Eihau a 4 jours de vie et déjà beaucoup d’informations à assimiler. Pour l’aider à prendre le sein correctement, les mains expertes de l’ostéopathe le guident tout en douceur. "Je teste un peu sa succion, explique Cécile Zeller, ostéopathe formée à la périnatalité. Je vois qu'il travaille beaucoup avec ses articulations des côtés de la mâchoire. Il fait de gros efforts et il est plutôt efficace. On va essayer de lui rendre ça plus facile. Avec mon petit doigt posé sur le palais, c'est pile la bonne forme, il faut juste ne pas avoir d'ongles ni de vernis à ongles, évidemment. Ca permet d'avoir un point d'appui pour pouvoir travailler avec la base du crâne, qui est une zone qui peut être assez contrainte pendant l'accouchement."
Une démarche de santé publique
Montée de lait, placement de la langue du nourrisson, positionnement face au titi, chaque point est abordé pour que Herenui, la jeune maman, prenne plaisir à allaiter. "Les deux premiers jours, ça a été difficile, raconte-t-elle. Puis, il y a eu l'ostéopathe qui est intervenue. Elle a aidé justement à pouvoir être plus confortable. Aujourd'hui bébé arrive à mieux s'accrocher au sein, j'ai moins mal pendant l'allaitement."
Depuis février, sept ostéopathes interviennent deux fois par semaine à l'hôpital du Taaone. Grâce à une subvention du territoire de 3 millions 500 000 francs pacifique. Seul bémol, cet accompagnement prendra fin en novembre. "On a remarqué que ça faisait beaucoup de bien aux bébés, note Cathy Mallo, puéricultrice à l'hôpital. On voit une différence sur les allaitements : les mamans sont très contentes, le personnel est très content aussi parce que c'est quelque chose qu'on peut faire en plus pour ces mamans en difficulté. Et on a un petit peu un sentiment d'abandon comme diraient certaines sage-femmes, quand il n'y aura plus ces ostéopathes."
Au-delà du lien mère-enfant qui se renforce, l’allaitement maternel permet de réduire le risque de développer des maladies chroniques et favorise une meilleure croissance de l’enfant, selon l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS). "On est vraiment sur une histoire de prévention au long cours, précise Cécile Zeller. En fait, l'allaitement qui est maintenu idéalement jusqu'à 6 mois en exclusif et jusqu'à 2 ans en mixte, l'OMS a noté que ça prévient l'obésité. Et qui dit prévenir l'obésité, dit prévenir des maladies cardio-vasculaires, dit prévenir du diabète de type II, de l'apnée du sommeil et de certains cancers [sein et ovaires ndlr]. On a vraiment une démarche de santé publique qui est hyper importante."
L'allaitement chute à 3 mois, puis à 6 mois
En Polynésie Française, le taux d’allaitement maternel à la naissance est assez élevé : 89% en 2011 (contre 74% dans l'Hexagone). Cela traduit un désir réel des familles de nourrir leur enfant au sein. Cependant, ce taux diminue rapidement : à 3 mois il n’est plus que de 61% et à 6 mois il n’est plus que de 21%.
98% des jeunes mamans du Taaone se disent satisfaites des séances d’ostéopathie avec leurs nouveaux-nés. Le service maternité espère donc poursuivre ce partenariat, à condition de recevoir une nouvelle subvention.
Une ligne verte (gratuite) existe pour accompagner les mamans qui allaitent : 40 48 61 48. Elles peuvent aussi obtenir des réponses immédiates et gratuites en envoyant un mail à consultation.allaitement@cht.pf.