À quelques heures du débat sur le dégel du corps électoral, les parlementaires calédoniens réagissent

Les députés Philippe Dunoyer et Nicolas Metzdorf (à gauche) et le sénateur Georges Naturel réagissent avant la séance au Sénat sur le dégel du corps électoral.
Ce mardi soir (heure calédonienne), à Paris, le Sénat se penche sur le projet de loi constitutionnelle visant à élargir le corps électoral pour les élections provinciales. Un sujet très sensible, qui agite la classe politique depuis plus de 40 ans. L’avenir politique du pays est en jeu. Quel est l'état d’esprit des parlementaires quelques heures avant l’examen du texte ?

Dès ce mardi soir, 26 mars (heure calédonienne), le projet de loi constitutionnelle visant à élargir le corps électoral pour les élections provinciales sera examiné par le Sénat, à Paris. Un moment très attendu par la classe politique calédonienne.

Déjà, ce week-end, le FLNKS appelait le gouvernement français à suspendre l’examen du texte "pour créer les conditions du dialogue sur un accord global" et sollicitait "une mission de dialogue pilotée par un haut responsable".

"C'est le président de la République qui décidera"

De son côté, le sénateur Georges Naturel, membre du groupe les Républicains, plaide avant tout pour l’organisation des élections provinciales avant de conclure un accord. Mais la décision revient au président de la République, selon le sénateur, interrogé à Paris : "Je pense que le Sénat va voter dans sa majorité le texte du gouvernement pour revoir le corps électoral. Ensuite, il faudra que ça soit voté dans les mêmes termes au niveau de l'Assemblée nationale avant d'avoir une majorité des trois cinquièmes au Congrès de Versailles." Avant la fin de toute ces étapes seul le président de la République peut décider de reporter la réforme constitutionnelle, selon les propos du sénateur.

"Ouvrir les discussions"

Même position pour le député Philippe Dunoyer du groupe Renaissance : il soutiendra le dégel du corps électoral le 13 mai prochain mais appelle aussi à renouer le dialogue. "Je suis convaincu que le Sénat donnera un message, comme il l'avait fait pour le projet de loi organique (...) afin que des discussions s'ouvrent et qu'un accord finisse par voir le jour", plaide le député. "C'est à mon avis bienvenu après le congrès du FLNKS qui dit aussi qu'il est prêt à ouvrir les discussions." Entre les débats au Sénat et à l'Assemblée nationale, on peut imaginer que des discussions s'ouvrent pour qu'un accord finisse par voir le jour en juin ou en juillet."

"Le FLNKS cherche à gagner du temps"

Le député Nicolas Metzdorf soutient lui aussi la réforme constitutionnelle mais fustige les amendements déposés par le rapporteur de la commission des lois, Philippe Bas. Il juge aussi, "inutile", la démarche du FLNKS. "La droite, après avoir gelé le corps électoral en 2007, prévoit des amendements via Philippe Bas, qui précise que le dégel n'est effectif que sur ces élections provinciales-là, il ne faudrait pas que la droite trahisse une nouvelle fois les Calédoniens. Il faut qu'elle vote la réforme constitutionnelle, comme c'est prévu, sans amendement", commente le député du groupe Renaissance. Le rapporteur Philippe Bas répond "Nous voulons détendre un petit peu un processus dans lequel on a mis un peu de stress", pour "donner toutes ses chances à la conclusion d'un accord" local. 

Nicolas Metzdorf ajoute : " le FLNKS cherche à gagner du temps, il propose de rediscuter avec nous pour qu'on arrête la réforme constitutionnelle (...). Ils veulent une nouvelle mission de dialogue car leurs interlocuteurs refusent leur demande d'indépendance, ils cherchent un interlocuteur au niveau de l'Etat qui défend l'idée de l'indépendance-association."

"Un passage en force"

De con côté, le sénateur indépendantistes s'est indigné auprès de l'AFP. "C'est un passage en force. On nous demande de discuter avec un couteau sous la gorge", a commenté Robert Xowie.

Un vote solennel est prévu le 2 avril au Sénat sur ce texte, qui devra ensuite être adopté à l'identique à l'Assemblée avant d'être soumis à tous les parlementaires réunis en Congrès, où une majorité des trois cinquièmes sera nécessaire.

Le reportage, à Paris, de Malia Noukouan