Un porte-conteneurs "local" pour résoudre les retards de livraison des marchandises ?

Le projet du gouvernement serait d'affréter un porte-conteneurs afin de ne plus dépendre des cargos étrangers pour récupérer les marchandises en souffrance en Nouvelle-Zélande.
Depuis la crise sanitaire, les retards de livraison des marchandises sur le territoire s'accroissent. Solution : mettre en place un porte-conteneurs entre Papeete et la Nouvelle-Zélande afin de récupérer le fret en provenance d’Asie notamment. Lancé par le Pays, le projet toujours à l’étude a été confié à des hommes d’affaires locaux. Complètement déréglée, la demande mondiale est aujourd'hui davantage axée sur les biens que les services. D'où une augmentation sans précédent des volumes import/export dans le monde entier.

En 2011, pour faire face au boom des exportations de Chine, des porte-conteneurs 2 fois et demie plus gros arrivaient sur le marché.

Des dizaines de cargos à plus faible capacité se retrouvaient alors avec peu fret à transporter. Face aux pertes de profit, les compagnies maritimes et les armateurs ont désactivé de nombreux navires pour anticiper une baisse de trafic.

Résultat, au début de la pandémie, la flotte a été considérablement réduite pour une demande qui a explosé contre toute attente après la crise sanitaire.

Des armateurs pour

Du coup, un nouveau boom de commandes de porte-containers a eu lieu en 2021.

Les cargos n’étant disponibles que l’année prochaine, la pénurie de navires devant la croissance du trafic a généré en 2020 une explosion des coûts d’affrètement des bateaux. Les coûts de fret sont depuis gravement impactés.

En Polynésie, le gouvernement veut réagir avec un projet de cargo entre Papeete et Aukland pour récupérer le fret en provenance d’Asie, explique le vice-président Jean-Christophe Bouissou. Selon lui, la CGM a été contactée, et son "PDG a répondu par courrier au Président pour lui dire qu'on régulait désormais les arrivées des bateaux, et sur des tarifs qui soient accessibles". 

Port de Papeete (image d'illustration)

En attendant, aujourd’hui le coût d’affrètement d’un navire venant à Tahiti a été quasiment multiplié par 9, passant de 9 000 dollars par jour avant la crise sanitaire à 78 000 dollars à ce jour !

Raison pour laquelle Tuanua Degage, président du cluster maritime, soutient le projet du Pays. "Ce n'est pas une tâche facile, c'est du transport maritime à l'international. Je pense que ça vaudrait le coup de se pencher sur les solutions qu'on pourrait amener. On sort de la crise covid, on est plein dans celle du coût du pétrole", constate Tuanua Degage.

Importateurs et distributeurs pas chauds

Le projet du Pays en revanche trouve peu d’écho auprès des importateurs et distributeurs comme c’est le cas de Nancy Wan, directrice générale d'un groupe de grande distribution. "Louer un bateau c'est cher, c'est une location à la journée. Ensuite il faut équiper ce bateau, il faut louer sa place au port, il y a le carburant. Quel est le coût global ?", se demande-t-elle.

En attendant, les coûts de fret ont pratiquement été multipliés par 5 dans tous les pays en dehors de l’Europe. Les chaînes d’approvisionnement sont rompues à cause de la pénurie de navires et de conteneurs, d’espace insuffisant également à bord des navires, mais aussi à cause de la congestion des ports.

Ecoutez le reportage de Titaua Doom :