En déplacement à La Réunion, pas plus tard que la semaine dernière dans le cadre de l'affaire du tir de LBD ayant coûté un œil au jeune Steve au Port, en 2014, l'avocat pénaliste Laurent-Franck Liénard est également chargé de la défense du policier réunionnais qui vient d'être mis en examen pour les coups de feu ayant coûté la vie à deux hommes, le dimanche 24 avril, à Paris.
Son client, qui est originaire du Tampon, explique avoir tiré en état de légitime défense alors que la voiture des victimes fonçait sur son collègue et lui-même, au niveau du Pont-Neuf. Il a tiré une dizaine de balles avec son HK G36, fusil d'assaut et une demi-douzaine d'impacts auraient atteint les occupants du véhicule.
Mis en examen pour meurtre
Le fonctionnaire de police, qui n'est âgé que de 24 ans, patrouillait alors avec son équipe sur le quai des Orfèvres quand le conducteur du véhicule, garé à contresens, s'est dérobé au contrôle de police.
Mais c'est pourtant bien la qualification d'homicide volontaire, en somme de meurtre, qui a été retenue par les magistrats. Selon le règlement, le fusil du policier aurait dû être positionné en mode "coup par coup", ce n’était pas le cas au moment des faits.
"Mon client est anéanti, c’est un jeune homme qui est entré dans la police pour sauver les gens, par pour les tuer évidemment, a réagi Me Liénard sur Réunion La 1ère. Il a subi une situation qui était extrêmement difficile à vivre, la situation dans laquelle il s’est vu mort, percuté par ce véhicule..."
Revoir l'interview de Me Laurent-Franck Liénard de Réunion La 1ère :
Une qualification jugée sévère
"Tout ça est extrêmement difficile à vivre. Vous imaginez bien la charge émotionnelle, la charge psychologique qui pèse sur lui aujourd’hui. C’est considérable et c’est difficilement supportable".
L'avocat trouve sévère la qualification d'homicide volontaire qui a été retenue, tout en tempérant la portée de cette décision prise au début d'une procédure qui s'annonce longue.
"Restons raisonnables"
"Il faut laisser le temps judiciaire faire son œuvre", défend le conseil parisien. "On va travailler à faire établir la légitimité de ces tirs. La justice d’ailleurs n’a pas dit que la légitime défense n’était pas acquise, mais qu'il y a une infraction qui est susceptible d’être reprochée à mon client".
Et l'avocat de poursuivre : "Ne confondons pas l’ouverture d’une information judiciaire avec une qualification de principe qui est prise au départ et l’ordonnance de renvoi éventuelle devant une juridiction, qui sera faite dans trois, quatre ou cinq ans, quand on aura l’ensemble des éléments".
Le policier pourra revenir à La Réunion
Comme nous le révélions hier, le policier réunionnais a été laissé libre sous contrôle judiciaire mais il a interdiction de quitter le territoire métropolitain, exception faite pour se rendre ici, à La Réunion, son île natale.
Installé en Ile-de-France, il a interdiction également de porter une arme et d'entrer en contact avec ses collègues ou encore de paraître à Paris.