Au soir des résultats de l'élection présidentielle, dimanche 24 avril, un fait divers est venu secouer la capitale : deux hommes sont morts après qu'un policier a ouvert le feu sur leur véhicule. Un troisième, situé à l'arrière de la voiture, a été blessé. Interrogé par l'IGPN, la police des polices, après le drame, le gardien de la paix, un jeune homme de 24 ans originaire de La Réunion, a été mis en examen mercredi.
La légitime défense, prônée par le fonctionnaire, n'a pas été retenue par le parquet : il a été mis en examen mercredi notamment pour "homicide volontaire" concernant le conducteur. Selon une source judiciaire, le policier a par ailleurs été mis en examen pour "violences volontaires par personne dépositaire de l'autorité publique ayant entraîné la mort sans intention de la donner" s'agissant du passager avant et pour "violences volontaires aggravées par personne dépositaire de l'autorité publique" envers le passager arrière.
Il a été placé sous contrôle judiciaire, avec interdiction de quitter le territoire "sauf exception", de paraître à Paris, d'entrer en contact avec le service de police auquel il appartient pendant six mois, d'exercer en tant que policier impliquant un contact avec le public, de port d'arme et de contact avec les victimes. Il a également une obligation de soins.
Le syndicat de police Alliance a aussitôt contesté une "décision inadmissible" des juges, appelant à un rassemblement lundi 2 mai à la Fontaine Saint-Michel, face au Tribunal de Paris.
"Seul" policier à être armé d'un fusil d'assaut
Dimanche, peu avant minuit, une patrouille de cinq policiers s'était dirigée vers une voiture garée à contresens, feux de détresse allumés, quai des Orfèvres sur l'île de la Cité, à Paris, pour contrôler ce véhicule, selon le compte rendu d'intervention de la police consulté par l'AFP.
Alors que les policiers s'approchaient de l'avant de la voiture, celle-ci a démarré et aurait "foncé vers un des fonctionnaires qui s'est écarté pour l'éviter", toujours selon la version des fonctionnaires de police.
"Le seul" policier sur place à être armé d'un fusil d'assaut a alors ouvert le feu sur le véhicule qui prenait la direction du Pont-Neuf où il a terminé sa course après être monté sur un terre-plein. Selon les premiers éléments de l'enquête, une dizaine de cartouches ont été tirées, "cinq ou six impacts ayant atteint les individus".
Le gardien de la paix réunionnais était équipé d'un HK G36, un fusil d'assaut dont sont équipés les policiers et les gendarmes, depuis les attentats jihadistes meurtriers du 13 novembre 2015 à Paris, pour pouvoir riposter aux tirs de kalachnikov.
"Préserver" les témoignages
Âgé de 24 ans, le policier présenté mercredi à deux juges d'instruction est membre d'un groupe d'appui de nuit au sein de la Compagnie de Sécurisation de la Cité (CSC) - unité chargée notamment de la protection de la caserne de la Cité, siège de la préfecture de police.
Le conducteur de la voiture, âgé lui de 25 ans, retrouvé inerte au volant, et son passager avant, 31 ans, découvert allongé sur le sol à droite de la voiture, sont décédés sur place malgré les soins prodigués par les services de secours.
Tous deux étaient nés à Paris et résidaient dans le XXe arrondissement. Une source proche du dossier a par ailleurs indiqué qu'ils étaient "défavorablement connus, entre autres pour stupéfiants".
Le passager arrière, âgé de 42 ans et inconnu des services de police, avait été blessé au bras et hospitalisé. Il a depuis été entendu, selon une source proche de l'enquête.
Les quatre autres membres de l'équipage de police, une femme et trois hommes, ont également été entendus librement "comme témoins" par l'IGPN, selon une source proche du dossier.
Le parquet de Paris a précisé ne pas vouloir communiquer plus avant sur le fond du dossier "afin de préserver l'objectivité des témoignages qui sont encore à recueillir". En parallèle, le parquet de Paris a également ouvert une enquête pour "tentative d'homicide volontaire sur personne dépositaire de l'autorité publique", confiée à la police judiciaire parisienne.