'instar des autres organisations, ce syndicat réclame avant tout des moyens matériels et humains pour assurer le travail dans les meilleures conditions, alors que les dossiers s'empilent et que les délais de traitement s'allongent.
Entre "souffrance au travail" et "perte de sens"
"Bien que les manifestations de désespoir se multiplient, il persiste à ignorer la perte de sens et la souffrance au travail des magistrats et fonctionnaires de greffe, minimisant la sous-dimension des effectifs et se glorifiant des résultats obtenus en tordant les chiffres", écrit encore le Syndicat de la Magistrature.
Face à une greffière du bureau d'ordre pénal, là où on l'en enregistre les plaintes, le ministre a rappelé que "près de 700 magistrats" ont été embauchés. "Sous le quinquennat précédent, c’était 27, et sous celui d’avant, c'était moins 142 ! On ne remplaçait pas les gens qui partaient à la retraite. C’est ça qu’on paie aujourd’hui ! Et cet effort, il n’est pas terminé, il y a aura notamment les Etats généraux. Il y aura je pense une loi-programmation justice parce que oui, il nous manque des magistrats et des greffiers."
Après la visite du tribunal dionysien, Eric Dupond-Moretti doit se rendre au centre pénitentiaire de Domenjod, en fin de matinée, puis ensuite au tribunal judiciaire de Saint-Pierre cet après-midi à 16h.
La déception du syndicat FO Pénitentiaire
Du côté du personnel pénitentiaire, on déplore cette visite faite "au pas de course". Vincent Pardoux de FO Pénitentiaire parle d'une visite qui s'apparente plus à "une visite électorale".
"Il y a des points importants sur lesquels on aurait aimé échanger avec lui. Je pense à la construction d’un nouvel établissement pénitentiaire dans le Sud qui est à notre avis une nécessité absolue". La maison d'arrêt de Cayenne, à Saint-Pierre, se trouve en effet dans un état état de vétusté avancé.
Revoir l'interview de Vincent Pardoux sur Réunion La 1ère :
A Mayotte, vendredi après-midi
Le vendredi 11 mars, Eric Dupond-Moretti visitera une unité éducative d’activité de jour, à Sainte-Clotilde avant de participer à la cérémonie nationale d’hommage aux victimes du terrorisme, parvis des Droits de l’Homme, à 10h30.
Direction ensuite Mayotte, où il est attendu à 16h30 au tribunal judiciaire de Mamoudzou. Il poursuivra son programme avec une visite des locaux de la Protection judiciaire de la jeunesse. Samedi 12 mars, il se rendra au centre pénitentiaire de Majicavo.