La situation est sidérante : c'est un immeuble "flambant neuf" de Sainte-Marie, livré en octobre 2023, qui a vu s'envoler sa toiture lors du passage du cyclone Belal en janvier dernier.
Il en va de même pour les murs et barres de maintien extérieures, qui n'ont pas tenu le choc face aux intempéries.
Immeuble de la Semader
Depuis, certains locataires sont toujours traumatisés, tiennent à souligner le maire de la commune, Richard Nirlo, et l'administrateur de la Confédération nationale du logement (CNL) de La Réunion. Car dans ce logement social, bien de la Semader, vivent notamment des seniors dont certains sont atteints de la maladie d'Alzheimer.
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"Une journée d'enfer" pendant le passage du cyclone
"Ces locataires ont vécu une journée d'enfer ce lundi où est passé le cyclone. On ne veut plus que ça se reproduise, et chacun doit assumer ses responsabilités dans ce dossier", martèle Erick Fontaine, l'administrateur de la CNL.
"Il y a eu une mise en danger de la vie d'autrui, des personnes âgées ont failli perdre la vie, d'autres ont eu sur les épaules leur faux-plafond qui est tombé, c'est inacceptable de voir cela à La Réunion."
Erick Fontaine, administrateur de la CNL.
L'arrêté de péril ordinaire signé ce 8 mars
Pour Richard Nirlo, maire de Sainte-Marie, il était primordial de prendre en main le dossier pour assurer la sécurité des locataires de la résidence Semader. La ville a saisi le tribunal administratif, et un expert judiciaire a été nommé. Ce dernier a confirmé la situation d'insécurité de la résidence Karavel et souligné les malfaçons des bâtiments, ce qui a permis au maire de signer ce vendredi 8 mars 2024 un arrêté de péril ordinaire.
"Cet arrêté était indispensable et vital pour la bonne et simple raison que nous avons constaté des dysfonctionnements au niveau de cet immeuble livré en octobre 2023 et qui a subi de graves désordres lors du passage du cyclone Belal. Je trouve ça inacceptable parce qu'il y a eu une mise en danger des locataires. (...) Mes responsabilités m'obligent à sécuriser les locataires qui vivent dans les immeubles sur le territoire de la commune"
Richard Nirlo, maire de Sainte-Marie
En plus des dégâts causés par le passage du cyclone, des malfaçons étaient déjà observées avant même cet épisode, dont des infiltrations d'eau, des équipements inadaptés...
Phase judiciaire
L'arrêté de mise en péril ordinaire permettra désormais d'entrer dans une phase judiciaire et d'enclencher des actions. A l'encontre de la Semader, le bailleur social de cet immeuble, mais aussi à l'encontre du constructeur, la société Opale.
Trouver les responsables
Erick Fontaine de la CNL entend désormais voir avec un cabinet d'avocats quelles sont les actions qui peuvent être engagées, notamment au titre de la mise en danger de la vie d'autrui.
"On veut savoir ce qui s'est passé, pourquoi dans un immeuble neuf le toit s'envole alors que le vent souffle à peine à 150km/h"
Erick Fontaine, administrateur de la CNL
Des actions possibles pour les locataires
Jean-Baptise Depieretti, le porte-parole des locataires de la résidence Karavel, se réjouit de cet arrêté. "C'est une très bonne chose, pour que nous puissions nous défendre face à la Semader. Nous voulons qu'elle résolve cette situation", commente-t-il.
Désormais, les locataires pourront par exemple envisager de réclamer une suspension du paiement des loyers, d'une part, mais d'autre part de trouver qui sont les responsables des nombreuses malfaçons sur un immeuble livré il y a quelques mois seulement. "C'est une tragédie, il y a des mamies et des papis qui n'en dorment plus la nuit" souffle-t-il.
Près de 150 immeubles de moins de 10 ans connaissent des malfaçons
Néanmoins, le cas de l'immeuble Karavel est loin d'être unique. Selon Erick Fontaine, ce sont 148 immeubles de moins de dix ans qui font les frais de nombreuses malfaçons à La Réunion. Des malfaçons dont les corrections pourraient coûter près d'un milliard d'euros cumulés, selon les estimations de la CNL.
"C'est un véritable scandale, on a l'impression que ça devient banal, la norme. (...) On va poursuivre nos actions, on veut qu'une Commission d'enquête soit mise en place. Chacun doit assumer ses responsabilités"
Erick Fontaine, administrateur de la CNL