Voile : le Yacht Club de Saint-Pierre toujours à flot depuis 40 ans

Le yacht club de Saint-Pierre représenté par son nouveau logo, créé pour ses 40 ans .
Depuis 1984, le Yacht-Club de Saint-Pierre aura vu plusieurs présidents et présidentes se succéder. Des passionnés de voile, tous désireux de faire perdurer l'école de sport, la navigation de plaisance et de préserver les partenariats sur des transats. Si les activités sont en pause depuis quelques mois, le club sera bien présent aux côtés des organisateurs de la route des Terre-Neuvas 2024.

C'est en 1976 que les premiers voiliers apparaissent à Saint-Pierre. La base nautique appartient au centre culturel et sportif, établissement inauguré en 1973. La structure dirigée par Gérard Grignon achète du matériel. Elle possède à l'époque une caravelle en plastique, des 420 ainsi que deux Optimists en bois construits par Elie Claireaux.

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L'établissement se dote ensuite d'une caravelle en bois et de trois autres 420. Pour ceux qui auront navigué sur ces supports, vous vous rappellerez sans doute de ces petits noms donnés aux bateaux telles que l'Espoir, l'Avenir, Chocolatine, Jaune d'œuf, Coquille d'œuf ou encore Super fret.

Devant l'engouement des apprentis voileux, il faut donc se structurer

En 1984, l'association du Centre nautique de l'Île-aux-Marins voit le jour. Gérard Grignon en sera le premier président pendant une année.

Gérard Grignon, directeur du Centre culturel et sportif au début des années 70 sera ausi président du Centre nautique de l'Île-aux-Marins ( actuel YCSP) de 1984 à 1985.

En 1985, il sera suivi, pendant six mois, de Michel Raïevsky de passage à Saint-Pierre sur un voilier après un voyage au Groenland. Il sera même professeur au lycée de Saint-Pierre lors de son séjour.

"Michel Raïevsky qui est aujourd'hui âgé de 96 ans navigue toujours. Son voilier Nuka est basé à Saint-Malo", comme nous l'a confié Rachel Robert, l'actuelle présidente de l'association,  qui a toujours gardé contact avec lui.

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En 1986, une autre personnalité de l'archipel va ensuite prendre le relais. Il s'agit d'André Paturel.

Le Saint-Pierrais, connu pour sa passion pour la voile entre autres, "va même s'arranger pour que l'école de voile soit dotée de moyens municipaux, qu'elle embauche des moniteurs pour gérer la partie compétition et pour créer une école de sport, école qui existe toujours à ce jour", confie son fils Philippe, 58 ans, qui a commencé la voile à l'âge de quatre ans.

André Paturel

D'ailleurs, l'actuel bâtiment qui abrite l'école municipale de voile et le Yacht-Club de Saint-Pierre a pour nom, le centre de voile André Paturel. Il a été inauguré le 17 mai 1987. Et c'est Éric Tabarly qui a eu l'honneur de couper le fameux ruban.

C'est aussi dans les années 80 que la partie enseignement de base de la voile passe sous l'égide de l'école de voile. Les deux entités, école de voile et association nautique du centre de voile de Saint-Pierre s'affilient  à la fédération française pour pouvoir assurer le personnel, les moniteurs et les licenciés.

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C'est à cette époque qu'Emmanuel Chaigne est embauché et deviendra par la suite responsable de la base. Comme il le raconte dans un entretien réalisé en septembre 2004 lors des 20 ans du YCSP, "cela a démarré avec deux mois d'activités et on est passé à six mois de sorties en mer pour la voile scolaire, de fin mai à octobre".

Il raconte aussi qu'"il y avait 40 à 45 personnes réparties sur juillet et août qui venaient pour apprendre à naviguer".

Retour sur cette inauguration et les débuts de la voile dans l'archipel en images.

©saintpierreetmiquelon

1984, le début des courses en atlantique Nord

Philippe Paturel se souvient qu'à l'époque " il y a eu un vrai engouement pour la voile car c'était la première fois que les Saint-Pierrais et les Miquelonnais pouvaient voir des bateaux de courses passer au large de Saint-Pierre".

La Transat Québec/Saint-Malo est la toute première course transatlantique d'Est en Ouest avec un passage à la bouée de Galantry.

André Paturel a dû prendre des contacts et leur dire voilà, Saint-pierre et Miquelon est sur le chemin entre Québec et Saint-Malo. Ça serait bien que les bateaux passent par Saint-Pierre d'autant que techniquement c'était possible.

Emmanuel Chaigne, entretien réalisé en septembre 2004 pour les 20 ans du YCSP

"Mon père André Paturel s'était rapproché bien en amont vers 1982-83 probablement du comité et des organisateurs québécois pour que la transat Québec Saint-Malo passe dans l'archipel. Plus de 50 navires étaient présents" raconte Philippe Paturel.

