Mutuma Ruteere, le rapporteur spécial des Nations Unies sur les formes contemporaines de racisme et de xénophobie, a été informé "que le discours de haine xénophobe prend de l'ampleur... et mène à une perception négative des migrants, particulièrement les musulmans et les personnes d'origine africaine".
Stéréotypes après hostilité
Il s'exprimait à l'issue d'une semaine de visite en Australie et faisait part de ses conclusions préliminaires : "Je relève avec inquiétude que certains politiciens populistes, applaudis par une partie des médias mainstream, continuent de stéréotyper et distiller l'hostilité envers certaines catégories de migrants", a ajouté M. Ruteere.
Il s'est dit particulièrement interpellé par "l'incarcération de mineurs issus des communautés indigènes et leur traitement par le système judiciaire pénal", lors de son intervention à Canberra. Cela avait déjà fait l'objet d'un reportage d'ABC, qui avait soulevé un scandale national.
La population australienne, 24 millions de personnes, est composée à hauteur de 3% seulement d'Aborigènes. Mais ils comptent pour un quart des détenus.
Taux d'incarcération en augmentation
Un rapport indépendant a indiqué le mois passé que le taux d'incarcération des adultes aborigènes avait augmenté de 77% entre 2000 et 2015, avec un pourcentage pour les mineurs 24 fois plus élevé que pour les personnes non-aborigènes.
Une situation que le rapporteur spécial de l'ONU qualifie "de crise croissante". Il enjoint le gouvernement australien à mener une évaluation de son système judiciaire pénal et à se tourner vers des alternatives à la détention, tout en évitant des sanctions obligatoires.
"La politique actuelle à l'égard des communautés indigènes est trop punitive et nécessite un changement urgent alors que ses conséquences ne peuvent que mener à davantage encore de dévastation dans ces communautés", conclut-il sans équivoque. Il a à ce titre aussi demandé au gouvernement de Canberra de reconnaître constitutionnellement le rôle et les droits des Aborigènes.