Sargasses : retour sur huit ans d'une calamité sanitaire, écologique et économique aux Antilles

La Guadeloupe accueille la première conférence internationale sur les sargasses du 23 au 26 octobre. Les experts vont pouvoir confronter leurs idées et les pays invités partager leur expérience, notamment en matière de lutte contre ces algues qui bouleversent la vie des Antillais depuis 2011. 
Des micro-algues brunes par centaines de tonnes dans l’Atlantique, le phénomène n’est pas nouveau. Elles s’accumulent dans la Mer des Sargasses, dans l’Atlantique nord, de longue date. Mais depuis quelques années, ces algues empruntent de nouvelles voies maritimes pour venir s'échouer en masse sur les côtes antillaises.
Mer des Sargasses
 

Grande ceinture de sargasses


D’après les chercheurs de l’Université de Tampa en Floride, les algues sargasses sont présentes dès 2000 dans la région. C’est, en tout cas, ce que révèle l’analyse des données satellitaires et des prélèvements d’échantillons. 

Depuis 2011, le phénomène connaît une expansion sans précédent dans la mer des Caraïbes et le Golfe du Mexique. Les îles de l’arc antillais voient arriver ces immenses radeaux d’algues.
Des scientifiques de l'USF College of Marine science ont modélisé la progression des sargasses dans l'Atlantique entre 2011 et 2018.

Si en 2013, les algues sargasses se font rares, 2015 marque, en revanche, un tournant. La quantité d'algues explose. Mais c’est trois ans plus tard que le phénomène atteint son pic. En 2018, des écoles ferment, des abris anti-sargasses sont ouverts, certaines îles sont presque coupées du monde, tant les liaisons par bateau sont un casse-tête dans cette mer d’algues... La "grande ceintures de sargasses de l'Atlantique", mise en évidence par les chercheurs américains, s'étend alors sur 8 850 km, des Caraïbes jusqu'à l'ouest de l'Afrique.

Financement d'un plan de lutte


Quelques semaines plus tard, le gouvernement décide d’agir. En juin 2018, les ministres de la Transition écologique, Nicolas HULOT, et des Outre-mer, Annick GIRARDIN, viennent aux Antilles et annoncent un plan de lutte d'une dizaine de millions d’euros sur 2 ans. Son but principal : la réduction du délai de ramassage pour éviter que les algues ne se décomposent sur la plage et libèrent leurs émanations toxiques. "C’est l’objectif qu’il faut se fixer (...) Quand il y aura des échouages, faire en sorte qu’elles soient ramassées dans les 48h", déclare alors Nicolas HULOT. 

Un voeu renouvelé par le président de la République quelques semaines plus tard. En septembre 2018, Emmanuel MACRON entame un voyage officiel aux Antilles. Ces promesses se traduisent par l’installation de capteurs pour mesurer les gaz libérés par les algues et la mobilisation de membres du RSMA. 

Ludivine GUIOLET-OULAC dresse la chronologie des événements en images : 
©guadeloupe