Crise en Nouvelle-Calédonie : des touristes métropolitains manifestent à Nouméa, il est question "d'un ou deux vol(s)" vers l'Hexagone "d'ici dimanche soir"

Manifestation de touristes métropolitains bloqués en Nouvelle-Calédonie, le 30 mai 2024, à Nouméa, devant le haut-commissariat.
Des touristes métropolitains bloqués en Nouvelle-Calédonie se sont mobilisés ce jeudi, à Nouméa, devant le haut-commissariat de la République, pour demander leur rapatriement. Ils exhortent le gouvernement français à leur venir en aide.

"On veut rentrer", "Macron 1 avion", "Un vol pour la Métropole", "Touristes en galère". Munis de pancartes en carton, des dizaines de visiteurs provenant de l'Hexagone ont fait ce qu'ils avaient annoncé : manifester leur inquiétude et leur mécontentement ce jeudi matin à Nouméa, devant les grilles du haut-commissariat. Bravant l'interdiction des "cortèges, défilés et rassemblements de personnes sur la voie publique" qui reste en vigueur jusqu'au matin du 3 juin.

L'État estime que 500 à 600 personnes sont concernées

Une délégation a été reçue en fin de matinée par le directeur de cabinet du haussaire. Il en est ressorti qu'un à deux vol(s) de rapatriement vers l'Hexagone pourrai(en)t être organisé(s) d'ici dimanche soir. Cela pourrait représenter 150 à 250 personnes par appareil. Or, le haut-commissariat estime qu'au moins 500 touristes français attendent un avion. 

Les bonnes nouvelles qu'on a, c'est qu'on aurait un ou deux avions affrêté(s) vers la Métropole d'ici dimanche soir.

Agnès Durieux, membre de la délégation reçue au haut-commissariat

Des centaines de touristes métropolitains se trouvaient bloqués en Calédonie, le 30 mai 2024.

Bon espoir de solutions "dans les tout prochains jours"

"Nous avons connaissance que plusieurs centaines de touristes, peut-être 500 personnes, souhaitent encore quitter la Nouvelle-Calédonie pour se rendre soit dans l'Hexagone soit dans les pays de la région", confirme la secrétaire générale adjointe du haut-commissariat. Carine Farault répond à Alban Mikocsy. "Toutes ces situations sont bien identifiées et nous avons bon espoir de pouvoir les traiter dans les tout prochains jours, pour répondre à la grande majorité des situations qui nous ont été signalées", assure-t-elle.
 

Les contraintes d'un pont aérien qui transporte les passagers et le fret

Pourquoi est-ce si compliqué ? "Pour pouvoir acheminer les passagers vers Tontouta ou de Tontouta vers Nouméa, nous utilisons un pont aérien avec des ATR qui ne comportent que 70 places. [Cela] nécessite plusieurs rotations pour pouvoir remplir un gros porteur", décrit la secrétaire générale adjointe. "En tenant compte par ailleurs des contraintes horaires. Ces avions ne peuvent faire des rotations que dans la journée et on a un nombre limité de rotations, contraint par ailleurs par la grande quantité de fret qui arrive sur l'aéroport."

Besoin d'information

Andy faisait partie des touristes présents ce jeudi matin. "On est arrivés le 11 mai et on devait repartir le 18 mai", relate-t-il. "On savait qu'il fallait remplir un formulaire, monter un dossier pour le rapatriement. On l'a fait le 21 mai et depuis, on n'a eu aucune nouvelle, aucun retour."

"Désillusion totale"

"Mon vol normalement devait retourner le 26", renchérit Julien. "Avec les reports successifs de l'ouverture de l'aéroport, j'avais d'abord l'espoir et maintenant, désillusion totale. On se rend compte que tous les acteurs à qui on demande des informations n'ont rien à nous donner."

Entre-temps, il faut encaisser tout le surcoût de cette affaire. Coût du logement, coût du billet d'avion, coût de l'alimentation.

"Je suis face à une compagnie qui me fait payer le surcoût du billet"

"J'ai la chance d'être hébergée chez des amis. Mais je souhaite réellement rentrer chez moi", insiste Olivia. "Tous les jours, je passe un appel au numéro qui est mis en service. On nous dit qu'ils sont débordés, que les dossiers sont traités. On n'arrive pas à comprendre. Il y a eu un premier vol de rapatriement. La seule information qu'on ait, c'est qu'on attend la réouverture des vols commerciaux à la Tontouta. Moi je suis face à une compagnie aérienne qui, quand je change mes billets, me fait payer le surcoût du billet."

Contacts

Si vous vous trouvez dans cette situation, vous pouvez contacter le groupe Facebook "Touristes coincés en Nouvelle-Calédonie". Il recense notamment les cas urgents : les personnes en grande difficulté, celles et ceux qui ne savent pas où dormir, les familles avec enfant(s) en bas âge. Jeudi après-midi, le groupe comptait plus de 260 membres. Vous pouvez également envoyer un courriel à l’adresse suivante : adrxbyr@gmail.com sachant que les éléments seront transmis aux services de l'Etat. Il est même prévu un point quotidien avec le haut-commissariat. 

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L'aéroport international de La Tontouta est fermé aux vols commerciaux jusqu'à ce dimanche, 9 heures, "avant une nouvelle évaluation". Les rotations qui étaient programmées entre le 13 mai et le 2 juin représentent 150 vols et seize mille passagers, a décompté la compagnie Aircalin.

À ce jour, la compagnie Aircalin estime qu’encore près de 2 000 Calédoniens sont en attente d’un vol.

Communiqué d'Air Calédonie international, le 30 mai 2024

Sept vols ont ramené près de 1 500 personnes vers Nouméa

Elle signale que des avions réquisitionnés par l'Etat ont acheminé près de 1 500 personnes vers Nouméa depuis Paris, Singapour ou le Japon. "Une rotation a également été organisée vers Wallis et Futuna, afin de permettre aux passagers bloqués à Nouméa et à Wallis de regagner leur destination, ainsi que de prendre en charge du fret médical." Un "certain nombre" de vols de rapatriement sont en cours d’étude pour la fin de semaine.