Il y a quelques jours sur les réseaux sociaux a circulé une vidéo montrant des personnes à bord de ce qu'il reste du Tresta Star. L'un des protagonistes de la vidéo a même été filmé plongeant depuis l'épave du navire.
Pour rappel, ce tanker mauricien avait échoué début février 2022 dans le Sud Sauvage, lors du passage du cyclone Batsirai.
L'affluence touristique constatée sur les lieux n'a en fait rien d'étonnant au vu des sites internet qui mentionnent cet endroit de Saint-Philippe comme une visite incontournable pour les touristes. Ce qui est plus étonnant, c'est que les visiteurs s'y risquent malgré les interdictions en vigueur.
Regarder le reportage de Réunion La 1ère :
"Ça nous a semblé naturel de venir"
"J'ai vu que la baignade était interdite, mais pour l'accès au lieu je ne savais pas du tout", déclare Alexandre, un visiteur des lieux ce jour-là.
"Avec les avis Google maintenant on peut voir les choses à faire à La Réunion, et le bateau en fait partie, on a envie de venir voir ce qui s'y trouve, et ce n'est pas forcément mentionné que c'est interdit"
Alexandre, touriste
"Je trouve que c'est un endroit merveilleux, il ne faut pas le rater quand on vient à La Réunion, rien que pour la coulée de lave et la plage de sable vert", estime une touriste franco-allemande.
Alizée elle, admet avoir "vu sur internet que c'était un endroit parfois interdit d'accès". Pourtant, elle s'y est risquée, et n'a eu aucune difficulté à emprunter le sentier pour arriver jusqu'à l'épave.
"Il y avait une barrière en haut, ouverte, avec un panneau, mais je ne suis même pas sûre que c'était écrit "interdit". En tout cas je n'ai pas eu l'impression de braver un interdit. Il y avait plein de gens devant nous et plein de voitures garées près de la nôtre, ça nous a semblé naturel de venir".
Alizée, touriste
"Voir des ses propres yeux"
Eva, touriste elle aussi, avoue avoir été "curieuse de savoir comment c'est possible" que ce navire ait échoué à cet endroit et y reste, et voulait "le voir de ses propres yeux". Elle dit n'apprendre qu'à l'instant que le site est interdit d'accès, ce qui interroge la visibilité des arrêtés d'interdiction à proximité du site et du sentier.
"Pourquoi il y a autant de gens qui circulent comme ça si c'est interdit ?"
Eva, touriste
Trois interdictions différentes
Pourtant, l'accès au Tresta Star, et même à ses abords, est bel et bien interdit, par non moins de trois décisions.
Un arrêté préfectoral interdit l'accès au sentier littoral et à la plage du Tremblet, une décision de l'ONF (Office national des forêts) interdit l'accès en véhicule sur le chemin du Vieux Port, et un arrêté municipal interdit l'accès au bateau et à un périmètre de 300m autour, résume Jean-François Grondin, chef de la police municipale de Saint-Philippe. "Les interdictions y sont, mais elles ne sont pas respectées", regrette-t-il.
La police municipale veille
Tout contrevenant risque entre 35 et 135 euros d'amende. Et la police municipale effectue régulièrement des patrouilles à l'entrée du sentier pour faire respecter les différents arrêtés.
Daniel Collet, chef du pôle développement du territoire à la mairie de Saint-Philippe, évoque le "fort pouvoir attractif du site et du bateau" pour expliquer l'affluence de visiteurs. En effet, outre l'insolite épave, les touristes viennent aussi à la rencontre de la plus jeune plage de La Réunion, aux reflets verts.
"C'est peut-être recommandé sur certains sites mais ça reste dangereux et interdit parce qu'on risque sa vie à venir près du bateau".
Daniel Collet, chef du pôle développement du territoire à la mairie de Saint-Philippe
Un site attractif... mais dangereux
Malgré les apparences, le site est bel et bien dangereux : forte houle, vent, sol friable... Il l'est encore plus pour ceux qui se risquent à monter à bord de l'embarcation en pleine dégradation, après plus de deux ans à subir la force de la nature.
Les risques sont nombreux, à commencer par les chutes depuis le bord de l'eau ou depuis le bateau, à un endroit où la mer est fort agitée.
"Le mieux, c'est de ne pas venir"
Pourtant, nombre des randonneurs croisés sur ce sentier, et même aux abords du Tresta Star, sont en short, sans équipement de protection, et parfois même... en tongs.
"Comme sur tous les sentiers de La Réunion il faut être équipé pour se protéger d'une blessure ou d'une chute. Le mieux c'est de ne pas venir", insiste Daniel Collet.
Dangereux pour les visiteurs et les sauveteurs
Le maire de Saint-Philippe, Olivier Rivière, explique l'impossibilité pour la police municipale de veiller au respect des interdictions à cet endroit 24/24h et 7/7j.
Alors il lance un appel à la responsabilité des potentiels visiteurs, pour que ces derniers ne bravent pas les interdits, pour leur propre sécurité mais aussi celle des autres, précisément les sauveteurs. Rappelant qu'à l'époque du naufrage, les pompiers et le PGHM avaient déjà eux-mêmes risqué leur vie pour sauver les 11 marins en difficulté du Tresta Star.
"Il ne faut pas s'approcher et monter à bord"
"Il est important que chacun et chacune prenne conscience de la dangerosité des lieux. C'est une côte sauvage avec une houle qui est extrêmement importante, il ne faut pas s'approcher et monter à bord du Tresta", martèle Olivier Rivière.
"Nous observons quotidiennement qu'il y a des badauds qui s'approchent du Tresta Star, et qui très régulièrement montent à bord et prennent des risques inconsidérés. J'enjoins ces personnes à rester sur les abords et ne pas tenter de pénétrer le bateau naufragé"
Olivier Rivière, maire de Saint-Philippe
L'épave elle, devra pour sa part rester là, au Tremblet, jusqu'à ce qu'elle soit dégradée naturellement. En espérant que d'ici là, son attrait ne provoque aucun drame chez ceux ayant bravé les interdictions.