TÉMOIGNAGES. La FOL retrouve sa colline, des Calédoniens racontent leurs souvenirs

La nouvelle FOL à quelques jours de son inauguration, prévue le 20 mars.
Ça y est, la Fédération des œuvres laïques (FOL) est de retour sur la colline du Sémaphore, à Nouméa. Le nouveau bâtiment doit être inauguré ce mercredi, là où tout a commencé, en 1973. De quoi faire renaître les souvenirs de milliers de Calédoniens.

C'est là-bas que tous les écoliers de Nouméa se retrouvaient lors des séances cinéma, les jeudi ou vendredi après-midi, dans les années 80”, raconte Philippe. Là-haut, sur la colline du Sémaphore, dans la grande salle de la FOL, il se souvient avoir regardé Rox et Rouky, Blanche Neige et les sept nains, La Belle et le Clochard ou encore Les 101 Dalmatiens. “Mais la toute première fois où je suis allé à la FOL, c'était en 1979 ou 1980, pour un arbre de Noël organisé par le comité d'entreprise des établissements Ballande, où mes parents étaient salariés. 

Perso, je me rappelle des premiers spectacles de marionnettes que j’avais pu voir. J'étais en maternelle... Que de beaux souvenirs.

Dick Samuel

Le lieu de leur premier film

De la fin des années 1970 à 2011, tous les petits Nouméens sont passés par le centre socioculturel de la FOL. Pierre et le fils de Brigitte y ont vu leur premier film sur grand écran : Bambi et Jonathan le Goéland. Hélèna y rejoignait souvent ses copines le mercredi après-midi, elle aussi pour les séances de cinéma. Idem pour Soekardi, ancien élève à Frédéric-Surleau. Dès les cours terminés, il s'empressait de prendre un petit chemin particulier entre son école et la FOL, "une sacrée montée" à parcourir avant de se faire une toile. 

Pour d'autres Calédoniens, la FOL évoque des souvenirs très différents. "Les anciens locaux de la Fédération des œuvres laïques ont, jadis, accueilli un laboratoire pour le développement des films noir et blanc ainsi que le tirage de clichés sur papier", se souvient Lysis Song.

Les spectacles de fin d'année

La FOL, c’était aussi là où la plupart des écoliers montaient sur scène pour leur spectacle de fin d’année. Certains s’y revoient. “En 1992, avec notre école Suzanne-Russier, située juste en bas, on avait préparé un énorme spectacle pour les 500 ans de la découverte de l'Amérique. Une classe avait dansé sur West Side Story, et avec la nôtre, on avait retracé l’arrivée de Christophe Colomb. Je jouais le rôle d'une Amérindienne, nos costumes étaient en feuilles de bananier et de cocotier”, raconte Laétitia.  

D’autres n’oublieront jamais les galas de danse "devant les parents trop fiers”. Les retrouvailles pour le défilé de Miss Calédonie. Pour des concerts : Herbert Léonard, Bellamy brothers, Francky Vincent, entre autres. “Les cours de danse classique avec Annie Missègue.” Ou Monique Bazan. Ou encore avec "Annette Tissandier-Guillot, une professeure adorable", selon Muriel Baldassari. Celle-ci garde également en mémoire ses toutes premières scènes avec André Mediavilla, avant de réaliser ses propres spectacles en tant que professeure de danse et ce, jusqu'à la fermeture de la structure.

Hélèna, elle, se rappelle un concours de chant. “Toutes les écoles primaires de Nouméa étaient représentées et c'était l'école primaire de Nouville, la nôtre, qui avait gagné. C'est là aussi que l'on venait s'inscrire pour les colonies de vacances et les centres aérés de Plage 1000. 

Et nos départs en colonie vers le Nord pour nos vacances scolaires ! C'était trop bien.

Sandrine

Ah, les jolies colonies de vacances ! "Tous les départs avaient lieu ici”, indique Maeva. La FOL “c’était 'the place'”, résume un Calédonien. La colline a même fini par prendre son nom dans le langage commun. Et puis, en février 2011, la salle de spectacle doit fermer au public. La dépression tropicale forte Vania a endommagé la toiture du bâtiment. Construit en 1973 pour accueillir le premier centre socioculturel du territoire, il commençait à devenir vétuste. Mais la FOL et ses adhérents refusent d’abandonner la partie. En novembre 2011, une diffusion de L’Ordre et la morale redonne foi en son avenir.  

2019, la démolition

Bien plus tard, un projet inscrit au contrat de développement, donc cofinancé par l’Etat et les provinces, est présenté. D'un montant de 1,2 milliard de francs, il prévoit notamment l’aménagement d’une salle de spectacle modulable de 600 places assises ou 1 000 debout. Mais la ville de Nouméa tique, sur l’architecture entre autres, et met un stop. On est en 2017. Un an plus tard, un incendie criminel scelle le sort du lieu. Il est démoli en 2019 sans qu’aucun accord de projet n’ait pu être trouvé.  

Pendant ce temps, les activités de la FOL se poursuivent, rue Taragnat. Mais les locaux ne sont pas adaptés à l’organisation de spectacles, par exemple. Jamais l’ambiance de la colline n'a pu y être recréée. Les choses peuvent-elles changer avec un nouvel espace à l'emplacement de l’ancien ?

Ouverture au public début avril

Ce ne sera plus un centre socioculturel", a prévenu Pierre Welepa, président du conseil d'administration de la FOL en janvier 2023. "C'est un lieu plus restreint, avec des espaces plus ouverts." Il y aura un forum de 50 places, un amphithéâtre en plein air, une salle pouvant accueillir jusqu’à 150 personnes pour des ateliers, des rencontres, des expositions, des projections, des spectacles... Coût estimé du projet : 420 millions de francs, financés par les contrats de développement et avancés par la province Sud. Il a été inauguré ce mercredi 20 mars. L’ouverture au public est prévue début avril. Place à de nouveaux souvenirs.

Le reportage à l'inauguration, par Thierry Chapuis et Nicolas Fasquel 

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