Pour certains le confinement a été difficile à supporter. Pour d'autres, c'était peut-être un temps de repos. A l'exemple de la trentaine de sans-abri hébergée à l'internat de Do Kamo à Nouméa. Leur dernière journée était teintée d'émotion, une coutume d'au revoir a été faite ce vendredi.
C'est l'ultime petit-déjeuner à l'internat, avant de retourner dans leur foyer pour les uns et dans les rue pour les autres. Il est 6h30, la machine à café fonctionne de nouveau après une coupure d'électricité. Ce vendredi matin encore, les sans-abri ont encore de quoi démarrer la journée du bon pied, grâce aux dons venant d'associations et de particuliers.
Créer des liens
Dans l'atmosphère feutrée du réveil, une pointe de nostalgie s'est glissée. Quinze jours ensemble dans la séquence confinement forcé, ça crée des liens. « C'était quelque chose de très enrichissant. Les résidents nous ont autant apportés à nous. Humainement, ça a été un beau moment passé ensemble», raconte Yuni Granier, enseignante.
Des parents d'élèves en colère
Il y a quinze jours, les SDF faisaient une entrée mouvementée à l'internat de Do Kamo, avec des parents d'élèves en colère. Mais après des discussions, avec le gouvernement et les responsable de cet établissement de l'Alliance scolaire, l'accord est donné pour que les sans-abri restent.
Une respiration dans la galère
Pour eux, c'est une respiration dans la galère. Une pause qu'ils vont mettre à profit grâce à des activités encadrées par des intervenants des services publics de la Nouvelle-Calédonie, de la ville de Nouméa et de l'association Macadam. Les résidents ont réaménagé l'extérieur de l'internat, planté toutes sortes de légumes. « On s'est dit qu'on allait pas rester là les bras croisés. Ça a permis de faire le nettoyage pour que les petits-frères et les petites-sœurs qui viennent à l'école ici, soient plus émerveillés demain », explique Alphonse Caena, résident.
Ne pas vivre tout seul
Le pasteur Honoré Beanure leur fait faire de la méditation tous les matins, il insiste sur l'importance de garder les relations avec leur famille. « Même s'il y a des problèmes, l'important c'est de garder le lien. Parce qu'on ne peut pas vivre tout seul. Ce n'est pas possible. »
Fermer la porte des églises
Cet après-midi-là, tout le monde s'est réuni pour une coutume d'au revoir. Pour l'alliance scolaire, cette expérience est riche d'enseignement. « Si on ferme la porte de Do Kamo aux sans-abri, c'est comme si on fermait la porte des églises », affirme Philippe Wejieme, secrétaire du conseil d'administration de l'Alliance scolaire.
Le reportage de Thérèse Waïa et Laura Schintu :