“Poursuivre le travail sur l’unité du mouvement indépendantiste”, était l’un des deux grands objectifs du 42e congrès du FLNKS. Le principal : “redire les fondamentaux du mouvement”, c’est-à-dire “l’accession du pays à la pleine souveraineté et notre opposition à la 3e consultation”, résume Pascal Sawa. Il était l’invité politique du journal télévisé de Nouvelle-Calédonie la 1ère, ce dimanche 24 mars. Il venait au nom du FLNKS.
“Le sujet urgent,c’est la loi qui doit modifier la constitution pour dégeler le corps électoral”
Sur la question du dégel du corps électoral, “il y a toujours des désaccords entre nous”, admet Pascal Sawa. Le Palika est par exemple plutôt favorable à une ouverture à dix ans de résidence. Pour Pascal Sawa, “dix ans aura un impact énorme. L’idée, dans le cadre de la trajectoire d’un pays en voie de décolonisation, c’est de garder les équilibres. Faire entrer 10 ou 20 000 nouveaux électeurs déséquilibrerait toute la structure électorale de la Nouvelle-Calédonie.”
Déséquilibrer toute la structure électorale de la Nouvelle-Calédonie nous ramènerait 40 ans en arrière, ça nous rendrait encore plus minoritaires.
La position commune, adoptée par le congrès du FLNKS : “demander le retrait de la loi qui doit modifier le corps électoral”. Elle doit être examinée par le Sénat ce mardi, à Paris. Mais une partie des indépendantistes souhaite que la question du corps électoral ne soit pas dissociée des discussions sur l’avenir institutionnel.
Le projet de réforme constitutionnelle du corps électoral "rend les discussions plus compliquées”, estime le représentant du FLNKS. La stopper permettrait de “détendre l’atmosphère, de continuer les discussions et de poursuivre jusqu’à un accord final”, poursuit-il.
D’une façon générale, on considère que le corps électoral est partie intégrante du futur accord.
"Nous demandons également une mission de dialogue pilotée par un haut-responsable"
Autre décision prise par le FLNKS lors de son congrès : solliciter “une mission de dialogue pilotée par un haut-responsable, comme c’était le cas à l’époque des accords de Matignon.” Une proposition qui a été évoquée par Roch Wamytan, le 22 mars.
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“Depuis le troisième réferendum, nous avons constaté que, malheureusement, le gouvernement n’est plus du tout impartial. Or, le rôle du gouvernement est d’être un peu au-dessus de la mêlée et de faire en sorte que tout se passe bien”, pose Pascal Sawa.
À plusieurs reprises, c’est une mission de l’ONU qui était réclamée par les indépendantistes. “On aimerait que ce soit dans le cadre de l’ONU mais c’est une affaire interne donc nous faisons des propositions assez ouvertes, raisonnables, pour détendre, créer les conditions du dialogue”, précise Pascal Sawa.
“Nous on veut continuer à travailler”
Mais pour poursuivre le dialogue, il va falloir que les élus qui ont quitté avec fracas le Congrès, jeudi, reviennent. “Le FLNKS regrette le départ des Loyalistes et du Rassemblement et les propos qui ont été tenus. Nous, on veut continuer à travailler. S’ils ne veulent plus parler, charge à eux de rompre les discussions ou de dire : ‘on va dégeler le corps électoral, on sera majoritaire, on va reprendre le gouvernement et on va retourner quarante ans en arrière’ parce que 1984, c’était ça, la volonté de nous rendre minoritaires dans notre pays.”
On est le fruit du destin commun. Il y a encore du travail à faire mais s'il n’y avait pas de destin commun, je ne serais pas là, mes enfants ne seraient pas là. Il n'y a pas de raison de voir le verre à moitié vide.
La mouvance indépendantiste croit encore “au dialogue, à une solution consensuelle, à un accord global”, insiste Pascal Sawa. D’ailleurs, "au niveau du FLNKS, on a acté qu’il faut poursuivre” les discussions entre groupes politiques lancées en novembre. “L’idée c’est de mettre tout le monde sur la même vibe, mais avant de reparler, il faut que l’Etat, le gouvernement, nous fasse des signes."
Sur le pacte nickel, “on n’a pas tranché”
Ce jeudi, les élus du Congrès doivent décider d’accorder ou non à Louis Mapou l'habilitation à signer le pacte nickel avec l’Etat. Un pacte en deçà des ambitions mais qui permettra de répondre aux urgences auxquelles font face les trois usines, estime le président du gouvernement. Le FLNKS ne donnera pas de consignes de vote.
Les enjeux étant autant techniques que politiques, “on n’a pas tranché au niveau du congrès”, indique Pascal Sawa. “Il y aura des incidences sur les finances, la fiscalité, etc. donc on a préféré laisser la décision aux responsables dans les institutions. Mais l’idée est de travailler sur le pacte et de trouver de nouveaux relais de croissance.”