"Il faut toujours plus de temps pour construire que pour détruire", est-il résumé dans le courrier d'Emmanuel Macron reçu tôt ce mardi 18 juin au matin, en Nouvelle-Calédonie. Une lettre adressée aux élus du territoire, un nouvel appel au dialogue qui ne laisse pas sans réaction.
J'ai décidé, dans la circonstance, de ne pas réunir le Congrès.
Emmanuel Macron, président de la République
Après la dissolution de l'Assemblée Nationale, le projet de loi sur le dégel du corps électoral a été suspendu. Le Congrès ne pouvait donc pas être réuni avant juillet, pas avant l'élection des nouveaux députés. Les experts de la question étaient d'ailleurs partagés sur la suite potentielle de ce projet après la dissolution de l'Assemblée. Avec cette nouvelle annonce, Emmanuel Macron marque-t-il une décision ferme et définitive ?
Un nouvel appel au calme
Le président de la République débute son courrier en revenant sur les grandes étapes de l'histoire calédonienne : accords de Matignon en 1988, puis de Nouméa en 1998. Des moments de réconciliation qu'il décrit comme étant aujourd'hui réduits à néant : "Le 13 mai dernier un fil a été rompu ; celui tissé patiemment depuis 1988 par ceux qui avaient compris que les mots valent toujours mieux que les morts."
J'attends aujourd'hui la levée ferme et définitive de tous les barrages et la condamnation des violences sans faux-semblants. La situation dans laquelle la Nouvelle-Calédonie a été réduite par quelques-uns demeure inadmissible et ceux qui l'ont encouragée devront répondre de leurs actes.
Emmanuel Macron, président de la République française
Pour les Loyalistes et Rassemblement : un courrier naïf et loin des réalités locales
Dans ce courrier, le président rappelle l'engagement de l'État dans la reconstruction du territoire. Emmanuel Macron appelle les Calédoniens à "ne pas céder aux pressions et au désarroi mais à se dresser pour reconstruire".
La nécessité d'un retour au dialogue est plusieurs fois mentionnée dans le document.
Ce dialogue doit permettre de définir un projet de société commun à tous les citoyens calédoniens dans le respect de leur histoire, de leur identité propre, de leurs aspirations. Ce projet fondé sur la confiance, la reconnaissance de la dignité de chacun, la justice et l'égalité, devra offrir à la jeunesse calédonienne des perspectives.
Emmanuel Macron, président de la République française
Un document jugé loin des réalités du territoire par les élus Loyalistes et Rassemblement qui ont réagi suite à la réception de ce courrier ce matin. Ils y évoquent une "déconnexion inquiétante".
La seule priorité de l’État devrait être au rétablissement de la sécurité sur l’ensemble du territoire. Pourtant, à notre grand désarroi, le président de la République s’enferme dans son approche naïve du dossier calédonien.
Les Loyalistes-Rassemblement, dans un communiqué de presse
De son côté, la cheffe de file des Loyalistes, Sonia Backès, s'est fendue d'un post sur sa page facebook pour détailler une situation qu'elle qualifie d'arnarchique : "L’État a mis des moyens gigantesques et historiques mais ne parvient pas à nous protéger faute d’ordres clairs pour apporter une réponse proportionnées aux attaques que nous subissons."
Nicolas Metzdorf, candidat aux législatives anticipées 2024, dit avoir contacté le président de la République suite à ce courrier pour lui dire qu'il était "inadapté compte tenu de la situation en Nouvelle-Calédonie", il ajoute : "Emmanuel Macron m'a répondu qu'il ne comptait pas abandonner la Nouvelle-Calédonie dans cet état. Ce sont ses mots, il a bien lu et compris les miens."
Le président de la République conclut ce courrier aux Calédoniens en écrivant : "J'ai confiance en notre capacité à trouver ensemble le chemin du respect, de l'ambition partagée, de l'avenir."