Procès de l'agression de Morgane : l'adolescent le plus impliqué dans les faits condamné à 18 ans de réclusion criminelle

Le tribunal de Saint-Pierre
Dernier jour de procès au tribunal criminel des enfants de Saint-Pierre, où sont jugés les trois adolescents mis en cause dans l'agression de la jeune Morgane en 2022. En début de soirée, l'adolescent de 16 ans auteur des coups a été condamné à 18 ans de réclusion criminelle.

Depuis le lundi 5 février 2024, trois adolescents étaient jugés au tribunal criminel des enfants de Saint-Pierre, dans l'affaire de l'agression de Morgane, 14 ans au moment des faits, en avril 2022. 

Après plus de cinq heures de délibération, le verdict a été rendu vers 20 heures ce mercredi soir. 

Le reportage de Réunion La 1ère : 

Fin du procès de l'agression de Morgane

18 ans de réclusion criminelle

L'adolescent le plus impliqué dans la violente agression, ex-petit ami de la victime, a écopé de 18 ans de réclusion criminelle. C'est moins que la peine de 20 ans, le maximum encouru, requise plus tôt dans la journée par le parquet. 

La peine de ce jeune homme de 16 ans a été assortie de 5 ans de suivi soci-judiciaire, tout comme d'une interdiction d'entrer en contact avec la victime ou les deux autres adolescents. 

A l'annonce de cette lourde peine, l'accusé n'a montré que peu de réaction. Il a été placé en détention immédiatement après la fin de l'audience. 

Des peines avec sursis pour les deux autres

Concernant ces derniers, celui qui avait fini par craquer et informer ses proches des actes, il a été condamné à 16 mois de prison dont 12 de sursis avec obligation de soins psychologiques et de scolarité ou formation,  pour non-assistance à personne en danger. 

Enfin, le troisième garçon, pour lequel l'avocat avait demandé la requalification en non-dénonciation de crime, il écope de 12 mois de prison dont 8 mois de sursis, et également une obligation de soins psychologiques et de scolarité. Sonr rôle ce jour-là avait été de tenir les téléphones portables éloignés de la scène de crime pour tromper les enquêteurs. 

Les deux garçons ont aussi interdiction d'entrer en contact les uns avec les autres, et avec la victime. 

"Il ne pouvait pas appréhender la réalité de ce qu'il s'était passé"

Concernant le jeune condamné pour non-dénonciation de crime, ses quatre mois de prison ferme ayant été déjà purgés précédemment en détention provisoire, il ne retournera pas en prison. Son conseil, Me Farid Issé, se satisfait du jugement à son encontre. 

"J'ai pu expliquer, et le tribunal a reconnu, que du haut de ses 14 ans, avec des fragilités psychologiques et une personnalité enfantine, comme il n'avait pas vu la scène de crime, il ne pouvait pas appréhender la réalité de ce qu'il s'était passé". 

Me Farid Issa, avocat d'un des jeunes condamné pour non-dénonciation de crime

Pas d'éclairage sur les motivations

Les trois jours de procès n'auront en revanche pas permis d'en savoir plus sur les raisons ou motivations de cet acharnement sur la victime, ni été l'occasion d'excuses à la barre. 

Selon les experts, le profil psychologique de l'accusé n'aurait rien de rassurant, parlant de "psychopathe primaire".

Nicole Florentiny, psychologue, était l'invitée de la Matinale sur Réunion La 1ère ce jeudi matin. Un extrait ci-dessous :

Extrait Nicole Florentiny, psychologue
 

Le jeune victime elle, a assisté à quasiement toute l'audience, ne sortant que de rares fois. 

Dédommagement

En termes de dédommagement, le tribunal a condamné les trois mineurs à payer solidairement la somme de 120.000 euros comme provision pour le préjudice de Morgane. La jeune fille sera examinée par un médecin à ses 18 ans qui évaluera le préjudice subi.
D’autres condamnations financières ont été prononcées, en faveur de la famille de la victime. 

20 ans requis

Les réquisitions du parquet ont été connues ce mercredi à la mi-journée : 20 ans de détention à l'encontre de l'ex-petit ami, poursuivi pour tentative de meurtre avec préméditation, soit le maximum encouru. Auraient également été requis 5 ans de suivi socio-judiciaire. 

A l'encontre de ses deux jeunes camarades, le procureur aurait requis 16 mois de détention à l'encontre de l'un d'eux, pour non-assistance à personne en danger. Pour l'autre, son avocat aurait demandé une requalification en non dénonciation de crime. Il risque lui aussi 16 mois de détention.

A huis clos depuis lundi

En raison du jeune âge des prévenus, c'est à huis clos que se déroulaient les audiences depuis lundi. Le droit établit que l’audience peut ne pas être publique si un co-accusé est mineur ou si la victime est mineure.

Rappel des faits de l’agression de Morgane

Pour rappel, Morgane, 14 ans, avait été laissée pour morte sous un pont dans le quartier de Terre-Sainte à Saint-Pierre, en avril 2022. Elle était recherchée depuis les deux jours précédents.

Victime de violents coups portés à la tête, elle a failli être égorgée. A l’époque, l'enquête a conduit à l'identification de trois adolescents. L'auteur principal, son ex-petit-ami, aurait été le seul à lui avoir porté les coups. Il avait été mis en examen et écroué pour tentative d'assassinat.

Les deux autres adolescents mis en cause eux, étaient au courant de la macabre opération de leur ami, mais n'avaient rien dit alors qu'ils avaient été interrogés par la police. L'un d'eux avait fini par avouer, ce qui avait permis la découverte de l'adolescente sous un pont.