Terres en friche en pagaille, réserve de terres sous-utilisée, le foncier agricole de Martinique est-il en crise ?

Sur chaque parcelles plusieurs cultures différentes se côtoient.
Jusqu'a 20 000 hectares de terres en friche, près de 15 000 hectares de réserve foncière agricole. Et pourtant, les Jeunes Agriculteurs ne trouvent pas de terrains sur lesquels ils pourraient enfin travailler. De leur côté les autorités en charge du dossier leur demandent du temps.
Pour comprendre ce qui ne fonctionne pas dans l'attribution de terres agricoles aux agriculteurs qui souhaitent s'installer, nous avons d'abord échangé avec le directeur de la SAFER (Société d'aménagement foncier et d'établissement rural). Cette institution gère l'attribution de terrains agricoles en Martinique.


Moins de candidats selon la SAFER et pourtant...


Premier constat de Robert Catherine (directeur de la SAFER Martinique), "il y a un effondrement de la consommation foncier agricole en Martinique". Les jeunes agriculteurs désireux de s'installer seraient donc de moins en moins nombreux.

Une information qui tranche avec les différentes actions menées notamment par le collectif "Agrikiltè pou ni tè" (des terres pour les agriculteurs), membre du collectif "lyannaj pou Dépolyé Matinik. Dans ce collectif, de nombreux jeunes désireux de cultiver la terre pour nourrir les habitants du territoire, réclament que les terres en friche soient libérées.
Terre agricole dans la commune du Lorrain (nord atlantique).

Les terres agricoles : question compliquée en Martinique


La mise en place en 2014 de la CDPENAF (Commission de préservation des espaces naturels, agricoles et forestier) a durci les règles en matière de déclassement des terres. Formé des services déconcentrés de l'État (Préfecture, DAF, DEAL, ONF, Chambre d'Agriculture, Safer, CTM, Association des maires...), elle réunit tous les acteurs gestionnaires du dossier. Son rôle consiste surtout à analyser les demandes de déclassement de terrains agricoles en terrains constructibles.

Mais les règles se sont durcies et il est de plus en plus difficile d'obtenir le déclassement d'un terrain agricole en Martinique. La raison : la population diminue et il n' y a donc pas de raison valable pour augmenter encore le bâti surtout au détriment de l'agriculture.

Sauf que les terres en friche sont en fait le symptôme d'un problème sociétal difficile à résoudre : l'indivision.
 

Le rôle de la CTM dans ce dossier est délicat


C'est la Collectivité Territoriale de Martinique (CTM) qui gère une banque de terres agricoles qu'elle voudrait mettre à la disposition des jeunes agriculteurs désireux de travailler. Seulement il existe toute une procédure à suivre. Car la CTM est chargée dans le cadre fixé par la CDPENAF, de mettre en place une politique de gestion de ces terres aujourd'hui à l'abandon.

La collectivité avait lancé un appel d'offres pour la mise en place de la procédure de mise en valeur des terres en friches. La SAFER Martinique est la première concernée. Seulement la SAFER reconnaît avoir répondu trop tard à l'appel d'offres. Du coup tout est à l'arrêt.

Nous avons tenté à plusieurs reprises de joindre le conseiller exécutif de la CTM, Louis Boutrin, en charge de ces questions de foncier agricole, pour connaître la suite que donnera la collectivité à ce dossier. Y aura-t-il un autre appel d'offres ou le précédent a-t-il été pourvu ?

Des questions que l'association "Agrikiltè pou ni tè" a pu poser directement aux membres de la CTM. Ils ont en effet été reçus par Claude Lise, le président de l'Assemblée en février dernier puis en séance plénière. Preuve que  le dossier est bel et bien pris en charge par la collectvité.

La mise en place de cette procédure d'attribution des terres en friches par la CTM pourrait permettre la mise à disposition de 100 hectares de terres agricoles par an en Martinique selon l'association "agrikiltè pou ni tè". Tout dépend alors de la politique que va adopter la collectivité.