On avait déplacé du côté de l'anse à Henry de grandes tentes avec plusieurs gamins du club qui venaient faire le pointage des voiliers. Les jeunes assistaient les zodiacs de l'école de voile et les bénévoles de l'association.

Philippe Paturel, président du YCSP de 1996 à 2004 et vice-président depuis 2024

Une première édition suivie à l'époque par la station locale. Petit retour en images.

©saintpierreetmiquelon

Philippe Paturel se souvient aussi que cette année-là son père "a acquis son premier bateau, le Taïpan. Le bateau avait été acheté à une époque par l'école de voile et aussi par le Yacht-Club pour en faire de la plaisance. Le voilier sillonne toujours la mer. Il s'agit du Ososoy et appartient à Michel Urdanabia".

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André Paturel, un très grand passionné de voile mais aussi de hockey sur glace, décédera le 15 avril 1987.

Un an plus tard, c'est Norman Bowring qui prendra la présidence du Centre nautique de Saint-Pierre pendant huit années.  

L'association du centre nautique de Saint-Pierre prend le nom du Yacht-Club de Saint-Pierre

Puis en 1996, Philippe Paturel prend les commandes. Les membres de l'association du centre nautique de Saint-Pierre changent de nouveau de nom. Ils choisissent de la nommer le Yacht-Club de Saint-Pierre. 

C'était difficile pour les anglophones vers qui on s'orientait de plus en plus pour envoyer nos jeunes en compétition. C'était plus facile de prononcer l'acronyme de YCSP que de dire l'association nautique de Saint-Pierre. Donc on l'a joué un peu plus marketing de ce côté-là et on a fait les nouveaux logos dessinés à l'époque par Marie-Laure Drillet.

Philippe Paturel, président du YCSP de 1996 à 2004 et vice-président depuis 2024

Et, cela fait 40 ans que le club existe même s'il a porté deux autres noms avant 1996.

"Il y a eu des changements afin que le personnel qui était sous encadré par l'association intègre l'école de voile et devienne fonctionnaire territorial de la mairie de Saint-Pierre" précise Philippe Paturel.

Quant à la présidence du YCSP, quatre autres personnes ont pris les commandes après Philippe : Claude L'espagnol de 2004 à 2012, Damien Portais de 2012 à 2020, Céline Lemoine de 2020 à 2024.

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Depuis avril dernier, Rachel Robert occupe cette fonction. Rachel Robert qui a aussi été baignée dans le monde de la voile dès ses 12 ans.

"C'est vrai que la voile dans notre famille c'est une longue histoire. On est plusieurs à pratiquer la discipline. J'ai renoué avec le YCSP grâce à ma fille Enora. L'an dernier, elle voulait que je l'accompagne sur les J70 c'est comme cela que j'ai remis le pied à l'étrier". 

 

Puis le Yacht club avait besoin de nouvelles énergies et comme dans le passé j'avais travaillé dix ans à l'école de voile, j'au tous mes permis de naviguer et c'est naturellement que je me suis retrouvée à prendre les commandes et j'en suis très heureuse.

Rachel Robert, présidente du Yacht club de Saint-Pierre depuis 2024

Des passionnés de voile et de courses qui se sont fortement mobilisés et que se mobilisent encore pour que le YCSP reste toujours en activité.

Le Yacht-Club de Saint-Pierre, une entité bien distincte de l'école municipale de voile

Pour ne pas confondre le rôle de chacun, l'école municipale de voile accueille en général les scolaires et les jeunes de 4 à 17 ans, hors période scolaire. Elle propose des stages au printemps à l'automne et d'été dit jardin des mers, moussaillons, multimousses, en catamaran, en planche à voile, kayak de mer et des sorties ou encore en "Maracareux". Les enfants et les adultes débutants sont les bienvenus. 

De son côté, le Yacht-Club de Saint-Pierre est une école du sport avec ses compétitions, ses formations sur des supports comme les lasers, les optimistes de compétition, les croiseurs ou des plus grands voiliers comme les J70 et de la navigation sur des centaines de miles.

On a fait découvrir également pendant quelques années, les côtes Sud de Terre-Neuve sur des bateaux de croisières. On a appris aux licenciés comment tracer une route, faire une nuit en mer, comment reconnaître les balisages, les bouées, éviter les cétacés.

Philippe Paturel, président du YCSP de 1996 à 2004 et vice-président depuis 2024

Le YCSP, partenaire de nombreuses transats et routes transatlantiques 

Après la toute première édition de la transat Québec/Saint-Malo en 1984, d'autres grandes traversées ont marqué les voileux et les habitants de Saint-Pierre et Miquelon. 

Il y a aussi eu la transat Lorient/Saint-Pierre/Lorient en 1987, la route Halifax-Saint-Pierre de 2002 à 2018 et la course Saguenay/Saint-Pierre/Sable d'Olone en 2003.

