Un sigle revient régulièrement dans les discussions politiques, économiques et institutionnelles ces derniers mois. Il s'agit du PS2R, soit le plan de sauvegarde, de refondation et de reconstruction. Celui-ci s'appuie sur un volet d'urgence à court terme, la refonte globale du système calédonien et la reconstruction du pays. La trajectoire s'étend sur trois ans, de 2025 à 2027.
Les grandes lignes ont été présentées lors de la première conférence au centre culturel Tjibaou, le jeudi 17 octobre, avec la participation du ministre des Outre-mer, François-Noël Buffet. L'occasion de dresser un état des lieux des travaux à mener et de rappeler l'engagement de l'État depuis le début de la crise et la poursuite des aides.
Une démarche collective
Mais l'exécutif local et le gouvernement national ne seront pas les seuls à planifier cette feuille de route d'envergure. Lancée au mois d'août, trois mois après le début des émeutes, une consultation numérique a recueilli plus de 3 000 contributions. "Une participation riche et représentative de toutes les composantes de notre société", a souligné le président du gouvernement, Louis Mapou, en préambule de la conférence.
Cette diversité des acteurs s'est également retrouvée lors du rendez-vous au centre culturel Tjibaou. Collectivités, institutions, syndicats, membres de la société civile, chefs d'entreprise, près de quatre cents participants ont assisté à la conférence, eux qui ont "besoin de visibilité sur la situation et l'avenir". Et que le gouvernement souhaite fédérer autour de ce grand projet.
1 Des mesures à "très court terme"
Avec son plan, l'éxecutif collégial s'attèle en premier lieu à "la survie du système économique et social" du pays. L'enjeu est capital, d'autant que des organismes essentiels étaient déjà en grande difficulté avant les évènements de mai 2024. Plus que jamais, les graves déficits du Ruamm (Régime unifié d'assurance maladie et maternité), d'Enercal et de la Caisse locale de retraites (CLR) passent en priorité.
Outre la santé, l'énergie et la retraite, la liste des urgences est longue. Le gouvernement intègre dans son volet "sauvegarde" le logement, les transports aérien, maritime et terrestre, les finances publiques, l'économie comprenant les entreprises, les salariés, les associations et le pouvoir d'achat ainsi que la solidarité et l'urgence alimentaire.
D'ici la fin de l'année 2024, le 17e gouvernement espère redresser le tissu économique et social de la Nouvelle-Calédonie, lourdement affecté par les conséquences des exactions débutées en mai 2024. Des mesures de soutien à très court terme seront avancées au fil des rendez-vous PS2R.
2 Refonder le modèle calédonien
Tous les acteurs partagent le même constat. Avant le 13 mai, la situation en Nouvelle-Calédonie était déjà fragilisée. Et les émeutes ont rendues plus visibles les failles du modèle adopté ces trente dernières années. L'enjeu aujourd'hui est d'engager "un processus de transformation du modèle économique, social, sociétal et institutionnel".
Cette refondation devrait passer par des réformes d'ampleur. Les premiers axes de réflexion portent notamment sur la maîtrise des dépenses publiques. Mieux "contrôler l'attribution des aides", "rationaliser les moyens de l'administration", "multiplier les économies". Sans toutefois "creuser les inégalités d'accès aux services publics", précise une note de cadrage présentée lors de la première conférence PS2R.
À l'unisson, le gouvernement collégial ambitionne également d'enrayer les fractures sociétales et de repenser le "vivre-ensemble". Les leviers "identitaires, le dialogue interculturel, la transmission de notre histoire, la préservation du patrimoine commun, l’éducation et la gestion des risques liés au changement climatique sont autant de défis à relever", a énuméré le président Louis Mapou.
3 Reconstruire sur le long terme
Plus de sept cents entreprises ont été matériellement touchées par les émeutes. Les infrastructures à rebâtir sont nombreuses. Mais au delà de ces reconstructions dites prioritaires, le gouvernement voit plus loin.
Pour lui, il est question de poser dès à présent les jalons d'une nouvelle économie. Sortir de la dépendance au nickel, "une ressource naturelle non renouvelable et dont la transformation locale n'est pas rentable" en diversifiant les secteurs d'activités. L'un des paris est de miser sur les "initiatives à même de garantir la souveraineté alimentaire et énergétique du territoire".
Le PS2R sera examiné au Congrès prochainement, sans qu'une date n'ait encore été arrêtée. Avant cela, des rencontres entre toutes les parties prenantes seront organisées. Les prochaines auront lieu les lundi 21 et mardi 22 octobre. En définitive, le plan a vocation à être transmis à l'État dans le cadre de l'examen du projet de loi de finances 2025. 60 milliards de francs y sont en jeu.