Santé : vers un nouveau modèle économique pour la clinique Kuindo-Magnin ?

La clinique Kuindo-Magnin se cherche un nouveau modèle économique pour sortir de la crise.
Pour sortir la clinique Kuindo-Magnin des déficits, ses responsables tablent sur un nouveau modèle économique et une nouvelle façon de travailler avec le Médipôle. Il a été accepté par le tribunal de commerce mardi 27 février. Un soulagement pour la direction, qui attend maintenant l’accord des créanciers pour pouvoir le mettre en œuvre.

En novembre 2022, la clinique privée Kuindo-Magnin de Nouméa a été placée en procédure de sauvegarde par le tribunal de commerce de Nouméa. Depuis, la direction cherche des solutions pour sortir l’établissement hospitalier des difficultés financières qu’il rencontre depuis son ouverture, en 2018. Serge Magot, le directeur de la clinique, parle de 450 millions de déficit par an, sur plusieurs exercices.  

Tout indique que ce n’est pas la gestion qui est cause, ni la qualité des équipes et des soins, mais bien le modèle économique”, soulignait la direction dès 2022. C’est donc sur un nouveau modèle qu’elle travaille depuis, “en partenariat avec le Médipôle et les autres acteurs du territoire”. La procédure de sauvegarde “nous a permis de réfléchir à ce que la clinique doit être demain", résume Serge Magot. Une clinique “essentielle au territoire, au bien-être de sa population, elle l’a notamment prouvé pendant la crise Covid”. 

Face à la pénurie de médecins, “le clivage privé/public ne veut plus rien dire” 

Le plan ? Il s’appuie sur trois axes principaux, dévoile Serge Magot. La priorité : le développement de l’oncologie, “une activité phare de la clinique”, qui vient de recruter un cinquième oncologue. Deuxième volonté : développer les activités de soins et de réadaptation “parce qu’il y a de plus en plus de demandes, des accidentés de la vie, des diabétiques amputés”, cite le directeur. Troisième objectif : “redonner à la chirurgie la place qu’elle avait un petit peu perdue au profit de la médecine hospitalière puisqu’il a fallu traiter de la demande et du patient en relation avec le CHT”, poursuit-il.  

“On est obligé de trouver des solutions communes avec le CHT” 

L'idée est aussi de repenser les activités et les services en complémentarité avec le centre hospitalier territorial (Médipôle). “En santé, en Nouvelle-Calédonie, le clivage privé/public ne veut plus rien dire”, estime le directeur de la clinique Kuindo-Magnin. Face à la pénurie de médecins, "on est obligé de trouver des solutions communes avec le CHT. On va se répartir les tâches intelligemment pour le bien-être du patient."

Le travail a déjà commencé, annonce-t-il, "en filières, notamment en pneumologie puisqu’on a un chef de service en commun, des rotations de médecins, une répartition des patients selon la lourdeur des pathologies. C’est ce modèle que l’on souhaite développer avec le CHT. On va travailler sur l’oncologie, en ophtalmologie puisque des praticiens viennent opérer à la clinique, en gastro-entérologie", dévoile encore Serge Magot.  

On travaille aussi à des économies dans notre fonctionnement avec notamment le virage ambulatoire”, c’est-à-dire des courts séjours, “préconisés pour le bien-être des patients et moins coûteux” pour le système de santé calédonien, à bout de souffle. Des revalorisations tarifaires ont par ailleurs été accordées par les autorités de tutelles (le gouvernement et la Cafat) tout au long de la procédure de sauvegarde.

Prochaine étape déterminante, le 2 mai 

Ce type de procédure intervient avant la constatation de la cessation des paiements. Elle ouvre sur une période d’observation qui doit permettre d'étudier les causes des difficultés financières puis d’élaborer un plan de sauvegarde.

Ce plan, dont Serge Magot décrit les grandes lignes, a été accepté par le tribunal de commerce mardi 27 février. Une étape cruciale et "un grand soulagement” pour la direction de la clinique Kuindo-Magnin, qui attend désormais l'avis des créanciers. Ils doivent se prononcer lors d’une audience programmée le 2 mai. L’entrée en vigueur du plan dépend de leur décision.

Le reportage de David Sigal et Franck Vergès 

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