Des rendez-vous à découvrir en images avec ce montage signé Séverine Luberry.

©saintpierreetmiquelon

Le Yacht-Club de Saint-Pierre reste un partenaire technique incontournable de l'association "La route Saint-Pierre et Miquelon".

C'est sous la présidence de Valérie Claireaux d'ailleurs et l'implication de Philippe Paturel que la première route Halifax/Saint-Pierre a vu le jour en 2002. Le Café de la route sera lui créé en 2008 grâce à son épouse Carine Paturel "pour permettre de démocratiser l'évènement et faire participer le public".

En 2024, le YCSP poursuit sa mission avec son partenariat sur "La route des terre-Neuvas", première édition.

Le YCSP, c'est aussi l'organisation de compétitions ici et ailleurs...

Parmi les compétitions connues des amateurs de voile de Saint-Pierre et Miquelon, la coupe des Grands Bancs en place depuis 2000. Ce rendez-vous qui n'est plus d'actualité à ce jour avait lieu soit à Terre-Neuve, soit dans l'archipel. Il permettait aux jeunes régatiers locaux et terre-neuviens de se mesurer et de comparer leur niveau technique.

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En 2013, des jeunes de l'école de sport du Yacht-Club de Saint-Pierre ont aussi pris part la Cork Race, qui avait lieu en août à Kingston en Ontario. Si cette épreuve n'était pas une première pour le club, elle restait chaque année l'un des événements phares de la saison.

Kingston en 2013.

Le Yacht-Club a même participé à une compétition internationale de haut niveau. C'était en Martinique. Sept jeunes de l'archipel devaient y défendre les couleurs de Saint-Pierre et Miquelon lors de cette épreuve qui a rassemblé une douzaine de pays.

Et nous avons les images des entraînements, c'était en 2015... 

©saintpierreetmiquelon

Autres courses dans nos eaux cette fois, le Tour de l'archipel à la voile. Une compétition avec escale : Saint-Pierre/Miquelon/Saint-Pierre, toutes catégories confondues, du J24 aux 35 pieds. En 2008 par exemple, ils étaient sept voiliers sur la ligne de départ.

Il y a eu aussi les Virades de l'espoir, une course pour la bonne cause. Une quarantaine de marins avait participé à ce tour de Saint-Pierre en 2014 à l'initiative du YCSP. Un périple en pleine mer pour "Vaincre la mucoviscidose".

Les Virades de l'espoir en 2014.

L'année 2024, une année de transition pour le Yacht-Club de Saint-Pierre

Cette année, Rachel Robert sa présidente, André Robert et Philippe Paturel, les vice-présidents et les autres membres du bureau espère remettre en place un système plus novateur, plus dynamique. 

Tous s'accordent à dire que le YCSP "est dans une année de transition".

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Rachel Robert précise que "la difficulté qu'ils rencontrent en ce moment pour une bonne reprise des activités est le manque d'entraîneurs. L'an dernier, ils étaient trois dont une personne qui est partie sur Bordeaux et la deuxième qui ne souhaite pas poursuivre les entraînements avec le club". 

À ce jour, un seul moniteur de l'école de voile entraîne selon ses disponibilités. La structure qui se trouve dans le même bâtiment de l'école municipale de voile possède six Lasers et dix Optimists.

L'objectif est de remonter une section compétition au sein de l'école de sport surtout qu'en 2025 il y aura la Sail East, un rendez-vous à Terre-Neuve sur des lasers. C'est à côté d'ici donc au niveau logistique ça sera facilement réalisable pour nous.

Rachel Robert, présidente du YCSP

Le YCSP qui souhaite redynamiser ses activités car comme le souligne Philippe Paturel, "déjà 40 ans que la structure existe et parfois les effectifs s'épuisent. On a des jeunes qui partent aux études, il y a beaucoup d'autres disciplines sportives destinées aux adolescents, ce n'est pas toujours évident de les garder".

On doit attirer les jeunes pour relancer l'école de sport. Cela va passer peut-être par l'acquisition de nouveaux supports car il y a des tendances à naviguer sur des petits dériveurs défiant les lois de la physique et qui les aident à voler. Cette mouvance du futur connait un engouement au niveau international donc peut-être qu'il faut qu'on aille vers cela.

Philippe Paturel, président du YCSP de 1996 à 2004 et vice-président depuis 2024

En attendant de reprendre ses activités, le YCSP se mobilise pour l'évènement phare de cet été, la Route des Terre-Neuvas 2024 à bord d'Ocean Fifty. Ce défi sportif regroupe une dizaine d'équipages pour une transat à la voile entre Saint-Pierre et Miquelon et Saint-Brieuc, en Bretagne.

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À cette occasion,  les membres de l'association de la Route Saint-Pierre et Miquelon et le Yacht-Club de Saint-Pierre partenaire de l'évènement, sont toutes voiles dehors pour faire de ce grand défi une totale réussite.