Élection de Veylma Falaeo à la présidence du Congrès de la Nouvelle-Calédonie : quelles conséquences politiques ?

Veylma Faleo a été élue, ce jeudi 29 août 2024, à la présidence du Congrès de la Nouvelle-Calédonie.
Au perchoir depuis 2019, Roch Wamytan a perdu sa place au profit de l'élue de l'Eveil Océanien, jeudi dernier. De quoi mettre fin également à la majorité "océanienne" et créer une nouvelle dynamique alors que de grandes réformes sont attendues pour sortir de la crise actuelle.

Avec les voix des élus des groupes Loyalistes, Rassemblement et Calédonie ensemble jeudi dernier lors de l'élection à la présidence du Congrès de la Nouvelle-Calédonie, Veylma Falaeo, première femme à occuper la fonction, entame un mandat particulier. La question des réformes sera centrale, tout comme la recherche d'une majorité stable. L'élue de l'Eveil océanien plaide également pour un mandat court, trois mois seulement, soit le temps d'organiser les prochaines élections provinciales, en décembre.

Quelle majorité ?

Faut-il voir dans le soutien des Loyalistes, Rassemblement et Calédonie ensemble, une nouvelle majorité au Congrès ? Rien n’est moins sûr. Les élus non-indépendantistes se sont souvent opposés à l'Eveil océanien, notamment lors de la réforme du Ruamm. "Ce n'est pas parce que nous avons porté nos voix sur la candidature de Veylma Falaeo que nous partageons l'ensemble des idées politiques (de l'Eveil océanien), pose Virginie Ruffenach, présidente du groupe Rassemblement. Il faut faire des réformes, mais ces réformes ne doivent pas être l'occasion d'une augmentation des prélèvements obligatoires et des impôts."

Des votes texte par texte confirmés par l'Eveil océanien dans un communiqué publié au lendemain de l'élection de leur élue au perchoir. "Cette majorité n’existe pas et doit être bâtie avec les uns et les autres, car ce que les Calédoniens réclament aujourd’hui, c’est l’unité transpartisane pour éviter l’effondrement total de notre pays", peut-on lire dans ce communiqué.

De son côté, le groupe UC-FLNKS et Nationalistes confirme sa volonté de suivre cette voie. "Quand la présidence du Congrès était aux mains des loyalistes, cela ne nous a jamais empêchés de travailler, se défend Pierre-Chanel Tutugoro, président du groupe. Donc on continuera à formuler des propositions à notre niveau. Mais je rappelle que les réformes, c'est au niveau du gouvernement qu'elles sont travaillées." Gouvernement, lui, toujours à majorité indépendantiste.

>> À lire également : Pour quelles raisons les non indépendantistes ont-ils permis l'élection de Veylma Falaeo à la présidence du Congrès de la Nouvelle-Calédonie ?

Quel impact sur le gouvernement ? 

Dans les textes, cette nouvelle majorité a les moyens de rebattre les cartes de l'exécutif, via une motion de censure. Le congrès peut en effet la déposer et la mettre au vote par 20% des élus, soit 11 conseillers. L'assemblée la validerait ensuite avec une majorité absolue fixée à 28 voix, soit le nombre de bulletins obtenus par Veylma Falaeo jeudi.

Mais dans la pratique, cette censure n'est pas à l'ordre du jour si l'on en croit Nicolas Metzdorf. Sur notre antenne jeudi midi, l'élu de l'intergroupe Les Loyalistes rappelle que l'objectif premier du ralliement derrière l'Eveil océanien était avant tout un moyen d'éviter de faire élire Roch Wamytan, président sortant.

Décryptage des liens entre le Congrès de la Nouvelle-Calédonie et le Gouvernement avec Laurence Pourtau :

©nouvellecaledonie

Le "tout sauf Wamytan", un message pour Paris ?

Un ralliement derrière Veylma Falaeo pour faire battre le président sortant. Stratégie assumée par les élus non-indépendantistes. "On devait prendre une décision pour empêcher l'élection de Roch Wamytan, reconnaît Gil Brial, porte-parole de l'Intergroupe Les Loyalistes. Il n'était pas concevable qu'il continue à porter la voix des Calédoniens alors qu'il est incapable de condamner les exactions par respect de ceux qui ont perdu leur entreprise, ceux qui ont perdu leur emploi, leur maison, ceux qui sont séquestrés au mandat."

Veylma Falao, c'est aussi un nouveau style pour Philippe Dunoyer. "C'est quelqu'un qui est susceptible, par son caractère de porter un message transpartisan, explique l'élu Calédonie ensemble. Et je crois qu’ici, comme à Paris, sa voix va aider à la construction de cette nouvelle dynamique."

Quelle durée de mandat ?

Un mandat de trois mois, pas plus pour Veylma Falaeo. Dans le principe c'est vrai. Le texte de loi voté en début d'année par le parlement à Paris prévoit des élections provinciales au plus tard au 15 décembre prochain. Ce qui provoquerait la fin de cette mandature et le début d'une nouvelle avec un Congrès renouvelé.

Mais chez les non-indépendantistes, on se voit mal tenir une campagne et des élections. "Comme pour les élections législatives, c'est quand même un peu baroque d'aller demander aux Calédoniens de se concentrer sur un enjeu électoral, même si c'est bien sûr un enjeu très important, commente Philippe Dunoyer du groupe Calédonie ensemble. La priorité, c'est d'éviter l'écroulement de la maison Nouvelle-Calédonie, d'éviter la faillite des collectivités et soutenir les entreprises pour éviter qu'il n'y ait encore plus de personnes au chômage."