Chaque année, ils sont plus de 200 à partir étudier hors de l’archipel après l’obtention de leur baccalauréat. Des étudiants pour la plupart très jeunes, pleins d’ambitions et de rêves quant à leur avenir professionnel. Si certains après souhaitent s’expatrier pour trouver du travail, d’autres, eux, font le choix de revenir sur leur caillou. Pour travailler bien sûr, pour entreprendre aussi, mais surtout par choix de vie.
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C'est le cas de Justine Detcheverry, Hannah Poirier, et Théa Ruel. Pour l'hexagone ou Montréal, elles ont quitté Saint-Pierre et Miquelon pour étudier avant de revenir. Si cela peut sonner comme une évidence, ce n'est pas le cas pour nos trois intervenants. Mais qu'importe, les revoilà dans leur archipel natal.
Leurs formations au service de l'archipel
Théa est la première des trois à être revenue dans l'archipel. C'était en 2021 et elle ouvrait son cabinet d'ostéopathie. Un vrai besoin à Saint-Pierre et Miquelon selon elle. "Quand je suis revenue, il n'y avait que Joséphine Abraham qui pratiquait. En France, le milieu de l'ostéopathie est totalement bouché. C'est vraiment dur de se faire une patientèle. Alors je me suis dit que c'était une bonne idée de revenir." Un projet qui, initialement, n'était pas prévu pour la femme de 26 ans. "J'ai fait mes études à Toulouse, mais à la base, je voulais m'installer à Montréal. Mais je suis ravie d'être ici trois ans après mon retour."
Un parcours, qui n'est pas sans rappeler celui d'Hannah. Elle aussi est revenue ici pour entreprendre. Elle aussi souhaite contribuer à la vie de son île. Après des études de communication, la Saint-Pierraise s'est réorientée dans l'esthétisme et va ouvrir un salon dans les semaines qui viennent. Mais pas n'importe quel salon. "J'ai fait un BTS en deux ans. Ensuite j'ai suivi une formation d'un an de socioesthétisme. C'est de l'esthétique adapté pour les personnes fragilisées par la maladie ou la vieillesse."
Pour la Miquelonnaise Justine, le retour aussi n'était pas forcément prévu. En juin 2022, alors qu'elle est de passage pour les vacances d'été, elle se voit offrir un CDI chez Auto Action pour le mois de janvier suivant. Une opportunité d'avoir un travail sur le long terme et des revenus assurés chaque mois après l'obtention de son BAC en administration des affaires profil marketing à Montréal.
J'ai eu cette opportunité pour un travail d'été. Puis on m'a fait une proposition pour après mes études. Je voulais de base rester dans le marketing, mais les tâches que je fais ici sont complètes. Ce que je préfère faire ici, c'est créer des pubs."
Justine Detcheverry
"À Saint-Pierre et Miquelon il y a cette confiance, cette proximité"
Si entreprendre et l'assurance d'avoir une situation compte dans le choix de revenir à Saint-Pierre et Miquelon, la douceur de vivre de l'archipel et la proximité font aussi pencher la balance. "À Saint-Pierre et Miquelon il y a cette confiance, ce rapprochement avec les gens", explique Théa avant de prévenir. "Par contre, il faut mettre des limites. Certains me parlaient de leurs problèmes d'épaules au bar parfois."
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Revenir ici, c'est aussi l'opportunité de retourner à la maison, proche des siens pour la jeune femme. "J'ai une grosse bande d'amis depuis que j'ai 12 ans. Et la plupart sont revenus ici, donc on s'est tous retrouvés quinze ans plus tard."
Hannah et Justine aussi partagent ce point de vue. La dernière apprécie les moments passés près de sa famille et de son neveu qu'elle "ne voyait presque jamais quand elle était aux études." Hannah, elle, en retrouvant son caillou, a fait des choix forts en investissant notamment tout son argent pour son institut.
"J'ai pris les décisions les plus importantes de ma vie dernièrement. J'ai complètement orienté mon projet de vie sur Saint-Pierre."
Hannah Poirier
Enfin, Théa, comme une prophétie, avait dit en marge d'une interview donné à Anaig Guibert lors de son retour en 2021 qu'elle se voyait mère de famille à Saint-Pierre et Miquelon dans dix ans. "A peine deux ans après me voilà enceinte de mon premier enfant." Quoi de plus belle preuve d'amour et d'engagement envers le territoire que de vouloir y fonder une famille.