La peur au ventre et un sentiment d’abandon. C’est ce que ressentent de nombreux habitants de la partie Sud du Mont-Dore qui empruntent quotidiennement la traversée de Saint-Louis. Depuis des années, les incivilités sur ce tronçon pèsent sur la vie des Mondoriens, qu’ils habitent la tribu ou au-delà.
Le week-end dernier, une quinquagénaire a été agressée. "Il est 19h45", raconte Monique* sous le coup de l'émotion. "J’arrive à Saint-Louis. Un pick-up s’infiltre devant moi. Je vais pour le doubler et ils mettent un grand coup de volant sur la gauche pour m’empêcher de passer. Et d’un seul coup, ils s’arrêtent net et enclenchent la marche arrière. Puis, je vois deux visages sur le côté, ils ouvrent la portière de la voiture et arrachent tout", ajoute-t-elle. "Depuis une semaine, c’est compliqué, pour moi. Dès que quelqu'un s’insère sur ma route, je panique !"
La tribu n'est pas pointée du doigt
La peur et la colère, c’est ce qui domine chez ces habitants, qui ne pointent pas la tribu, mais bien un phénomène de délinquance qui semble insoluble. "On dit toujours 'Saint-Louis' mais ce ne sont pas les gens de Saint-Louis en fait, ce sont des bandes. Ce sont des voleurs d’âme", continue Monique*, visiblement choquée.
C'est un fait divers parmi des dizaines recensées depuis des années. "Sans que rien ne soit fait", estiment les victimes, dont les langues commencent à se délier. Comme Sabrina*, qui a été agressée en 2014 sur la route, devant la tribu. "C’est toujours présent, même si c’est arrivé en 2014. J'ai de la colère, oui, parce que personne ne fait rien. On reste des victimes et on se débrouille seuls."
Route de contournement, viaduc, navettes maritimes ... Régulièrement, de nouveaux projets sortent des cartons pour essayer de rassurer les habitants du Mont-Dore. Insuffisant à leurs yeux, surtout pour les dizaines de victimes, qui envisagent de se constituer en collectif afin de faire entendre leur voix.
*Monique et Sabrina sont des prénoms d'emprunt, pour conserver l'anonymat.