C'est ce que l'on appelle un cours sur le champ : d'un côté, le chirurgien cardiaque de la Pitié Salpêtrière à Paris et de l'autre, un médecin urgentiste et cardiologue du Médipôle. L'opération est exceptionnelle pour la Calédonie : un pontage coronarien. En bref, cela consiste à court-circuiter une artère bouchée en créant un pont avec une artère saine.
« Ce sont des opérations qui sont très spécialisées. En Nouvelle-Calédonie, les chirurgiens font de la chirurgie plutôt générale, mais tout ce qui est cardiaque, on n'en fait pas du tout. D’habitude, les patients sont évasanés en Australie », explique Nathalie Rey, infirmière de bloc opératoire du CHT.
Pour opérer un cœur en sursis, entre 4 et 8 heures d’opération, l’anesthésiste doit doser les drogues avec une infinie précision.
Des fiches
Plusieurs blocs opératoires fonctionnent en même temps, dans une configuration identique, et toutes les équipes métropolitaines sont unanimes : "On voit la progression, immense. Aujourd’hui, j’opère avec une équipe entièrement calédonienne à mes côtés, sans supervision extérieure", explique le docteur Pierre Demondion, chirurgien cardiaque à l'hôpital public de la Pitié Salpêtrière.
Efficace, si les souvenirs des gestes techniques perdurent. Pour aider les Calédoniens, Agnès Jue-Denis, infirmière de bloc opératoire spécialisée en Métropole, leur prépare des cours. "Je vais leur laisser des fiches d’intervention avec les points importants qu’il ne faut pas oublier." De quoi bénéficier, pour les prochaines missions, d’une vraie assistance pour prendre en charge les patients.
Démission
Mais après l’annonce de la démission de quatre cardiologues du service calédonien, la prochaine mission risque d’être tout simplement annulée. Le docteur Mathieu Debauchez, patron de cette mission, est très clair : pas de service de cardiologie efficient, pas de chirurgie cardiaque.