L’artisanat était à l’honneur toute cette semaine en France. Quelques jours pour inciter le grand public à aller s’informer, voire s’immerger dans ces métiers manuels, héritages de savoir-faire souvent ancestraux et qui séduisent de plus en plus les jeunes.
Selon le réseau des Chambre de Métiers et de l’Artisanat (CMA), qui organise cette manifestation depuis quatre ans, le succès de l’apprentissage n’est plus à démontrer.
Il y a eu une augmentation record du nombre d'inscriptions lors des deux dernières rentrées scolaires dans les établissements de formation des apprentis. Il faut dire que ces structures, sur l’ensemble du territoire national, dispensent 600 formations et proposent 400 diplômes.
L’artisanat est même la première entreprise de France malgré les difficultés quotidiennes auxquelles sont confrontés les entrepreneurs.
De nouvelles formations innovantes envisagées au CFA Guyane
En Guyane, la Chambre de Métiers et de l’Artisanat n’a pas eu le temps d’organiser de manifestations ou d'actions de promotion à l’occasion de cette semaine de l'apprentissage car elle est en pleine restructuration.
Une réorganisation voulue par sa nouvelle présidente, Vernita Chérubin, élue en décembre dernier, et qui se concrétisera dans les mois qui viennent par selon elle, « la réouverture, mais surtout l’ajout de nouveaux ateliers dans des filières innovantes ».
Parmi toutes ces nouvelles formations, peut-être il y aura-t-il la poterie. C’est en tout cas ce que souhaite Fabienne Guyote Polycarpe.
Installée à Rémire-Montjoly, l’artisane est tombée dans l’argile quand elle était petite, lorsqu’une intervenante est venue dans sa classe. Elle était alors en CP, dans l’Hexagone. Un premier contact avec la matière qui l’a marquée.
Mais elle grandi et la vie l’éloigne de ce matériau particulier. Après différentes carrières professionnelles, sa santé l’oblige à envisager une reconversion et à quitter l’Hexagone également.
C'est en posant les pieds en Guyane quelques années plus tard qu'elle a l’occasion de pratiquer à nouveau la poterie de façon plus récurrente et la passion, comme un feu, brûle à nouveau très fort.
Elle se forme alors, d'abord pour le plaisir, auprès de Christian Tournier, maître potier situé à la Carapa à Macouria. Un apprentissage qui a duré six ans.
Je n’ai pas fait de formations en poterie dans des CFA ou autre. De toute façon la filière n’existe pas ici. Si j'ai acquis de solides connaissances sur le sujet, je sais que j’ai encore beaucoup à apprendre. Dans la vie, on ne finit jamais d’apprendre.
Entre la maîtrise de l’argile et les différentes techniques de cuisson, la poterie est en effet un art qui s’apprivoise avec les années, la patience, la détermination et surtout la passion d’après Fabienne.
L’artisane continue donc toujours à intégrer des connaissances, notamment en ligne.
L'argile de Guyane, une matière de qualité
La passionnée estime également que la Guyane est sans doute l’endroit idéal pour tester l'art de la manipulation de la matière car le territoire dispose d’une argile de qualité, agréable à travailler, et surtout très résistante.
On en trouve ici de plusieurs types : l’argile rouge, qui est riche en oxyde de fer, l’argile un peu marron, qui est riche en sédiment et puis le kaolin, l’argile blanche. Avec cela on peut fabriquer différentes sortes de céramiques comme la faïence, la porcelaine ou le grès.
De quoi faire de beaux objets, peut-être aussi en plus grande quantité. Fabienne rêve de voir la matière être aussi bien exploitée comme c’est le cas au Brésil.
En attendant, dans son atelier situé à Rémire-Montjoly, elle travaille, à une plus petite échelle, sur ses propres pièces. Objets utilitaires, décoratifs, ou encore accessoires de mode type colliers, bracelets et bijoux s’y côtoient, attendant de trouver preneur, via sa boutique en ligne.
La pétillante chef d’entreprise se plait également à transmettre sa passion à ceux qui le souhaitent, du plus petit au plus grand : « La poterie, et de manière générale, l’artisanat c’est vraiment le plaisir de recevoir et la joie de donner »…mais pas forcément gratuitement car il faut bien vivre, surtout en ces temps compliqués où la Covid mène la vie dure à ceux qui sont à leur compte.
Elle donne donc des cours chez elle, mais va aussi dans les écoles pour initier les plus jeunes à cet art de la fabrication d’objets en terre cuite : « Cela leur permet non seulement de voir quelque chose de différent, mais aussi de développer leur créativité et leur concentration », souligne-t-elle.
Des villages artisanaux pour une meilleure valorisation du savoir-faire guyanais
Faire naître des passions et donner envie aux autres de se lancer dedans réellement, comme elle, il y a plusieurs années, c’est bien ce qui l’anime.
Ce n’est pas évident de vivre de la poterie en Guyane mais l’artisanat en général reste l’un des plus beaux métiers au monde. On revient aux choses essentielles, naturelles et les jeunes ont tout à gagner en choisissant cette orientation.
Pour que le secteur connaisse un véritable essor et s’épanouisse, il faudrait selon elle que les politiques s’emparent du sujet.
Elle aimerait par exemple que de véritables villages artisanaux soient mis en place: « Ça existe dans d’autres départements d’outremer et ici, nous avons des sites incroyables que l’on pourrait réhabiliter et transformer. Je pense au Fort Diamant à Rémire-Montjoly, à l’hôpital Jean Martial à Cayenne ou encore à la prison de Cayenne. Ils pourraient devenir des lieux d’expositions-ventes permanents pour les artisans. Cela nous permettrait d’avoir un endroit pour nous rencontrer, nous faire connaître auprès du grand public, et puis cela participerait à l’attractivité du territoire », lance-t-elle.
Quand on sait que le territoire compte un peu plus de 6000 entreprises artisanales, ce ne sont pas les exposants qui manqueraient.
Pour découvrir l'artisanat de la poterie, contactez Fabienne au 0694 28 74 24 ou via les réseaux sociaux "fabeedesign".