La première baleine à bosse de l’année a pointé le but de sa nageoire début mai dans les eaux de La Réunion. Une arrivée plus précoce que l’an dernier, où le premier spécimen avait pu être aperçu le 25 juin.
417 individus avaient alors été recensés, un record. Chaque individu peut être identifié grâce à sa nageoire caudale.
2023 s’annonce " vraiment très bonne "
" On a, depuis la première observation, un festival " se réjouit Jean-Marc Gancille, le porte-parole de l’association Globice Réunion invité de la matinale de Réunion la 1ère, " et qui va crescendo, donc on pense que cette saison sera vraiment très bonne ".
Les signalements tour autour de l’île remontent régulièrement par des gens " heureux de les voir ", depuis le Sud Sauvage jusque maintenant la Route du Littoral, explique-t-il. Il est possible de signaler des observations de cétacés via l’application pour smartphone "OBSenMER" et via les réseaux sociaux.
Les cétacés arrivent généralement par le Sud et puis montent petit à petit vers le Nord.
Jean-Marc Gancille, le porte-parole de l’association Globice Réunion
Les zones d’alimentation dans l’Antarctique en bonne santé
La forte fréquentation des baleines dans les eaux réunionnaises est notamment liée à des facteurs environnementaux en Antarctique, explique Jean-Marc Gancille. La capacité des baleines à s’y nourrir va ainsi déterminer leur habilité à migrer en nombre et dans des latitudes plus hautes.
On a le sentiment que ces dernières années ont été plutôt fastes en nourriture dans les zones d’alimentation et du coup cela détermine une capacité à venir nombreuses sur nos côtes, c’est ce qu’on est en train de vérifier.
Jean-Marc Gancille, le porte-parole de l’association Globice Réunion
Ces conditions environnementales sont variables, certaines années les baleines ont beaucoup plus de mal à se nourrir en Antarctique en raison de différents facteurs, notamment l’étendue de la glace de mer.
Quand cette dernière est très étendue, le krill, qui est la nourriture des baleines, peut se développer dans de bonnes conditions, et est donc abondant pour que les baleines se nourrissent avant la migration, explique l’expert.
Les baleines sous la menace du réchauffement climatique
Une nourriture fragile cependant, soumise aux effets du réchauffement climatique. Ce dernier aura en effet un impact colossal sur le règne animal et végétal, explique Jean-Marc Gancille.
Les baleines vont peut-être être les premiers migrants climatiques, il risque d’y avoir des famines pour ces animaux. Leur nombre croit, mais leur nourriture décroit. Il va y avoir des problèmes d’ici quelques années, insiste-t-il.
La pollution plastique est également une source de menace réelle et importante. C’est l’une des principales sources de décès des cétacés.
La Réunion, destination de reproduction
Les baleines à bosse sont présentes dans les eaux tropicales, dont celles de La Réunion, pour mettre bas et s’accoupler, c’est une zone de reproduction. Un travail de suivi est réalisé depuis une vingtaine d’année par les scientifiques à La Réunion, qui permet de dégager une tendance. Des estimations sont aussi faites dans d’autres zones de l’hémisphère Sud.
En gros depuis la fin de la chasse à la baleine, où ces animaux ont été décimés, on estime que les populations se sont reconstituées. On a environ 100 000 baleines à bosses dans l’hémisphère Sud et une partie d’entre elles viennent nous voir à La Réunion.
Jean-Marc Gancille, le porte-parole de l’association Globice Réunion
Avec son Campus Cétacé Mobile, l’association Globice Réunion sensibilise petits et grands sur les 25 espèces de cétacés présentes à La Réunion, leurs besoins essentiels et la manière de les respecter. Il sera installé durant toutes les vacances sur le bout du débarcadère de Saint-Paul.
La baleine bleue, plus grand animal du monde
A La Réunion, les observations depuis le littoral sont principalement celles de baleines à bosses, une espèce assez emblématique. En mai dernier, deux spécimens de baleines bleues ont pu être observés au large de la Route du littoral à environ 50 km des côtes.
Il s’agit du plus grand animal du monde avec ses 30 mètres de long, « plus grand même que les dinosaures à l’époque où ils existaient ». La baleine bleue fait quasiment le double de la taille d’une baleine à bosse.
Que ce soit la présence de cette espèce ou des baleines à bonne, cela est un " très bon signe ", selon Jean-Marc Gancille.
L’approche doit toujours se faire de façon paisible
Si un saut de baleine à bosses est avant tout l’occasion pour l’animal de se débarrasser de parasites ou de signaler sa présence par le bruit aux autres individus, une frappe de la nageoire caudale traduit davantage un agacement, l’envie d’être laissée tranquille ou bien une manifestation de joie, tout dépend des circonstances.
L’approche des baleines doit toujours se faire de façon paisible, prévient le porte-parole de Globice Réunion. La vitesse d'approche doit être la plus réduite. Une nouvelle génération de bateaux avec des moteurs électriques fait son apparition. Une innovation qui mérite de faire des émules mais qui ne dispense pas de respecter les règles d’approche.
Pour rappel, depuis 3 ans une réglementation a été mise en place, il ne s’agit plus d’une charte basée sur la bonne volonté. Vitesse minimale, distance d’approche, comportement durant les mises à l’eau, les règles d’approche sont contrôlées et leur non-respect peut être sanctionné, insiste Jean-Marc Gancille.