Téléphonie mobile : les bonnes et les mauvaises surprises!

Adapter le portable à Wallis et à Futuna
Le portable, c'est bien! Un pas de plus dans le monde d'aujourd'hui. Nous ne sommes plus une exception. La couverture de tout le territoire est en cours.
Reste à l'utiliser sans se mettre dans le rouge à la banque. Et là, c'est beaucoup moins évident...
Il était attendu depuis des années. Le téléphone mobile est une réalité à Wallis et Futuna. Les grandes antennes du réseau "Manui'a" se sont activées le mardi 22 décembre au matin.
Le portable peut désormais faire partie de l'équipement du Wallisien ou du Futunien! Encore faut-il savoir s'en servir sans faire exploser son budget...
Des centaines de personnes sont devenues des acheteurs de cartes "Manui'a". Le chiffre de huit cents est avancé mais reste à vérifier... En tout cas, à coup sûr, un succès de vente.
Aujourd'hui, après la phase d'attente, nous sommes entrés dans la phase utilisation. Et là... Pas si évident.  

Les unités s'envolent!

Les unités des cartes fondent souvent comment graisse au soleil... Exemple de Selevasio Keletanoa, un jeune sportif à qui son père a offert en bon père-Noël la carte de 5000 CFP. La plus chère pour 2h00 de communication! "J'ai essayé de suivre les nouvelles sur Facebook, comme tout le monde" explique-t-il tranquillement devant la caméra. "Puis j'ai commencé à regarder des images, des petites vidéos d'une minute. Ca marchait bien mais je n'avais pas d'idée de la consommation. Trois jours après, plus d'unités. J'ai connu mieux en métropole".
Plus en colère -mais c'était le payeur...- le père conclut avec véhémence : "Ils nous ont fait miroiter d'aller surfer sur internet avec peu de moyens. Vous savez comment est le Wallisien... Nous on a un portable, on fait partie de la "première classe" de ce Territoire.C'est des mensonges! Il faut revoir tout le projet!

Chères communications!

Le problème auquel sont confrontés les nouveaux consommateurs de téléphone portable est double. D'abord -comme en métropole- il faut apprendre à s'en servir! Les unités filent à grande vitesse dès qu'on sort des forfaits. Qui n'a pas en mémoire une anecdote sur des factures "astronomiques" "alors que je n'ai pas beaucoup téléphoné!" Les heures passées avec le portable collé à l'oreille font tourner le compteur... Cela s'est parfois terminé en justice.

A WAllis et Futuna, la situation est différente... et pire! "Déjà, le téléphone fixe est cher! 10 CFP la minute en local. Le portable est lui à 60 F la minutes! On doit avoir le téléphone le plus cher de France" détaille Francis Alary, un ancien juge qui est aujourd'hui le président de l'AFOC, l'association des consommateurs. Et de préciser "l'international -et Futuna c'est de l'international, et ne parlons pas de la Nouvelle Calédonie!- on est à plus d'un euro la minute! Alors quand on veut télécharger une photo, une image, un film même court... les unités filent! Et un giga dans la carte, c'est vite passé!"

Pas de téléphone de base

L'idée serait de "contourner" cette contrainte liée aux images -avec un débit très faible de 1 Mo maximum- en évitant la 3 et la 4G. Impossible! Le téléphone basique ... pour téléphoner en audio ne fonctionne pas! Le smartphone 2G à 8500 CFP non plus! Il faut aller vers la 3G ou 4 G avec des appareils nettement plus chers à l'achat! Entre 20 000 CFPet et 140 000 CFP pour le Iphone6. Et en prime la tentation des images...

"On parle d'internet local... Mais vous savez qu'en Europe pour 50 euros vous avez 40 Méga, le téléphone gratuit, la télé... Ici, tant qu'on n'a pas le haut débit il ne faut pas y penser!" constate lucide Francis Alary qui ajoute "mais l'écart entre tout est tellement énorme qu'on ne peut pas ignorer ce problème et se poser les bonnes questions!" A commencer par celle du modèle économique et celle des tarifs.
Pour lui -comme pour notre golfeur et son père les tarifs ne sont pas suffisamment clairs. Les consommateurs ne sont pas suffisamment informés. Un effort est à coup sûr à faire!
Il conclut par une analyse critique de fond :"Tant qu'on considère le système de communication comme une recette du territoire et non comme une véritable aubaine en termes de communication, ça ne marchera pas!"

Le portable -à défaut de faciliter la communication-  alimente les débats!