C'est un liquide marron, à la forte odeur de poisson, qui paraît peu ragoûtant. Et pourtant c’est un fertilisant agricole de haute qualité, fabriqué localement. "En gros, il reste la tête, les arêtes et un peu de peau et de nageoire. Ces déchets sont transformés comme lors de la digestion dans l’estomac avec une température un peu chaude", explique Pablo Chavante, ingénieur. Ce dernier a participé à la phase de test du produit pendant 10 ans avant qu’une entreprise privée ne prenne le relais. "Il y a des enzymes qui travaillent et qui transforment toute la matière organique. On met tous les déchets dans une grande cuve. On ajoute quelques enzymes. On fait un peu chauffer. Au bout de quelques heures, on ouvre une vanne. À la fin, il sort un produit liquide comme une soupe."
Unique dans le monde
Si le processus est donc plutôt simple, il s’agit surtout d’avoir les bons appareils, et la bonne idée. "L’idée est venue d’un voyage en Nouvelle-Zélande où on a trouvé une société qui avait développé un procédé. Elle était prête à le donner à la Calédonie et à l'adapter à une taille réduite, poursuit Pablo Chavante. On faisait des cycles pour tester s’il y avait une différence selon les types de poisson qu’on mettait. On allait les tester sur des ignames, les tubercules, les choux de Chine pour essayer de voir l’effet du produit. Une unité autonome de petite taille, telle que celle de Lifou, c’est unique dans le monde."
Un déchet issu de la mer, qui profite à la terre. Désormais, l’unité continuera à tourner à Lifou grâce aux 15 tonnes annuelles de déchets de poisson issus des îles. Le fertilisant vivra une vie de produit commercialisé classique. Un indispensable étonnant pour nourrir les sols et renforcer les sols.