Exit le 29 juin, "jour où nous avons perdu notre liberté" assume Eliane Tevahitua

Eliane Tevahitua, vice-présidente de la Polynésie. (02 mai 2024)
Le 20 novembre sera férié à partir de 2025 en Polynésie. La décision émane du conseil des ministres qui entend consacrer ce jour à la célébration du Matāri'i Nia, le lever des Pléiades. Un jour de l'an à la polynésienne qui remplacera la fête de l’autonomie du 29 juin. Décision culturelle ou choix politique ? L'opposition et le Gouvernement réagissent.

L’ouverture de la saison de l’abondance, le 20 novembre, devient un jour férié... La décision passerait comme une lettre à la poste, si elle ne venait pas se substituer à la journée du 29 juin, célébrant l’Autonomie interne en Polynésie.

L'opposition défend l'autonomie

"Le 29 juin avait un sens profond, celui de l'autonomie. Et les Polynésiens sont profondément autonomistes. On le sait : aux dernières élections, les autonomistes étaient majoritaires" pointe Tepuaraurii Teriitahi, élue Tapura.

Nicole Sanquer, présidente du parti A Here ia Porinetia, "prend acte. Le tavini est aux commandes du Pays... Mais ce n'est pas parce-qu'ils suppriment le 29 juin que cela effacera l'autonomie. L'autonomie fait partie de notre histoire et c'est encore sur l'autonomie que se repose le Gouvernement actuel. Moi je suis persuadée que l'autonomie est le meilleur statut que la Polynésie peut avoir" affirme-t-elle. 

La voix des indépendantistes

Le lever des Pléiades : l’évènement culturel fait sens pour le gouvernement polynésien. Il efface ainsi la date plus politique de l’annexion de la Polynésie par la France un 29 juin 1890. L'idée trotte dans la tête d'Eliane Tevahitua depuis plusieurs années déjà. C'est chose faite.

"Pour nous, le 20 novembre fait sens. Cette date ouvre la période de l'abondance" confirme la vice-présidente du Pays qui "reconnaît" également que la suppression du 29 juin est une décision politique. "Pour l'indépendantiste que je suis, c'est le jour où nous avons perdu notre liberté", assume-t-elle. 

Chez les autonomistes, on salue cette mesure culturelle mais la pilule a du mal à passer quant à une décision prise sans concertation. "Il aurait fallu consulter la population, c'est ce que le président avait annoncé. Force est de constater qu'il n'y a pas eu de consultation. On ne peut pas faire autrement de toute façon" regrette Tepuaraurii Teriitahi. 

Alors que le Pays célébrera 40 ans d’Autonomie interne ce 29 juin, le gouvernement se calque sur la Nouvelle-Zélande pour marquer son histoire et se réapproprier le temps polynésien. Les avis sont mitigés aussi du côté de la population. "Je suis contre", "c'est très politique" : décision politique ou pas, il faudra s'y faire... Le 29 juin redevient un jour travaillé dès 2025 !