Prise illégale d'intérêts au SDIS : six mois de prison avec sursis et un an d'inéligibilité requis à l'encontre de Nassimah Dindar

Nassimah Dindar est devant la cour d'appel ce 23 mars 2023, pour prise illégale d'intérêts. On lui reproche d'avoir fait embaucher son ancienne femme de ménage et son ancien jardinier au SDIS, alors qu'elle en était la présidente du conseil d'administration. L'actuelle sénatrice avait obtenu la relaxe en première instance, en 2021.

Relaxée en première instance, revoilà la sénatrice Nassimah Dindar devant la justice ce jeudi 23 mars 2023. L'ancienne présidente du conseil départemental, et donc du conseil d'administration du SDIS (Service départemental d'incendie et de secours), est devant la cour d'appel pour une affaire de prise illégale d'intérêts : on lui reproche d'avoir embauché son ancienne femme de ménage et son ancien jardinier au SDIS alors qu'elle était présidente du Conseil départemental.

Une enquête avait été ouverte en 2018 par le parquet de Saint-Denis, après parution de deux rapports de la Chambre régionale des comptes sur la gestion du SDIS. 

Six mois de prison avec sursis requis 

L'avocate générale a requis en fin de matinée une peine de 6 mois de prison avec sursis assortis d’une amende à définir par la cour, et une peine maximale d’un an d’inéligibilité, à l'encontre de Nassimah Dindar. Le délibéré sera rendu le 1er juin 2023. 

"Fais-moi signe quand tu déposeras ton CV"

Lors de l'audience, les détails de ce dossier de favoritisme ont été rappelés à la sénatrice, présente ce jeudi. "Fais-moi signe quand tu déposeras ton CV", aurait déclaré Nassimah Dindar à sa femme de ménage. Mais l'ancienne présidente du Département dit n'en avoir aucun souvenir. "Je n'ai jamais engagé de femme pour s'occuper de moi, je sais très bien m'occuper de moi toute seule", se défend-elle. 

"Je n'ai jamais été celle qui recrutait"

De même concernant l'embauche de son ancien jardinier. "Je n'ai jamais recommandé ce jardinier devant le DRH", clame-t-elle. Ou encore : "Je n'ai jamais été celle qui recrutait, ni même celle qui tenait la plume de la DRH". Un cadre du SDIS soutient pourtant le contraire, déclarant que c'est "madame Dindar qui nous remettait les CV". 

Le jardinier a bénéficié d'un CDD (contrat à durée déterminée) au SDIS, du 1er décembre 2015 au 30 novembre 2016, soit 12 mois, alors qu'il n'était justifié par aucun accroissement temporaire d'activité. La femme de ménage elle, a signé un CDD débutant le 2 mars 2017, en remplacement du départ à la retraite d'une autre employée. 

"Un fort caractère"

L'ancien directeur du SDIS, Jean-Marc Loubry, explique pour sa part avoir eu des relations difficiles avec celles qui dit-il, a "un fort caractère". 

Pour autant, l'ancienne présidente du conseil d'administration du SDIS dit avoir été plutôt neutre à l'époque. "Personne au SDIS n'était ni mes amis, ni mes ennemis", soutient Nassimah Dindar. 

L'avocate Me Valérie Yen Pon, pour l'association Anticor, a elle demandé un euro symbolique. 

"Pas la tatie Nassimah de la presse"

Me Normane Omarjee, avocat de Nassimah Dindar, souligne pour sa part que "dans le dossier, les seuls éléments considérés comme des preuves viennent de personnalité qui sont en froid, en difficulté, ou qui ont pour ennemi madame Dindar". N'oubliant pas de rappeler que sa cliente "n'est pas la tatie Nassimah qu'on décrit dans la presse". 

Relaxée en première instance

L'actuelle sénatrice avait été jugée une première fois au tribunal correctionnel de Saint-Denis le 5 mars 2021. Verdict en première instance : la relaxe, faute preuves. Le procureur avait pourtant requis à l'époque 5 mois d'emprisonnement avec sursis et 2 ans d'inéligibilité à son encontre.