Les planteurs avaient vu juste, en juillet 2024, avant même le début de la nouvelle campagne sucrière à La Réunion, ils craignaient déjà pour la perte de tonnage. Et in fine, pour la baisse de leurs revenus.
Cette campagne n'est pas encore terminée que le tonnage annoncé accuse une sérieuse baisse.
La faute à Bélal, Candice et aux aléas climatiques
Les dernières prévisions du Centre technique interprofessionnel de la canne et du sucre confirment la tendance. Des prélèvements ont été effectués dans différents champs de l'île afin de mesurer le poids des cannes. Le constat est sans appel.
Selon les estimations, le volume de cannes produit en 2024 devrait atteindre 1,28 million de tonnes. À titre de comparaison, la campagne sucrière 2023 s'est achevée sur un bilan de 1,43 million de tonnes de cannes.
"On est sur une mauvaise campagne sucrière" lâche le co-président du CTICS et directeur agricole de Tereos Océan Indien. Et les deux mois restant ne suffiront pas à arranger les choses.
C'est lié notamment au passage du cyclone Bélal en début d'année qui a fortement impacté les cannes. Derrière on a eu la tempête tropicale Candice qui est venue renforcer ce phénomène. A la suite de cette tempête, on a eu dans le Grand Sud jusqu'à l'Est, un couvert nuageux assez permanent qui a limité le processus de photosynthèse.
Florent Thibault, directeur agricole de Tereos Océan indien et co-président du CTICS
Un cyclone, une tempête tropicale sans oublier une forte sécheresse de mars jusqu'à septembre. Résultat, les cannes de fin de campagne, les moins impactées par le cyclone, ont elles aussi connu des dégradations.
Une canne à sucre avec une meilleure richesse
Une sécheresse cependant bénéfique pour la richesse des cannes à sucre. "Elle est de l'ordre de 0,5 point de plus que l'année dernière. C'est assez logique dans une année où on a connu de la sécheresse. La canne ne va pas croître et donc quand elle ne croit pas, elle renforce sa teneur en sucre" précise Florent Thibault.
"Un point de richesse, c'est de l'ordre de cinq euros, on est à peu près à 2,50 euros de plus sur la tonne de canne en moyenne" poursuit-il. Certes l'augmentation de la teneur en sucre des cannes compte mais ce qui rémunère, ça reste le volume produit.
"Une tonne de cannes aujourd’hui, c’est de l’ordre de 107 euros pour l’agriculteur, tout compris. Ce qui pèche aujourd’hui, ce n’est plus la rémunération de la tonne de canne en elle-même, mais c’est le volume de production par chaque planteur".
Le reportage de Réunion La 1ère :
Des usines au ralenti
Les planteurs comme les industriels ne sont pas à la fête. "Cela laisse présager des tonnages de sucre qui ne sont pas bons et cela va nous contraindre dans les productions" indique le directeur agricole de Tereos Océan indien.
Face à ce manque de volume, les usines tournent actuellement au ralenti, elles sont loin d'être saturées en capacité.
Les usines fonctionnent en partie à vide ce qui ralentit le process et génère des difficultés à produire toute les qualités de sucre nécessaires pour satisfaire les besoins des clients
Florent Thibault, directeur agricole de Tereos Océan indien et co-président du CTICS
Une assemblée générale du CTICS est prévue à la fin de la semaine prochaine. Le co-président assure qu'une réflexion est menée pour venir en aide rapidement aux 2 800 planteurs de l'île qui doivent faire face à cette campagne sucrière désastreuse.