Les violences familiales augmentent à La Réunion. Entre 2022 et 2023, elles sont en hausse de 17%. En moyenne, 12 femmes se rendent au commissariat ou à la gendarmerie chaque jour pour porter plainte. Sur notre île, 17 interventions quotidiennes des forces de l’ordre ont lieu pour cause de violences familiales.
Si les forces de l’ordre affirment “accueillir le public du mieux public” être “à l’écoute”, de leur côté, certaines victimes ont dû porter plainte plusieurs fois, avant que celle-ci ne soit prise au sérieux. C’est le cas de Paméla, une Bénédictine qui a été rouée de coups par son ex-mari pendant sept ans.
Des dépôts de plainte à plusieurs reprises pour violences conjugales
Paméla a vécu un calvaire pendant sept longues années. Rouée de coups et insultée tous les jours par son ex mari, elle a tenté de porter plainte à plusieurs reprises.
“J’ai appelé à maintes reprises pour signaler les agissements de mon ex-mari. Personne ne me croyait”, témoigne Paméla. Son dépôt de plainte a été accepté uniquement au bout de la troisième fois.
“On m’a accusé de menteuse. Mon fils a dit que son père me tapait vraiment. C’est à partir de là qu’ils ont accepté de prendre ma plainte”, déplore Paméla, qui estime que les forces de l’ordre ne l'écoutent pas.
Au total, la jeune mère de famille s’est rendue plus d’une dizaine de fois à la gendarmerie. “On m’a même demandé de fournir un document médical qui prouve que j’ai été rouée de coups. Personne ne se souciait de moi”, confie-t-elle. Aujourd’hui, Paméla a pû échapper à son bourreau. Depuis, elle milite dans une association qui aide les femmes victimes de violences intrafamiliales.
Lutter contre les violences conjugales, une priorité
De son côté, la Police nationale affirme avoir augmenté ses effectifs sur le terrain à hauteur de “10% en plus entre 2022 et 2023”, lance le commissaire divisionnaire Laurent Chavanne, directeur territorial de la Police nationale.
Les cas de violences conjugales sont très douloureux. On fait notre maximum pour accueillir au mieux les victimes. Le traitement judiciaire est priorisé pour que les enquêtes soient les plus rapides possibles.
Laurent Chavanne, directeur territorial de la Police nationale
“À partir du moment où les policiers interviennent en police secours dans un domicile, ils sont formés en la matière”, souligne Laurent Chavanne, qui pointe du doigt les dangers de l’alcool, qui est “un fléau pour notre société”.
L’alcool est au cœur d’un bon nombre de drames, d’accidentologie et de vies brisées, l’alcool est un drame pour notre société.
Laurent Chavanne, directeur territorial de la Police nationale
Violences intrafamiliales : plus de 6 000 enfants touchés à La Réunion
Hormis les violences conjugales, les principales priorités de la Police nationale sont “la lutte contre les violences intrafamiliales, la lutte contre les trafics de stupéfiants et la lutte contre l’insécurité routière. Viennent ensuite d’autres luttes, comme la maltraitance animale et les violences urbaines, notamment les rodéos”, précise Laurent Chavanne.
Concernant les violences intrafamiliales, “plus de 6 000 marmailles ont été concernés l’an dernier”. L’alcool est encore une fois la cause de ces violences bien souvent répétées.
Les chiffres sont alarmants. L'an dernier, le Département a enregistré 6 192 informations préoccupantes pour violences intrafamiliales à La Réunion. Outre les adultes, ce sont aussi des enfants qui subissent des situations dramatiques au quotidien.
Des dépôts de plainte en ligne pour faciliter la procédure
Pour éviter de se rendre au commissariat ou à la gendarmerie, il est possible de déposer une plainte en ligne, directement via son smartphone.
Une victime peut déposer plainte en ligne, en prenant rendez-vous avec une application de pré-plainte en ligne. Il y a également un dispositif qui existe sur l’application “Ma Sécurité”. Les victimes peuvent télécharger cette application et prendre rendez-vous directement sur celle-ci. C’est valable pour toutes les infractions, pas seulement pour les violences conjugales ou intrafamiliales.
Laurent Chavanne, directeur territorial de la Police nationale
Ces dispositifs permettent à la victime de porter plainte depuis chez elle. “Ils sont en lien avec les associations et les autorités judiciaires”, conclut Laurent Chavanne.