VERIFICATION. Covid-19 : comment le député calédonien Philippe Gomès a-t-il pu être contaminé alors qu'il était vacciné ?

Philippe Gomès, député de la seconde circonscription et membre fondateur de Calédonie ensemble.
L’homme politique calédonien a été touché lors de son séjour à Paris. Sur les réseaux sociaux, des internautes ont estimé que cela prouvait l’inefficacité du vaccin. Or, l’augmentation du nombre de personnes vaccinées et infectées est normal car mathématique. Explications.

La nouvelle a fait réagir. Le député calédonien Philippe Gomès a été touché par le Covid-19 lors de son séjour à Paris, a révélé NC la 1ère, mercredi 30 juin. Une information qui a suscité de nombreux commentaires étonnés sur les réseaux sociaux car l’homme politique est vacciné contre le coronavirus. 

Une preuve suffisante pour certains internautes pour remettre en cause l’efficacité de la campagne vaccinale menée en Nouvelle-Calédonie et partout dans le monde. Mais le fait qu’une personne vaccinée soit touchée par le Covid-19 est-il vraiment étonnant ? Non, et NC la 1ère vous explique pourquoi.

Le vaccin protège contre les formes graves 

Tout d’abord, il faut rappeler la vaccination permet surtout d’éviter de développer des formes graves de la maladie qui peuvent entraîner des hospitalisations et un passage en service de réanimation. Ainsi, selon une étude menée en Israël, et publiée dans la revue médicale The Lancet (en anglais) début mai, après la deuxième dose, le vaccin Pfizer/BioNTech, administré en Nouvelle-Calédonie, protège à 95,3% contre les infections, à 97,2% contre les hospitalisations et à 96,7% contre les décès chez les personnes de plus de 16 ans, sept jours après la seconde dose.

"Aucun vaccin n'est efficace à 100%, rappelle à franceinfo Anne-Claude Crémieux, professeure de maladies infectieuses à l'hôpital Saint-Louis de Paris. Les vaccins à ARN messager, qui sont aujourd'hui les plus efficaces, apportent après la deuxième dose une protection de 90% contre les formes symptomatiques de la maladie, et de 80% contre les formes asymptomatiques." Même après une vaccination complète, il reste donc un faible risque de développer une forme symptomatique (toux, fièvre, etc.) ou non de la maladie.

Au Royaume-Uni, d’ailleurs, où l’épidémie est repartie nettement à la hausse sous l’effet de la propagation du variant Delta, les courbes des hospitalisations et des décès restent, pour l’heure, très basses par rapport aux précédentes vagues. 

 

Dans un pays qui compte 67% de primo-vaccinés et 49% de complètement vaccinés, la majorité des personnes qui sont hospitalisées n'ont pas été vaccinées, selon le dernier rapport du Public Health England (en anglais).

Un effet mathématique

Reste que certains anti-vaccinations ou vaccino-sceptiques, comme l'élu souverainiste et ancien membre du FN Florian Philippot, ont mis en avant d’autres chiffres en provenance du Royaume-Uni pour assurer que les vaccins étaient inefficaces. Les autorités britanniques ont en effet annoncé que depuis début février, 117 personnes étaient mortes du variant Delta. Or, parmi elles, 50 étaient complètement vaccinées (42,7% du total) et 20 primovaccinées (17,1%). Autrement dit, 59,8% des personnes décédées en raison du variant Delta avaient reçu au moins une dose de vaccin. 

Sauf que ces chiffres sont tout à fait normaux lorsqu’un pays atteint une couverture vaccinale importante comme c’est le cas en Israël ou au Royaume-Uni. Pour bien comprendre, il faut sortir la calculette, comme l’a fait le scientifique belge, Tom Buyaert : imaginons un groupe de 10 000 personnes confrontées à un virus qui touche une personne sur 100 sans protection (soit un risque d’infection de 1%). 

Si la couverture vaccinale est nulle, il y aura donc 100 personnes infectées. Dans le cas contraire, si 90% de cette population est protégée avec un vaccin lui-même efficace à 90%, il y aura d’un côté avec 9 000 personnes vaccinées, dont non plus 1% mais 0,1% vont être infectées, soit 9 personnes - et de l’autre côté 1 000 personnes non vaccinées, dont 1%, soit 10 personnes, vont être infectées. Ce qui donne 19 personnes infectées... dont 9 vaccinées, soit presque un sur deux. La même démonstration peut valoir pour les patients hospitalisés ou pour ceux décédés, rappelle d’ailleurs Le Parisien (article abonné).

Et si l’on pousse le raisonnement jusqu’au bout, plus on vaccine, plus la proportion de personnes vaccinées augmente parmi les décès, souligne Le Figaro (article abonné). "Imaginons que personne ne soit vacciné. Eh bien, il n'y aura aucune personne vaccinée parmi les décès... Inversement, si tout le monde est vacciné, toutes les personnes décédées auront été vaccinées", pointe le quotidien.