C'est l'une des communes qui se veut transparente sur les choix rendus indispensables par la crise. Le 30 août, la municipalité de La Foa publiait un communiqué du maire sur Facebook. Florence Rolland y annonçait le report d'"opérations structurantes", comme la réalisation d'un funérarium et d'une voie verte.
Le 12 septembre, dans un communiqué intitulé "mesures en faveur de notre jeunesse", le chiffre de 98 millions tombe, 98 millions de moins dans le budget de fonctionnement. "Afin de préserver le plus longtemps possible l'éducation de nos enfants, des choix difficiles ont été faits par l'exécutif" : suspension des marchés d'entretien d'espaces verts et des routes, réduction des conventions en tribu, plafonnement des subventions accordées aux associations, annulation de la majorité des manifestations prévues, et report de versement de participation à la DDEC et au GIE Serail.
À La Foa, "pour être à la hauteur des enjeux, il faut choisir"
"Avec l'exécutif, on avait un objectif : préserver le transport scolaire et la cantine, explique Florence Rolland. Quand on connaît la crise sociale actuelle, il est important que nos enfants puissent avoir un repas équilibré. Pour ce faire, il était nécessaire d'engager les discussions avec l'ensemble des acteurs. L'objectif, c'était que l'effort soit collectif, solidaire, et tout le monde a joué le jeu. On fera tous l'effort, et notamment les transporteurs qui ont accepté de réduire leur facture mensuelle afin de continuer à transporter les élèves qui sont les plus éloignés."
Je remercie les agents municipaux qui vont faire l'effort jusqu'au 31 décembre de baisser leur salaire de 3%, tout en restant au travail. Je remercie aussi mes adjoints qui baissent leurs indemnités de pratiquement 50%. Pour être à la hauteur des enjeux, il faut choisir.
Florence Rolland, maire de La Foa
L'appel d'offres pour le funérarium sera relancé dès le mois de décembre. "Cela nous permet aussi d'atteindre un autre objectif, celui de faire travailler nos entreprises locales. On va se lancer sur un projet de moindre envergure qui permettra aux PME de se regrouper et de pouvoir travailler localement."
Les services périscolaires seront maintenus jusqu'au 29 novembre à La Foa. "On ne pourra malheureusement pas assurer le transport scolaire et la cantine sur décembre, déplore le maire. Il restera une dizaine de jours de classe. C'est quelque chose qu'on expliquera aux parents." Une rencontre est programmée le 27 septembre, au centre socioculturel. "On va commencer des réunions de quartier, et avec les associations de parents d'élèves dans les écoles, pour pouvoir venir en soutien des personnes les plus en difficulté, et trouver d'autres solutions pour combler ce manque sur décembre."
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La cantine et le transport scolaire, "priorités absolues" à Bourail
À Bourail, le réaménagement de la route principale est maintenu, malgré les restrictions qui frappent l'ensemble des communes du pays. Financé par des fonds de l'État, ce chantier reste une priorité alors que d'autres projets sont annulés faute de budget. "On a eu une restriction de 120 millions sur notre budget de 492 millions en fonctionnement, mais cela n'a rien à voir avec l'équipement, explique Patrick Robelin.
La priorité pour le maire de Bourail ? "Payer nos agents, d'abord. Parce qu'on le leur doit, ce sont eux qui font vivre la commune. Il faudra qu'on puisse trouver [aussi de quoi assurer] le transport scolaire, les cantines, sinon il n'y aura plus d'école pour la moitié des enfants."
Le reportage de Nathan Poaouteta et Ismael Waka-Céou :
"On arrivera bientôt aux charges de personnel" à Sarraméa
À Sarraméa, avec une baisse de 20 millions des dotations, et plus de dépenses que de recettes, le budget se trouve nettement déséquilibré. Les premiers arbitrages ne suffiront pas, aussi la municipalité travaille sur de nouvelles pistes d’économie. "Au dernier conseil municipal on s’est attaqué aux chapitres où c’était faisable de diminuer nos dépenses. J’avais fait la remarque à la comptable que le seul qu’on n’avait pas touché concernait les charges de personnel, mais je pense qu’on va y arriver bientôt, prédit Prisca Holero. Il faut qu’on soit solidaire dans cette situation. Le principe c’est de pouvoir négocier avec eux qu’on diminue le temps de travail, de façon à ce que tout le monde soit gardé."
Si on ne trouve pas de solution avec nos onze agents communaux, ceux qui ont l'âge de la retraite seront retraités, et les derniers arrivés seront sûrement les premiers à partir.
Prisca Holero, maire de Sarraméa
L’entretien des ouvrages d’art et la sécurisation de la clôture de l’école attendront. Les heures de ménage ont été réduites. L’autre poste ciblé, c’est le transport scolaire. Dès le CE2 il faut en effet se rendre à La Foa et parcourir une dizaine de kilomètres. Au lieu de 4 800 francs le trimestre, les parents paieront désormais 10 000 francs, puis 1 500 par enfant supplémentaire. Une mesure que 2025 verra perdurer. "C’est vrai que ça a tapé un peu des pieds, avoue le maire, mais les parents d'élèves ont bien compris que la solution devait venir de tout le monde, des élus comme des administrés."
L’évolution des indemnités des élus, il en sera question lors du prochain conseil municipal. Autre dossier sur lequel l'exécutif de Sarraméa souhaite avancer, c’est la question des impayés de factures d’eau et d’ordures ménagères qui plombent le budget annuel. Pour combler l’écart, dix millions passent chaque année dans le budget annexe.
"On va sûrement aller vers un emprunt" à Farino
20 millions : c'est aussi la soustraction opérée sur le budget de Farino. "Ce qui paraît dérisoire pour les grosses communes, mais qui est énorme pour nous. Cela représente entre 5 et 10% de notre budget de fonctionnement, détaille Régis Roustan. On a fait des choix radicaux, d’abord sur le fonctionnement de la mairie, on a retiré tout ce qu’il était possible, tous les postes budgétaires : le suivi des espaces verts par exemple : on a arrêté ou différé les contrats."
"Il n’y a plus de festivités de Noël, pas de spectacle pour les enfants, pas de décoration des rues, avant on donnait des cadeaux jusqu’à 9 ans, et maintenant jusqu’à 6 ans seulement, parce qu’on n’a pas les moyens de payer plus, se désole le maire. On a gardé la remise des dictionnaires pour les enfants qui vont au collège. Il n’y aura pas de cocktail, plus de fleurs, de sorties des anciens, plus de rencontres, il n’y a plus rien."
La commune va paraître triste un petit peu, et morne... Mais pour trouver 20 millions sur un budget comme le nôtre, il faut vraiment racler les fonds de tiroirs.
Régis Roustan, maire de Farino
"On n’a pas créé de nouveaux travaux, on a même enlevé du budget les nouvelles opérations, on n’a pas les moyens de continuer ainsi. On a payé tout le monde, maintenant on ne va pas aller plus loin, on va attendre d’abord d’avoir le budget 2025 avant de prendre des décisions. On va sûrement aller vers un emprunt, bien qu’heureusement on ait géré la mairie de façon très prudente, ce qui nous a permis de finir l’année sans être dans une situation catastrophique."
Dernière concession pour les Farinois, le ramassage scolaire. "Il était performant, tout le monde était satisfait, pour Régis Roustan, mais il coûtait 15 millions par an quand même. Là, on aura plus que deux points de collecte, et les parents vont ramener les gamins à la mairie et au parc de Focola. Ça nous fera une économie de 10 millions à peu près. Tout le monde fera un effort pour garder ce service, sinon il n’y aura plus de transport."