Le rapport de la Chambre territoriale des comptes a mis en lumière des fraudes importantes commises par deux directeurs généraux délégués de la SEM Abattage de Tahiti sur la période 2018-2022. Ces derniers se sont octroyé des sur-rémunérations et ont engagé des dépenses personnelles avec les moyens de la société. L'un des directeurs délégué "a ainsi financé des vacances en famille dans les hôtels, des achats de bijoux, des sorties en boîtes de nuit, des jouets pour sa famille, une moto pour son usage personnel". La SEM a déposé une plainte pour abus de biens sociaux le 27 février 2023.
L'autre directeur délégué a été condamné par la justice pour avoir utilisé les moyens de paiement de la SEM "entre août 2019 et août 2020, pour divers retraits d’espèces, virements en sa faveur ou règlements par carte bancaire pour des achats personnels pour un montant total de 1 653 059 CFP". Aucune somme n'a pu être recouvrée depuis la condamnation définitive, selon le rapport.
Pour la CTC, c'est un contrôle de la SEM défaillant qui aurait permis à ces fraudes de se poursuivre sans être détectées pendant plusieurs années "Le manque de culture de contrôle interne au sein de la structure ne garantit pas non plus la préservation des fonds, des stocks et des biens attractifs de l’abattoir pour la période sous revue. Un contrôle externe a minima de la collectivité, en tant qu’actionnaire principal, est aussi à relever sur la gestion financière de la société", relève la chambre territoriale des comptes dans son rapport
"Déficitaire chaque année"
Au-delà des fraudes, la SEM Abattage de Tahiti se trouve dans une situation économique difficile. Entre 2018 et 2022, malgré une hausse du chiffre d’affaires grâce à la modernisation des équipements, la société a vu sa rentabilité chuter. "Malgré sa position de monopole, la SEM Abattage de Tahiti se trouve en situation de déficit depuis plusieurs années en raison de charges structurelles importantes et d’une baisse des élevages porcins représentant environ 90 % de l’activité de la SEM, qui n’a pu être compensée par une augmentation des tarifs réglementés des prestations d’abattage".
Autre difficulté, les tarifs de l'abattoir sont fixés par le Pays. Selon le rapport de la chambre territoriale des comptes, "la SEM Abattage de Tahiti ne dispose pas d'autonomie quant à l’ajustement/fixation du montant des tarifs de ses prestations d’abattage, ceux-ci étant arrêtés par le conseil des ministres et fixés à un niveau qui permet la commercialisation de la viande locale à des prix comparables avec ceux de la viande importée, au détriment de la rentabilité de la société".
La SEM Abattage de Tahiti est déficitaire chaque année en raison de charges structurelles toujours importantes et une subvention d’équilibre du Pays est indispensable.
Chambre Territoriale des ComptesRapport d'observations définitives de la SEM Abattage de Tahiti