Violences en Nouvelle-Calédonie : les premières réactions politiques en Martinique

Le journel des Outre-mer du 15 mai est entièrement consacré à la situation en Nouvelle-Calédonie
Le bilan est lourd en Nouvelle-Calédonie, avec 5 morts comptabilisés à ce jour et au moins 200 millions de dégâts estimés par le monde économique calédonien. En Martinique, les réactions de la classe politique sont nombreuses face à cette situation insurrectionnelle qui ne semble pas s'apaiser.

Les images tournent en boucle sur les médias du monde entier : la Nouvelle-Calédonie est en feu. Impossible de l'ignorer car le bilan est lourd et il s'aggrave de jour en jour.

Bien avant ce climat de tension, la classe politique et la société civile martiniquaise entretenaient des relations avec ce territoire d'Outre-mer du Pacifique. Ainsi, à des milliers de kilomètres, la situation ne laisse personne indifférente, quel que soit le bord politique.

L'attitude de l'Etat critiquée

Catherine Conconne, sénatrice et membre du groupe Socialiste, Écologiste et Républicain, demande à l'État "une démarche qui ne soit pas brutale et dans une forme de déni de la réalité de ce pays. Dire qu’il y a eu des scrutins, ne justifie pas une finalité légitime".

Pour le député Johnny Hajjar, du groupe Socialistes et Apparentés, "l'esprit de compromis, de sagesse et de lucidité des accords de Matignon en 1988 et de Nouméa en 1998, s'est volatilisé au nom de la satisfaction des intérêts d'une partie de la population et du gouvernement, notamment pour satisfaire et séduire une extrême droite conquérante."

Serge Letchimy, président du conseil exécutif de la Collectivité Territoriale de Martinique, estime que "la situation actuelle n’est autre que la résultante d’une politique d’asservissement, de confiscation des biens et des terres, et de colonisation débutée par la France en 1854."

"Le dégel du corps électoral est une atteinte à la souveraineté du peuple Kanak"

Pour le PALIMA (Parti pour la Libération de la Martinique), mouvement indépendantiste proche du FLNKS, "le projet de loi constitutionnelle sur le dégel du corps électoral vise à marginaliser encore plus le peuple autochtone de Kanaky et à parachever la colonisation de peuplement telle que l’avait prévue Pierre Mesmer en 1972".

Le Groupe Révolution Socialiste (GRS), autre tendance nationaliste de Martinique, accuse le gouvernement français de "pousser la provocation jusqu'à vouloir modifier le corps électoral, pour être sûr de rendre minoritaire le projet décolonial Kanak par l'ajout de 25 000 Français, soit 15% de la population du territoire."

Le Mouvement Indépendantiste évoque une « déstabilisation voulue et programmée » de la part du gouvernement. Gouvernement qui « doit respecter les accords passés avec le peuple kanak », dit encore Alfred Marie-Jeanne dans un communiqué.

Voiture calcinée en Nouvelle-Calédonie alors que des violentes émeutes secouent le territoire depuis le 13 mai 2024

Reprise du dialogue et retour au calme souhaités...

L'appel au dialogue entre l'État français et les composantes politiques de la Nouvelle-Calédonie est l'un des points communs de certains élus, afin d'éviter que l'embrasement s'intensifie.

Catherine Conconne considère que "le dialogue doit absolument reprendre dans des conditions apaisées, quitte à prendre le temps qu’il faut. Rien ne relève de l’urgence vitale dans ce processus."

Serge Letchimy partage cette position : "j’appelle le gouvernement à la retenue et au dialogue avec toutes les forces politiques calédoniennes, afin d’assurer au peuple kanak le respect de ses droits historiques sur ses terres."

"L'invention de nouveaux rapports"

Le député Johnny Hajjar du PPM (Parti Progressiste Martiniquais), estime que "d’autres voies responsables sont possibles. Elles passent par l'invention de nouveaux rapports entre une France, libérée des oripeaux du colonialisme et la population calédonienne, désireuse d'avancer dans la paix et la construction pour un avenir plus serein".

L'appel au calme est aussi formulé par les principaux partis politiques de Nouvelle-Calédonie. Néanmoins, l'archipel du Pacifique reste traumatisé par trois jours de violences et des tensions extrêmes à Nouméa et dans le Grand Nouméa.